10 novembre 2014

25 ans déjà

9 Novembre 1989… Les murs tombent, les choses changent, et pourtant, je regarde le monde et je ne vois pas de si grandes différences. Après tout, malgré l'effondrement du bloc Soviétique, après la fin du mur de Berlin, après l'apparition des démocraties dans les pays à l'étoile rouge, il reste encore et toujours des mécanismes politiques et économiques qui, selon moi, ne font que maintenir une forme d'esclavage moderne. Vous doutez de cette assertion? Vous mettez en doute le principe même que les équilibres mondiaux n'ont en rien évolués? Soyez honnêtes, comparez le monde du temps de Gorbatchev et d'aujourd'hui, mettez en perspective les Balkans d'hier et d'aujourd'hui, puis, enfin, dites-moi honnêtement si le monde a réellement été dans la bonne direction.

Prenons quelques thématiques assez simples. Commençons par l'armement qui, selon moi, est la première cause de terreur pour l'humanité. Hier encore, les grandes puissances se disputaient le pouvoir à coups de menaces via un parapluie nucléaire. Bien entendu, cette crainte latente et perpétuelle avait générée la fameuse guerre froide. Cependant, quoi qu'on en dise, cela maintenait des armes de destruction massive entre des mains précises, identifiées, ce qui en soi offrait tout de même une forme d'équilibre. Aujourd'hui? Avec la prolifération nucléaire (Inde, Pakistan, Israël…), et l'effondrement de l'URSS ayant probablement mené à la vente d'armes atomiques à dieu-sait-qui, force est de constater qu'au lieu d'avoir un ciel obscurci par des oiseaux de mauvais augure, nous avons à présent ces mêmes oiseaux, qui se font malmener par des nations comme l'Iran par exemple. Doit-on leur interdire le nucléaire pour autant? Le nucléaire est une source de production électrique pour le civil, et de mort pour le militaire. Comment choisir? Auparavant, le poids des deux blocs est et ouest offrait une forme de contrainte tacite sur les décisions des autres "petites" nations. Dorénavant, nous devrons compter avec des combats frontaliers, une Corée du nord disposant de missiles à longue portée, ou encore des pays dirigés par des extrémistes susceptibles d'utiliser la force nucléaire sans la moindre hésitation ou scrupule. Un progrès? Pour certaines nations, oui, pour d'autres, cela n'a fait qu'empirer les choses.

Allons au second point, et regardons avec sincérité le statut des pays issus de la fin du communisme soviétique. Que dire de ces pays, si ce n'est que d'esclaves satellites à l'URSS ils sont devenus ceux de l'UE ou des USA? Vous doutez? Réfléchissez-y: la production locale (agricole notamment) était destinée au grand frère rouge, maintenant il nous est expédié dans des conditions tout aussi malhonnêtes. Ce n'est pas pour rien que nos industriels produisent de la viande en Pologne, des cornichons en Roumanie… C'est pour les mêmes raisons que l'URSS avait ces mêmes pays sous sa coupe: la productivité. Nous nous sommes lancés dans une politique où les colonies d'aujourd'hui sont finalement plus proches et plus rentables que celles d'hier! Aussi absurde que cela paraisse, nous prétendons jouer une carte démocratique avec l'UE, alors qu'elle sert avant tout de levier économique pour procéder à un véritable chantage. Nul doute que la crise mondiale a enrayé le broyeur financier pour un temps, mais que ces nations n'émergeront pas grâce à nous. En effet, aucune chance que la Roumanie, la Bulgarie, ou même les républiques issues de la Yougoslavie s'enrichissent réellement grâce à nous. Pourquoi? Parce qu'il ne faut pas escompter de l'Europe qu'elle accepte de donner un essor à ces nations, si ce n'est sous la forme de potager ou de grange. Prenons Dacia: pourquoi produire là-bas, si ce n'est à bas coût, pour inonder le marché d'une voiture à faible marge, mais également à faible coût de production? Il n'y a pas là une démarche d'enrichissement local, mais d'enrichissement de la société mère! Donc, esclaves des rouges hier, esclaves des étoiles blanches aujourd'hui.

Continuons sur un troisième point tout aussi ahurissant: l'ennemi. Contrairement à l'idée reçue déclarant que l'ennemi a une barbe et psalmodie en arabe, le véritable ennemi est le mécanisme qui se cherche une cible à pointer du doigt en cas de problème. Quel est le problème? Ouvrons les yeux: les guerres contre le Moyen-Orient sont apparues dans la foulée de la fin de l'ère soviétique! Mais pourquoi? Parce que la présence de l'URSS, cliente avec le pacte de Varsovie, freinait nettement toute velléité de déstabilisation de la région. Une fois le spectre rouge envolé, les USA et l'UE se sont empressés de profiter de cette absence pour tenter un coup de force. L'attaque sur l'Irak avait pour but premier de rappeler à l'OPEP que ces deux groupes avaient les moyens de peser militairement sur la région, voire même de briser les reins à tout pays s'opposant à eux. De là, toutes les crises ultérieures se sont bâties sur des fondations coulées durant la guerre froide: faire s'écrouler l'état, voir une dictature s'installer, puis au final tenter de l'annihiler. Irak, Iran, Lybie… Les exemples sont assez parlants? Le problème est l'inconséquence crasse des décideurs: ils voyaient dans les despotes une seule voix pour les diriger tous, or ce fut strictement le contraire, car ce même despote ne voyait aucune raison de partager ni son pétrole, ni son pouvoir. C'est la même méthode qui a été tentée dans les pays sud-américains, soit avec des réussites honteuses (la mort d'Allende par exemple), ou des échecs cuisants (la persistance entêtée de Chavez face aux USA). On a vendu les "arabes" comme étant l'ennemi, alors que l'on s'est construit nous-mêmes les ennemis en question! A force de vouloir pressurer ces nations, à vouloir également les mettre en échec afin de les exploiter, les voix les plus radicales se sont retournées contre nous. Et l'on s'étonne du naufrage de la région?

Enfin, il y a une dernière chose tout aussi folle qu'inévitable: malgré notre crédulité, notre capacité à croire que la liberté et la démocratie progressent, nous avons bâtis et légitimés des prisons numériques. Hier, on nous espionnait. Aujourd'hui, nous livrons nos vies sur un plateau de bits et d'octets. Vous pensez que j'exagère? Regardons-nous dans le fond des pixels (comme dirait l'autre): nous sommes inconséquents, nous n'éprouvons pas de méfiance face aux tarentules du net… qui sont, finalement, les premiers à fournir nos vies aux gouvernants du monde entier. Liberté? Celle de se taire. Egalité? Face à quoi? Fraternité… On connaît la capacité de l'homme pour ce qui est de sa générosité et de son absence de xénophobie.

A bon entendeur… à dans 25 ans pour une nouvelle comparaison!

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