30 mai 2007

30 ans (je ne l’ai pas déjà fait ce titre ?)

Ah 30 ans, la trentaine, le drame de pas mal de jeunes adultes qui s’éveillent la bouche pâteuse, les cernes sous les yeux et le regard morne sur les doigts en se disant « Et merde… pas encore casé ». Et bien non ! Là il s’agit donc de célébrer, disons plutôt de rappeler… bon d’accord de constater que le premier Star Wars vient de fêter les 30 ans de sa première sortie dans les salles obscures en 1977. Quel choc ! Quelle révélation pour tous les fanatiques de science fiction, d’héroïsme, de romance… de… de bouses formatées pour le regard des adolescents boutonneux en manque de critères moraux. Un instant je reviens, je dois d’abord enfiler le casque antiémeute, prendre le bouclier transparent, la matraque et me mettre en position pour attendre l’assaut colérique des passionnés de la série de Georges Lucas.

Bon là je suis bel et bien engoncé dans ma combinaison molletonnée et je répète : STAR WARS C’est un truc pour attardés ! La première vague arrive, bave aux lèvres et hurlant que je suis un sacrilège, que la Force est supérieure à tout. Bon d’abord les fanatiques on va redescendre sur terre (et non sur Tataouine) et de vous rendre compte qu’il s’agit là d’un conte pour enfants et non d’une référence ultime du cinéma. Bon, j’accorde sans difficulté une palme aux effets spéciaux de belle qualité, à la limite je veux bien reconnaître une certaine richesse de l’intrigue, mais globalement, soyons honnêtes, c’est quoi le scénario ? « Les méchants de l’empire contre les gentils de l’Alliance et ça fait boum partout… »

Seconde charge, la première ayant cédée face à cette description un rien caricaturale. Derrière le premier rang arrive les purs et durs, les inconditionnels capables de citer de mémoire le nombre de méchants tués sur un plan séquence. Ils vocifèrent des « Et l’intrigue frère sœur ? Et l’amour de la princesse avec le bandit ? Et le fait que Luke soit le fils du méchant Vador ? » Purs mécanismes de théâtre : le méchant qui redevient gentil à la fin, l’amour de deux protagonistes de classes sociales différentes, ça sent presque le Vaudeville sauf qu’il manque un magot ou un squelette dans un placard. Bref, encore une fois pas de quoi fouetter un chat.

Je sens les premières hallebardes plantées dans ma défense, je résiste, me bat et cogne à tout rompre sur les zombies de la troisième garde, les fameux indéboulonnables, ceux qui se revendiquent d’être de la religion « La Force » et qui vont jusqu’à porter publiquement un nom construits par et pour Star Wars. « Les situations sont intéressantes, l’humour est présent sans trop en faire et des scènes d’émotion c’est pas ce qui manque bordel ! » Alors alors… émotion ou émo-Con ? Regardons un peu ce qui peut faire verser une larme : la mort d’un allié ? A part le nabot verdâtre et le père… certes ce sont des tournants mais ils restent tout de même un rien trop rares. Les scènes de retrouvailles ? Celle de la victoire finale passe à mes yeux pour une glorification de la valeur combative, et mine de rien les protagonistes gagnent sur de l’individualisme et des compétences personnelles. Toutes les autres scènes sont des faire valoir, les pilotes meurent et nul ne se souviendra d’eux. Dommage, moi qui croyait que les valeurs de la fameuse Alliance étaient celles de l’union des peuples et la force mise en commun ? Bon, on peut objecter qu’il s’agit là surtout d’une scène où l’on a un héros au cœur pur, l’archétype du bourré de bons sentiments, celui qui sauvera le monde sans en tirer quelque bénéfice que ce soit. Après tout c’est un schéma acceptable pour une belle histoire, pas pour en faire l’Histoire !

Je ne réclamerai pas grâce même sous les coups de la violence des fanatiques ! Que mon bouclier me protège… je suis submergé. Ils disent que je suis un hérétique, que je refuse de voir ce qui se passe derrière la pellicule et que je traite tout cela avec dédain. Mais bande de fous, c’est un divertissement bon sang, des films d’actions bien montés certes, riches en suspens à la limite, mais bordel c’est du cinoche pas un documentaire ! C’est ahurissant de constater à quel point le gogo peut se laisser embarquer avec facilité quand on lui permet de s’identifier aux héros : merchandising, objets en tout genre, séries limitées pour pousser au vice et à la consommation à des tarifs scandaleux, rediffusions diverses et variées… rien ne manque à l’arsenal de George Lucas pour faire ses adeptes des dépensiers à outrance. Et ensuite on me parlera de bons sentiments Star Wars…

Je succombe, j’avoue j’aime bien ces six films malgré leurs tares respectives. J’aime beaucoup ce spectacle enfantin où le scénario tient sur une carte postale et qui pourtant arrive à s’étirer sur plus de deux heures à chaque fois. Je suis même fasciné par la qualité générale du tournage, les acteurs étant pour le coup très corrects dans leurs rôles respectifs… Mais jamais je ne pourrai vouer un culte à ce cinématographe pop corn, nécessaire pour faire vivre le Cinéma mais sûrement pas d’une qualité suffisante pour revendiquer une place de films cultes….

Finalement, ne seraient-ils pas cultes pour la simple et bonne raison que ce furent les premiers dans ce style ? Tout s’explique, les révolutions ont un impact décuplé quand elles sont vraiment force d’innovation…

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