Se prendre un râteau
Non, je ne parle pas du piètre séducteur qui s'étale lamentablement face à une femme lui renvoyant ses avances en pleine pomme, je parle clairement de la situation politique actuelle où notre président apprend à ses dépends qu'il faut se méfier de tout le monde. En effet, dans l'euphorie dangereuse d'une attaque ciblée contre la Syrie (dont j'ai déjà fait mes choux gras), notre président a perdu de vue que les USA pouvaient, et ce à tout moment, revenir en arrière sur la décision de sortir l'artillerie. Obama, dans sa grande prudence, prend donc le temps de réfléchir, de s'assurer qu'il y a vraiment une raison "déontologique" d'intervenir, et par conséquent de laisser seul la France dans sa vindicte contre le régime Syrien. Pourquoi dis-je "seul"? Jusqu'à présent, le Royaume-Uni, dans un rôle de laquais servile des USA, suivait ces derniers dans toute action militaire susceptible de redorer le blason de la perfide Albion. Or, force est de constater que le premier ministre Anglais a été désavoué par le parlement, et que par conséquent le serviteur n'ira pas balancer sur surplus de bombes sur l'état en guerre civile.
Un râteau? Si l'on prend le gag classique de BD avec un type qui erre dans le jardin, et se prend le manche dudit outil en pleine poire, là on est déjà plus proche de la situation de la France. Regardez donc: les USA hésitent, les Anglais se déballonnent, et les doutes que j'émets viennent faire dire à tous les autres associés de l'ONU "hééé, on n'est pas des dingues! Bush nous a déjà fait le coup, on va pas rempiler!". Que la France est isolée, que la France est sonnée par le choc du râteau venant s'écraser en plein sur le tarin! Alors, certes, nombre de voix s'élèvent contre l'horreur de cette guerre, en revendiquant l'urgence de gérer cette crise. Bien-pensants de tous les bords, fermez la et regardez donc un instant ce qu'il se passe là-bas! Je suis le premier à penser qu'on ne doit pas laisser le monde s'autodétruire, et que l'ONU devrait jouer un rôle prépondérant pour préserver des vies humaines... Mais pas n'importe comment, et surtout en choisissant clairement son camp. Qu'on ne me parle surtout plus jamais des casques bleus, pauvres soldats condamnés à jouer les arbitres impuissants entre des factions se mettant joyeusement sur la tronche. "Force d'interposition". Allons bon, donnez un fusil à un soldat, interdisez lui de tirer sauf pour se protéger lui-même, et laissez le faire sa tournée des charniers, vous aurez l'archétype de "l'interposition". D'ailleurs, notez enfin que l'ONU ne le fait plus depuis l'échec lamentable de la Bosnie...
Clairement, Hollande a crû, de bonne foi je pense, que le monde irait dans le sens de l'intervention. Ce que je soupçonne, c'est que la réussite au Mali et l'action en Lybie lui ont donné un excès de confiance dans l'usage de l'armée contre les despotes. Cependant, le bilan est potable au Mali, et désastreux en Lybie. Il serait alors sage d'épargner à nos troupes une action non seulement difficile à mettre en place (cf ce que j'ai déjà expliqué), mais en plus potentiellement très risquée. Quand on s'attaque à des miliciens, c'est autrement plus simple que d'affronter une armée potentiellement équipée d'un armement efficace pour riposter. Une milice a la mitraillette en bandoulière, une troupe régulière peut prétendre avoir des missiles dans son arsenal.. et ça ne se gère pas de la même manière, loin s'en faut.
De cette situation bancale de notre pays, j'ai deux conclusions temporaires à tirer. La première est que j'ai le pressentiment que cette action a pour but de rappeler au monde que la France existe à l'international, plus que pour aider les civils. La seconde, plus inquiétante, sous-entend que notre expertise est douteuse concernant les conflits dans le monde. Pourquoi? Je reste très sceptique face aux preuves revendiquées contre le régime Syrien. VGE (que pourtant je ne considère pas comme un géant de la politique) a eu une réponse très intéressante dans une interview sur Europe 1: "Pourquoi El-Assad irait attaquer à l'arme chimique? Il sait pourtant que ce serait le meilleur moyen d'encourager les USA à intervenir... Or c'est tout le contraire qu'il souhaite". Excellente analyse Monsieur le Président. C'est même ce que je demande: pourquoi tendre le bâton pour se faire battre? Je reste donc plus que prudent, pour ne pas dire carrément suspicieux face à ce qu'on va nous vendre comme soupe médiatique. On disait bien que Hussein construisait des bombes atomiques... foutaises bien entendu. Ca n'a pas empêché qu'on lui a refait la tronche, qu'on l'a déboulonné, et qu'on a aujourd'hui l'Irak comme exemple type du "ce qu'il ne faut surtout pas faire" dans un pays dont on a fait tomber la dictature en place.
Une issue politique? J'en doute fortement. Je ne crois pas que El-Assad ira s'asseoir à une table des négociations, surtout qu'il faudra identifier avec qui négocier. De plus, les dits opposants, étant constitués de tout sauf de gens déterminés à obtenir la démocratie, eux non plus n'iront pas poser leurs fesses autour d'une table. Ils ont tous à perdre quelque-chose s'il y a une négociation sous tutelle de l'ONU. Typiquement?
- Si El-Assad vient, on lui demandera de changer son régime, donc de perdre du pouvoir, voire même de tomber pour que le pouvoir soit repris (soupir) par "le peuple".
- Si les rebelles viennent, alors eux aussi on exigera d'eux une organisation, donc d'identifier un ou plusieurs meneurs. Or, on ne peut pas en identifier un seul, mais plutôt des groupes plus dignes de systèmes tribaux que d'une véritable organisation hiérarchisée à grande échelle. Il n'y a pas de commandant Massoud en Syrie, et lui-même n'avait pas l'ambition de diriger la nation (du moins, c'est ce qu'on me vend... après dans les faits, je n'en sais rien finalement. Après tout, l'ambition peut dévorer n'importe qui).
Pour finir? Seuls les Russes tiennent une conduite qui, bien qu'ignoble moralement, est crédible et indispensable: on ne se mêle pas quand on ne peut décemment pas identifier qui a tort.
Un râteau? Si l'on prend le gag classique de BD avec un type qui erre dans le jardin, et se prend le manche dudit outil en pleine poire, là on est déjà plus proche de la situation de la France. Regardez donc: les USA hésitent, les Anglais se déballonnent, et les doutes que j'émets viennent faire dire à tous les autres associés de l'ONU "hééé, on n'est pas des dingues! Bush nous a déjà fait le coup, on va pas rempiler!". Que la France est isolée, que la France est sonnée par le choc du râteau venant s'écraser en plein sur le tarin! Alors, certes, nombre de voix s'élèvent contre l'horreur de cette guerre, en revendiquant l'urgence de gérer cette crise. Bien-pensants de tous les bords, fermez la et regardez donc un instant ce qu'il se passe là-bas! Je suis le premier à penser qu'on ne doit pas laisser le monde s'autodétruire, et que l'ONU devrait jouer un rôle prépondérant pour préserver des vies humaines... Mais pas n'importe comment, et surtout en choisissant clairement son camp. Qu'on ne me parle surtout plus jamais des casques bleus, pauvres soldats condamnés à jouer les arbitres impuissants entre des factions se mettant joyeusement sur la tronche. "Force d'interposition". Allons bon, donnez un fusil à un soldat, interdisez lui de tirer sauf pour se protéger lui-même, et laissez le faire sa tournée des charniers, vous aurez l'archétype de "l'interposition". D'ailleurs, notez enfin que l'ONU ne le fait plus depuis l'échec lamentable de la Bosnie...
Clairement, Hollande a crû, de bonne foi je pense, que le monde irait dans le sens de l'intervention. Ce que je soupçonne, c'est que la réussite au Mali et l'action en Lybie lui ont donné un excès de confiance dans l'usage de l'armée contre les despotes. Cependant, le bilan est potable au Mali, et désastreux en Lybie. Il serait alors sage d'épargner à nos troupes une action non seulement difficile à mettre en place (cf ce que j'ai déjà expliqué), mais en plus potentiellement très risquée. Quand on s'attaque à des miliciens, c'est autrement plus simple que d'affronter une armée potentiellement équipée d'un armement efficace pour riposter. Une milice a la mitraillette en bandoulière, une troupe régulière peut prétendre avoir des missiles dans son arsenal.. et ça ne se gère pas de la même manière, loin s'en faut.
De cette situation bancale de notre pays, j'ai deux conclusions temporaires à tirer. La première est que j'ai le pressentiment que cette action a pour but de rappeler au monde que la France existe à l'international, plus que pour aider les civils. La seconde, plus inquiétante, sous-entend que notre expertise est douteuse concernant les conflits dans le monde. Pourquoi? Je reste très sceptique face aux preuves revendiquées contre le régime Syrien. VGE (que pourtant je ne considère pas comme un géant de la politique) a eu une réponse très intéressante dans une interview sur Europe 1: "Pourquoi El-Assad irait attaquer à l'arme chimique? Il sait pourtant que ce serait le meilleur moyen d'encourager les USA à intervenir... Or c'est tout le contraire qu'il souhaite". Excellente analyse Monsieur le Président. C'est même ce que je demande: pourquoi tendre le bâton pour se faire battre? Je reste donc plus que prudent, pour ne pas dire carrément suspicieux face à ce qu'on va nous vendre comme soupe médiatique. On disait bien que Hussein construisait des bombes atomiques... foutaises bien entendu. Ca n'a pas empêché qu'on lui a refait la tronche, qu'on l'a déboulonné, et qu'on a aujourd'hui l'Irak comme exemple type du "ce qu'il ne faut surtout pas faire" dans un pays dont on a fait tomber la dictature en place.
Une issue politique? J'en doute fortement. Je ne crois pas que El-Assad ira s'asseoir à une table des négociations, surtout qu'il faudra identifier avec qui négocier. De plus, les dits opposants, étant constitués de tout sauf de gens déterminés à obtenir la démocratie, eux non plus n'iront pas poser leurs fesses autour d'une table. Ils ont tous à perdre quelque-chose s'il y a une négociation sous tutelle de l'ONU. Typiquement?
- Si El-Assad vient, on lui demandera de changer son régime, donc de perdre du pouvoir, voire même de tomber pour que le pouvoir soit repris (soupir) par "le peuple".
- Si les rebelles viennent, alors eux aussi on exigera d'eux une organisation, donc d'identifier un ou plusieurs meneurs. Or, on ne peut pas en identifier un seul, mais plutôt des groupes plus dignes de systèmes tribaux que d'une véritable organisation hiérarchisée à grande échelle. Il n'y a pas de commandant Massoud en Syrie, et lui-même n'avait pas l'ambition de diriger la nation (du moins, c'est ce qu'on me vend... après dans les faits, je n'en sais rien finalement. Après tout, l'ambition peut dévorer n'importe qui).
Pour finir? Seuls les Russes tiennent une conduite qui, bien qu'ignoble moralement, est crédible et indispensable: on ne se mêle pas quand on ne peut décemment pas identifier qui a tort.
2 commentaires:
La position des Russes en faveur d'Assad est surtout due au fait qu'il possède une base navale à Tartous.
Ca n'est qu'une seule composante du problème... même si effectivement cela fait partie des "intérêts" Russes dans la région.
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