13 mars 2007

Prostate et vieilles querelles.

Si un jeu de dupe existe c’est qu’il a été monté pour que chaque partie puisse se cacher derrière la mirifique image de la sérénité et de l’honnêteté montée en étendard. J’adore ce concept qui mène chacun à savoir qu’il n’obtiendra pas satisfaction tout en savourant le fait que l’opposant lui non plus ne pourra pas obtenir gain de cause. De là je me suis demandé si l’âge pouvait entrer en ligne de compte dans ces calculs bassement politiques ou économiques. Le doute est permis tant il est vrai que la quantité de pouvoir ou de finance est proportionnelle aux décades accumulées en rides disgracieuses sur les traits de mes ascendants.

C’est tout de même étrange à quel point le décalage entre la péremption professionnelle et celle décisionnelle sont dissociées. Chacun sait qu’au-delà de la cinquantaine fringante le salarié devient « vieux » et même parfois « inapte au travail », tandis que son patron lui, septuagénaire rayonnant de ses dernières descentes à Megève est et restera symbole de réussite et de progrès ! Il est par conséquent douloureux de se dire que selon sa classe sociale (merci les communistes), ou bien son niveau financier (merci les capitalistes), le calendrier dicte des lois bien différentes.

Ne prêtons pas forcément une absurdité au raisonnement : il est vrai que l’expérience est forcément bonne conseillère bien qu’un grand penseur ait déclaré à raison que « l’expérience n’est qu’une lampe qu’on porte derrière soi pour éclairer le chemin parcouru » et non une façon de voir devant sans risquer les pièges que posent la Vie et le hasard. Il en va ainsi tant en politique que d’un point de vue purement social, à la seule exception de celui qui n’aura jamais eu le moindre poids dans son environnement, c'est-à-dire vous, moi, enfin la majorité besogneuse des nations de ce monde.

Bien que ces états de faits soient tous certains, comment ne pas rire et se moquer des extrêmes auxquels l’on se heurte chaque jour en ouvrant nos gazettes fraichement tirées des rotatives nocturnes ? observez donc le tremblement spasmodique des mains percluses d’arthrose, ces clignement frénétique dans les regards éteints des grands de ce monde, et jouissez au surplus des détails croustillants de l’ablation de la prostate du « petit jeune ». Est-ce que la position dans une hiérarchie conserve mieux qu’une vie passée à l’air de la campagne ? en toute franchise j’en viens à croire que l’exercice périlleux du pouvoir est en soi un véritable formol voire même un élixir de jouvence ! sidérante fringance du chef d’état de ses sept décennies bien sonnées, incroyable force physique pour bon nombre d’octogénaires dont l’avis vaut tous les nôtres. Stupéfiant, c’est bien le mot…

Seulement voilà, j’ai comme un doute, le doute corrosif de ma jeunesse qui sera curée au déroulement impitoyable des éphémérides, de ces hésitations à corroborer la viabilité du concept. N’a-t-on pas perdu un président pendant son mandat ? n’existe-t-il pas bon nombre d’exemples de génies devenus semoule périmée en pleine activité ? C’est un drame de devoir subir la vacance du pouvoir, bien qu’il m’arrive de me demander si ceux en poste ne sont pas finalement en RTT à longueur de journées. Bref, il n’est pas rassurant de sentir l’épée de Damoclès pendre au-dessus de ces têtes dégarnies qui ont nos existences entre leurs mains.

A mon grand étonnement (une fois de plus), je constate aussi que la rancœur n’a pas le même cycle de vie que les amours, Si l’amour sait mourir dignement, toute proportion gardée, le désir de vengeance lui s’affute lentement, un peu comme la lame sur la roue entre les mains d’un rémouleur méticuleux. Ne dresse t’on pas en exemple Tatie Danielle pour sa fourberie colérique et bileuse de vieille pie aigrie ? qui n’a pas connu cette personne d’âge canonique déversant à longueur de temps sa haine et ses frustrations ? nos dirigeants sont il à l’abri d’une telle dépravation morale ? le paravent de la culture et de l’éducation ne saurait toujours protéger les souhaits les plus vils d’anéantissement de l’adversaire si longtemps honni. Certains sont allés jusqu’à patienter des décennies pour prendre une vaine revanche et pour pouvoir sentir sous le séant le doux cuir Connolly du fauteuil si souvent brigué. On va s’insurger en prétendant que bon nombre d’entres eux sont honnêtes, je ris aux éclats ! Honnêtes ? éventuellement, si la définition de ce mot devenait « sincère pour soi et prêts à tout devant les autres ». A ce compte là je suis quelqu’un de parfaitement honnête en prétendant que je crois en l’égalité des chances dans notre système.

Enfin bref, entre le futur Alzheimer et le très avancé cancéreux, tous sont atteints des maux de tous les jours sous l’étiquette reluisante du costume à un SMIC la pompe. Au lieu de déifier ces gens qui sont finalement tout aussi incapables que nous de changer les choses (à moins de voter pour un révolutionnaire rouge…) alors qu’il suffit d’en imaginer un seul trônant sur sa porcelaine après un malencontreux excès culinaire.

Pour finir, espérons qu’un jour seule la valeur fera référence et non l’espérance de vie qui elle par contre est effectivement inversement proportionnelle aux pouvoirs pris en mains.

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