Crédible sur la pellicule
J'aime le cinéma, mais d'un amour particulier, celui qu'on peut éprouver quand on regarde un animal particulièrement laid, au regard vitreux, qui tient plus de la serpillère mal essorée que du canon de sa race, mais qui vous rassure et qu'on adore malgré tout. C'est ainsi: j'ai cette tendresse pour le cinoche, ce cinéma soit de genre, soit tout simplement d'action, qu'on s'enquille avec le cerveau dans la poche et le popcorn encore collant de caramel entre les doigts. Il est là, s'étalant pleinement sur une toile gigantesque, vous agressant littéralement la rétine par ses effets et les tympans par ses détonations, mais sans pour autant solliciter votre intelligence ou votre bon sens. Le cinéma, c'est un divertissement, un art qui peut autant s'apparenter à un "sitôt vu, sitôt oublié" qu'à un "inoubliable moment de grâce". Entre les deux, il y a toute la diversité des œuvres, qu'elles soient prétentieuses ou juste ratées. Lesquels aimer alors? Difficile à dire pour faire une généralité, mais aisément définissables pour chacun d'entre nous.
Ce qui me fait systématiquement rire, c'est quand le film tente de me prendre par la main et de me filer des raccourcis stupides pour me faciliter la tâche. Ainsi, les films d'action ont le don de provoquer l'hilarité involontaire, car tant les situations que les ressorts scénaristiques prêtent aisément à rire. Les exemples sont si nombreux qu'il faudrait tout un livre (si ce n'est une encyclopédie) qu'on se doit d'éviter une énumération aussi fastidieuse que finalement inutile. Ceci dit, il y a les clichés classiques, les inévitables accessoires indispensables pour dédramatiser une situation, et surtout les abominations techniques qui tentent vainement de se camoufler dans le bordel ambiant d'une scène à gros budget.
Nombre de sites se sont déjà attaqués à cela, et je vous invite à chercher sur la toile pour vous faire une idée. Mais si l'on reste sur un pied technique, il y a déjà de quoi avoir quelques suées, voire même des moments de "Heu, là non les mecs, c'est un peu gros tout de même". Comme je l'ai dit précédemment, faire une liste serait bien trop fastidieux, mais en y repensant, quelques exemples sont toujours bons à prendre. Commençons par du très lourd, du visuel, bref du si énorme que n'importe quel être pourvu du minimum syndical de neurones peut faire sursauter: Die Hard 4.0. Ce film, à lui seul, est du pain béni pour l'esthète de la technique, car il pourra grogner à sa guise durant tout le déroulement du film. Pour qui n'a pas vu ce "nanar" succulent, je vous invite à vous envoyer cette chose avec des chips et des bières, puis de reprendre la lecture de ce texte avec à l'esprit ce que vous venez de visionner.
Allons-y cher public, amusons-nous!
Dès le départ, on voit qu'on tente d'assassiner des hackers en ayant posé des explosifs reliés à un clavier. Une touche particulière est supposée faire sauter la charge, et l'utilisateur avec. Alors, rien ne choque le spectateur? Pourtant, ça paraît être une évidence! Prenons un peu de quand, une pincée de pourquoi, avec une bonne dose de "Mais c'est stupide". Le quand se résume à "Quand ces cons ont-il pu matériellement poser la charge? Un hacker passe sa vie derrière un clavier, alors quand réussir à monter un piège aussi subtil?". Le pourquoi est encore pire "Pourquoi une touche, sachant que quasi toutes les touches sont utilisées quand on tape régulièrement sur un clavier". Absurde, sans intérêt, et donc juste bon pour le scénario et le côté esthétisé du piège. Un second bout de "pourquoi" peut s'en mêler: "Comment garantir que ce soit la cible qui sera assise derrière le clavier? Pourquoi ne pas le flinguer bêtement et méchamment?". Et pour le "C'est stupide: un hacker, c'est tout sauf un guerrier, un tireur d'exception ou juste un sportif. Un flingue et la question est entendue!".
Enchaînons un peu sur quelques scènes grandioses: il y a une poursuite assez grandiose dans un tunnel routier, où à son extrémité attend un hélicoptère. John, mon cher, NON on ne peut pas balancer un hélico contre un hélico, juste en le faisant prendre appui sur un bout de béton. J'attends de voir quiconque parvenir à faire cela, surtout dans le feu de l'action!". Bien sûr ça en jette, ça permet de lâcher la petite vanne bien sentie si chère aux héros amerloques, mais là, non, juste non et encore non. C'est con, stupide, visuellement léché mais parfaitement ridicule.
Une autre prise au hasard (désolé je ne respecte pas la temporalité du film, mais après tout on s'en fout): le jeune hacker que sauve puis protège notre John national tente un piratage et donc une connexion via un téléphone cellulaire… directement sur un satellite. Admettons que le téléphone soit réellement un appareil satellite (ce qui n'est hélas pas le cas), il est hautement improbable que quelques lignes tapées sur un appareil de ce genre puisse faire tomber les sécurités! Ridicule, mais encore une fois, ça en jette, c'est bien pour inquiéter Mme Michu qui va encore trembler concernant "l'internet des terroristes où l'on vous pique tout jusqu'à votre vie".
Ah oui, j'oubliais le principal: la liquidation. L'idée de fond du scénario est qu'une bande de pirates puisse faire tomber les infrastructures d'une nation en la piratant, et en sabotant donc les communications, le fonctionnement des réseaux téléphoniques, électriques, la signalisation dans les rues, ou encore mettre à genoux tous les systèmes bancaires. Soyons clairs: les réseaux sont certes interconnectés à outrance, mais il est techniquement impossible de tout prendre simultanément. Il n'est pas impossible de saboter les télécommunications, voire les paralyser, mais dans des pays aussi vastes que les USA, c'est de l'ordre de l'improbable. Au mieux cela pourrait mettre un peu de pagaille, mais pas une crise majeure sur tout l'état.
Dernier point, et là on est dans le domaine du comique tant la scène est ridicule: John, debout sur le dos d'un chasseur (oui oui, debout comme un surfeur sur sa planche en fibre de verre), et qui réussit à ne pas se vautrer et finir en steak tartare. Remarque importante: je suppose que le pilote est un abruti, car il lui suffirait de remonter en altitude, puis simplement de cabrer comme un bourrin pour voir son passager clandestin passer pardessus le bord. Meuh non, John est increvable, c'est connu!
Au final, il ne faut surtout pas prêter attention à de telles choses, sous peine de se gâcher l'expérience. Je suis plutôt bon public, voire même du genre à laisser glisser les énormités classiques de ce genre de cinéma: flingues à munitions illimitées, scènes esthétisées à outrance par les ralentis, duels finaux avec un chef increvable, explosions en pagaille, cris de guerre du héros… La liste s'allonge comme une queue devant un magasin d'état à Moscou en 1989. L'énormité de la chose passe parce qu'on a envie de se décérébrer. Mais, dites, faites un effort: on n'est plus à l'ère où les gens ne comprenaient rien. A force de fournir de l'information sur le net, d'avoir des sites qui relèvent les conneries de nos chers réalisateurs, tentez au moins de faire en sorte que cela reste un minimum crédible. Pour la SF, je suis encore plus patient, faute de connaissances en astronomie, ou plus prosaïquement parce qu'il faut des raccourcis techniques pour permettre à l'histoire d'avancer (voyages au-delà de la vitesse de la lumière, bruits dans le vide spatial…).
J'aime le cinéma, pas qu'on me prenne pour un con… sauf si le film est là pour avoir comme seule prétention de me distraire, ce qui est déjà un exploit en soi. Un bon film d'action, c'est marrant, son scénario tient sur un timbre-poste, c'est tout sauf crédible, mais on s'en fout puisqu'on s'amuse! Arrêtons de les vilipender sous prétexte que le cinéma est un art où l'intellect doit se développer. Foutaises: le cinéma est une industrie, qui peut livrer des produits bien finis, des œuvres complexes et nécessitant de réfléchir, comme des bons gros navets produits à grands frais et dont on ne retiendra que l'essence faisandée, celle où la caméra prend trop le spectateur pour un con. Alors, Hollywood, fais l'effort et produis donc des choses qui font rire, mais pas à tes dépens!
Ce qui me fait systématiquement rire, c'est quand le film tente de me prendre par la main et de me filer des raccourcis stupides pour me faciliter la tâche. Ainsi, les films d'action ont le don de provoquer l'hilarité involontaire, car tant les situations que les ressorts scénaristiques prêtent aisément à rire. Les exemples sont si nombreux qu'il faudrait tout un livre (si ce n'est une encyclopédie) qu'on se doit d'éviter une énumération aussi fastidieuse que finalement inutile. Ceci dit, il y a les clichés classiques, les inévitables accessoires indispensables pour dédramatiser une situation, et surtout les abominations techniques qui tentent vainement de se camoufler dans le bordel ambiant d'une scène à gros budget.
Nombre de sites se sont déjà attaqués à cela, et je vous invite à chercher sur la toile pour vous faire une idée. Mais si l'on reste sur un pied technique, il y a déjà de quoi avoir quelques suées, voire même des moments de "Heu, là non les mecs, c'est un peu gros tout de même". Comme je l'ai dit précédemment, faire une liste serait bien trop fastidieux, mais en y repensant, quelques exemples sont toujours bons à prendre. Commençons par du très lourd, du visuel, bref du si énorme que n'importe quel être pourvu du minimum syndical de neurones peut faire sursauter: Die Hard 4.0. Ce film, à lui seul, est du pain béni pour l'esthète de la technique, car il pourra grogner à sa guise durant tout le déroulement du film. Pour qui n'a pas vu ce "nanar" succulent, je vous invite à vous envoyer cette chose avec des chips et des bières, puis de reprendre la lecture de ce texte avec à l'esprit ce que vous venez de visionner.
Allons-y cher public, amusons-nous!
Dès le départ, on voit qu'on tente d'assassiner des hackers en ayant posé des explosifs reliés à un clavier. Une touche particulière est supposée faire sauter la charge, et l'utilisateur avec. Alors, rien ne choque le spectateur? Pourtant, ça paraît être une évidence! Prenons un peu de quand, une pincée de pourquoi, avec une bonne dose de "Mais c'est stupide". Le quand se résume à "Quand ces cons ont-il pu matériellement poser la charge? Un hacker passe sa vie derrière un clavier, alors quand réussir à monter un piège aussi subtil?". Le pourquoi est encore pire "Pourquoi une touche, sachant que quasi toutes les touches sont utilisées quand on tape régulièrement sur un clavier". Absurde, sans intérêt, et donc juste bon pour le scénario et le côté esthétisé du piège. Un second bout de "pourquoi" peut s'en mêler: "Comment garantir que ce soit la cible qui sera assise derrière le clavier? Pourquoi ne pas le flinguer bêtement et méchamment?". Et pour le "C'est stupide: un hacker, c'est tout sauf un guerrier, un tireur d'exception ou juste un sportif. Un flingue et la question est entendue!".
Enchaînons un peu sur quelques scènes grandioses: il y a une poursuite assez grandiose dans un tunnel routier, où à son extrémité attend un hélicoptère. John, mon cher, NON on ne peut pas balancer un hélico contre un hélico, juste en le faisant prendre appui sur un bout de béton. J'attends de voir quiconque parvenir à faire cela, surtout dans le feu de l'action!". Bien sûr ça en jette, ça permet de lâcher la petite vanne bien sentie si chère aux héros amerloques, mais là, non, juste non et encore non. C'est con, stupide, visuellement léché mais parfaitement ridicule.
Une autre prise au hasard (désolé je ne respecte pas la temporalité du film, mais après tout on s'en fout): le jeune hacker que sauve puis protège notre John national tente un piratage et donc une connexion via un téléphone cellulaire… directement sur un satellite. Admettons que le téléphone soit réellement un appareil satellite (ce qui n'est hélas pas le cas), il est hautement improbable que quelques lignes tapées sur un appareil de ce genre puisse faire tomber les sécurités! Ridicule, mais encore une fois, ça en jette, c'est bien pour inquiéter Mme Michu qui va encore trembler concernant "l'internet des terroristes où l'on vous pique tout jusqu'à votre vie".
Ah oui, j'oubliais le principal: la liquidation. L'idée de fond du scénario est qu'une bande de pirates puisse faire tomber les infrastructures d'une nation en la piratant, et en sabotant donc les communications, le fonctionnement des réseaux téléphoniques, électriques, la signalisation dans les rues, ou encore mettre à genoux tous les systèmes bancaires. Soyons clairs: les réseaux sont certes interconnectés à outrance, mais il est techniquement impossible de tout prendre simultanément. Il n'est pas impossible de saboter les télécommunications, voire les paralyser, mais dans des pays aussi vastes que les USA, c'est de l'ordre de l'improbable. Au mieux cela pourrait mettre un peu de pagaille, mais pas une crise majeure sur tout l'état.
Dernier point, et là on est dans le domaine du comique tant la scène est ridicule: John, debout sur le dos d'un chasseur (oui oui, debout comme un surfeur sur sa planche en fibre de verre), et qui réussit à ne pas se vautrer et finir en steak tartare. Remarque importante: je suppose que le pilote est un abruti, car il lui suffirait de remonter en altitude, puis simplement de cabrer comme un bourrin pour voir son passager clandestin passer pardessus le bord. Meuh non, John est increvable, c'est connu!
Au final, il ne faut surtout pas prêter attention à de telles choses, sous peine de se gâcher l'expérience. Je suis plutôt bon public, voire même du genre à laisser glisser les énormités classiques de ce genre de cinéma: flingues à munitions illimitées, scènes esthétisées à outrance par les ralentis, duels finaux avec un chef increvable, explosions en pagaille, cris de guerre du héros… La liste s'allonge comme une queue devant un magasin d'état à Moscou en 1989. L'énormité de la chose passe parce qu'on a envie de se décérébrer. Mais, dites, faites un effort: on n'est plus à l'ère où les gens ne comprenaient rien. A force de fournir de l'information sur le net, d'avoir des sites qui relèvent les conneries de nos chers réalisateurs, tentez au moins de faire en sorte que cela reste un minimum crédible. Pour la SF, je suis encore plus patient, faute de connaissances en astronomie, ou plus prosaïquement parce qu'il faut des raccourcis techniques pour permettre à l'histoire d'avancer (voyages au-delà de la vitesse de la lumière, bruits dans le vide spatial…).
J'aime le cinéma, pas qu'on me prenne pour un con… sauf si le film est là pour avoir comme seule prétention de me distraire, ce qui est déjà un exploit en soi. Un bon film d'action, c'est marrant, son scénario tient sur un timbre-poste, c'est tout sauf crédible, mais on s'en fout puisqu'on s'amuse! Arrêtons de les vilipender sous prétexte que le cinéma est un art où l'intellect doit se développer. Foutaises: le cinéma est une industrie, qui peut livrer des produits bien finis, des œuvres complexes et nécessitant de réfléchir, comme des bons gros navets produits à grands frais et dont on ne retiendra que l'essence faisandée, celle où la caméra prend trop le spectateur pour un con. Alors, Hollywood, fais l'effort et produis donc des choses qui font rire, mais pas à tes dépens!
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