06 décembre 2006

Ecophobie

Ce néologisme étrange n’est pas anodin. Si je l’utilise ce n’est certes pas dans un refus obstiné de faire preuve de civisme pour la nature mais c’est essentiellement dans un esprit critique exacerbé que je le revendique haut et fort. Alors la contradiction est flagrante : d’un côté je prétends accepter de bonne grâce les petits gestes quotidiens pour préserver notre habitat « naturel » (si tant est que le béton soit une forme naturel d’habitat pour le vertébré décérébré que nous sommes tous) et de l’autre je clame ma haine féroce contre l’écologie au point d’en faire une phobie. Mais est-ce-que je parle réellement de l’écologie dans ses concepts fondateurs ?

L’humanité a pour particularité somme toute étrange d’utiliser son intelligence à ses dépends : pollution systématique de ses espaces de vie, destruction irréfléchie de ses ressources et pardessus le marché une fâcheuse tendance au nihilisme. De fait, s’entendre reprocher par ses con-frères son manque de respect pour mère nature a un petit quelque chose de savoureux. Bien sûr qu’il faut progresser, améliorer sans cesse notre relationnel avec la Terre, mais de là à s’entendre reprocher ce que soi même l’on ne fait pas, c’est de l’ordre de l’insulte ! les « verts » ont cette faculté d’occulter aisément les réalités quotidiennes au profit d’idéaux sympathiques mais anti pratiques au possible. Faisons un point (ou plusieurs pour permettre aux plus lents de suivre tout de même le raisonnement) sur les suggestions et les faits avérés.

Ecotaxe, et une idée saugrenue une ! qui va-t-on taxer ? les entreprises ? non, les consommateurs, vous et moi donc à hauteur d’une portion congrue de notre consommation dilettante. C’est joli, intéressant même mais dans l’absolu ne serait-il pas plus intelligent (insulte à ceux se disant géniaux) d’anticiper et d’exiger une fabrication plus rationnelle et réfléchie ? dosettes individuelles, emballages sur emballages au point d’en oublier le contenu au profit du contenant, qu’est ce qui empêcherait l’industrie de se contenter d’un minimum nécessaire au lieu d’en faire des tonnes (de déchets) ? si l’on prend le simple plat cuisiné, on touche en un instant au sublime de la bêtise : un carton sérigraphié (donc encres, vernis ; colle et bois), une barquette en plastique et/ou aluminium, le tout pour contenir environ 200 grammes de nourriture aseptisée. Splendide, on en a pour plus cher de matière première que de produit manufacturé et réellement ingérable par le client final. Dans la même démarche il y a de quoi frémir sur le contenu de nos poubelles tout de même : hystérie sur les cartonnages, folie des grandeurs de la multiplicité des formats de vente, hérésie des fameux sachets fraîcheur qui ne ferment plus au bout de la première utilisation. Si réduction de la pollution il y a cela passera par la mise à mort des emballages inutiles et difficiles à retraiter.

Les énergies alternatives, je ne demande que ça de se débarrasser de la puanteur du mazout, de l’infection nucléaire et enfin bannir le millénaire charbon fumeux de nos nécessités. Aujourd’hui des solutions sont proposées en vrac sans la moindre réflexion de fond, juste pour en valoriser la forme la plus simplette, histoire que les électeurs aient quelque chose à apprécier. Prenons l’éolienne. Qui en veut une près de chez lui ? personne bien entendu, ça enlaidit le paysage et génère une nuisance sonore, et c’est sans compter le rendement somme toute faible par unité… ceci engendrant la création de véritables forêts à hélices. Donc voilà : on veut se séparer du nucléaire mais pas question d’envahir notre « espace vital » de poteaux décamétriques surmontés de pales métalliques. Faudrait savoir les gars, la France n’est pas du genre à pouvoir s’étendre (sauf phénomène climatique ou géologique sans précédent) dans quelque direction que ce soit. Il est donc clair qu’on veut le beurre, l’argent du beurre (je vous laisse réciter le reste de la maxime). L’énergie hydraulique ? et les lacs artificiels en veut-on ? inutile de tergiverser plus longtemps, on n’a pas de solution à court terme sur ce thème.

Les thèmes sont nombreux au fond. A chaque nouvelle crise de nerf écologiste on peut systématiquement leur opposer un côté pragmatique qu’ils semblent laisser pendre au guidon de leurs vélos. Je constate simplement avec un agacement plus que profond que la plupart s’attaquent aux consommateurs au lieu de taper sur les producteurs. C’est tout de même effarant qu’on se rende compte qu’aujourd’hui que l’automobile utilise des dizaines de formes de plastiques différentes et que quasiment aucune d’elles peuvent se recycler en même temps : ABS, PP, PA, PVC, thermoformables, thermodurcissable, le panel est tel qu’il est pour ainsi dire impossible de recycler intégralement une voiture et c’est paradoxalement sur le portefeuille de l’acheteur qu’on va venir encore et encore taper.

L’écologie est une affaire non pas personnelle mais sociale et à faire fonctionner de manière mondiale et pas juste locale. Les exemples sont légions et rien n’incite vraiment à être respectueux de l’environnement sans toucher aux libertés fondamentales de l’économie de marché qui sont consommer et dépenser sans contrainte. Les petits gestes font les grandes causes parait il dans les publicités incitatives, mais j’aurais une flopée de questions pour les pourfendeurs du monde vert :
  • Dis Nicolas Hulot, ton ULM il marche à l’éco carburant ? et quand tu prends l’avion pour faire ton émission en Afrique, il tourne au colza ?
  • Dis madame Voynet ton logement tu le chauffes au solaire ou à l’électrique ?
  • Dites les verts, vos prospectus sont ils intégralement écologiquement acceptables ? l’encre est-elle propre, le papier 100% recyclé et la colle pour les affiches non toxique ?
  • Dites les dirigeants des verts, vous vous déplacez en voiture de fonction ou bien en transports en commun ?

Je suis vachard mais j’ai surtout horreur qu’on se foute de moi et par la même occasion du monde !

Ecolo oui mais pas n’importe comment !

Aucun commentaire: