Dans le genre "c'est facile de critiquer"
Je voudrais la CGT. N'allez surtout pas hurler que je dénigre le syndicat en question, c'est tout au contraire son image que je critique, celle qui est actuellement balancée dans les médias pour leur faire porter la culpabilité de bien des problèmes, et notamment la fermeture de l'usine Good Year d'Amiens. Chouette, me disais-je en lisant les brèves concernant la fermeture de l'usine et les tentatives désespérées des salariés de la sauver, on va avoir du sang, du sport, des larmes, et peut-être même quelque chose de signifiant sur l'attitude arrogante des grosses entreprises à l'encontre des prolos. Erreur. Et qu'on colle la responsabilité des échecs tant sur le patron que sur le syndicat! C'est énorme, pour ne pas dire totalement absurde. Ca ne manque pas de sel quand même: si le patron et le syndiqué sont dans le même sac, qui protège l'employé? Y a un truc qui me chiffonne, pas vous?
Amiens et la CGT montrée du doigt, sur liberation.fr
Bon. Reprenons un peu ce qui est dit. On dit que l'entreprise a voulu revoir le rythme de travail, geler les salaires, et même écrémer l'effectif pour plus de rentabilité (ou du moins éviter les pertes), et que la CGT s'est refusée aux concessions, ce qui a mené à l'échec de la restructuration, donc à la faillite de l'usine. Ah. Admettons.... En fait non, je ne peux pas admettre cela, d'autant moins qu'on doit déjà s'interroger sur la gestion initiale de l'entreprise. C'est si simple de dire "ces cons de prolos ne veulent pas qu'on les exploite plus, foutons les dehors", au lieu de se dire "et si l'on réduisait déjà un peu nos marges pour les redistribuer, ou alors en réfléchissant réellement sur une meilleure organisation de l'outil de production?". A lancer ce genre de discours médisant sur les syndicats, c'est ce qui pousse le salarié moyen à ne pas leur faire confiance;.. et donc, par voie de conséquence, à ne pas avoir de représentation face au patronat. Et c'est en ça que nous sommes aujourd'hui complètement à la merci de quelques grosses structures aux méthodes plus proches de la mafia que de l'employeur.
Je ne dis pas que la CGT est un syndicat excellent, transparent, de qualité. Je ne dis pas plus qu'il y a un meilleur syndicat qu'un autre. Ce que je dis, en substance, c'est qu'au lieu de prétendre à coller des conséquences sur une seule chose, au lieu d'en regarder toutes les causes, c'est accepter de porter les oeillères qui arrangent bel et bien un petit nombre. Oui, la CGT a refusé certains plans reconsidérant les conditions de travail; oui, elle s'est battue pour éviter les licenciements, et surtout pour s'assurer, lors de plans de restructuration, que le repreneur allait bel et bien faire un boulot digne de ce nom avec ses futurs salariés. Est-ce scandaleux? Idiot? Inadapté? C'est tellement plus simple de dire que la CGT a tout bloqué, au lieu de se demander si tout était réellement acceptable. J'ai en horreur les raisonnements simplistes et à vertu de propagande, d'autant plus quand ils mettent en cause des gens qui se bougent pour leurs collègues.
Là où je peux néanmoins approuver certains propos, c'est que nombre de syndicats sclérosent littéralement leur propre rôle. En effet, en se cantonnant à pourrir l'existence des patrons, un syndicat ne fait que pousser ceux-ci à ne plus composer avec eux, à ne plus avoir une oreille attentive à ce que pourrait proposer les dits syndicats. Pierre et le loup... à force de gueuler "on ne veut pas ça", le jour où il y a une décision difficile à prendre, on ne pose plus la question en se disant "de toute façon ils vont dire non". C'est là où je peux éventuellement rejoindre les critiques faites à l'encontre des syndicats français. Le dogmatisme, l'emprisonnement dans une logique d'affrontement ne mène généralement qu'à l'échec. Pire: quand on prône la grève comme outil systématique de pression, on n'obtient guère que des remous... Mais rarement la vague nécessaire pour balayer les conflits.
Je vous invite tous à vous demander qui, au quotidien, peut prendre fait et cause pour les employés. Individuellement, nous ne pesons que notre propre opinion. Les syndicats furent longtemps interdits parce qu'ils menaçaient littéralement l'hégémonie de la bourgeoisie dirigeante. Maintenant que nous avons un outil de parole, nous le dévoyons en oubliant que, justement, être syndiqué sous-entend avant tout communiquer avec le patron, mais aussi avec la "base". Maintenant, j'espère que le site d'Amiens ne sera pas réduit à néant comme tant d'industries en France. C'est dommage. Triste même. Mais pour autant, la CGT aurait dû accepter n'importe quoi pour repousser l'échéance? Non. Je ne crois pas qu'on peut tout encaisser pour un simple report d'échéance. Six mois de gagnés? Un an? Deux peut-être? C'est tout sauf une perspective, surtout en imaginant que l'inéluctable finit par de produire. Que dira-t-on au dit syndicat? "VOUS, oui VOUS avez accepté ce marché de dupe! On s'est fait rouler, et maintenant qu'on a été pressurés, on est quand même virés!". Hé oui: l'homme est misérable quand il est aculé par la misère et la peur du lendemain. Donc, messieurs les journaleux, évitons de donner le mauvais rôle aux syndicats, et à ceux-ci, faites l'effort de négocier au lieu de jouer les empêcheurs de produire en rond.
Amiens et la CGT montrée du doigt, sur liberation.fr
Bon. Reprenons un peu ce qui est dit. On dit que l'entreprise a voulu revoir le rythme de travail, geler les salaires, et même écrémer l'effectif pour plus de rentabilité (ou du moins éviter les pertes), et que la CGT s'est refusée aux concessions, ce qui a mené à l'échec de la restructuration, donc à la faillite de l'usine. Ah. Admettons.... En fait non, je ne peux pas admettre cela, d'autant moins qu'on doit déjà s'interroger sur la gestion initiale de l'entreprise. C'est si simple de dire "ces cons de prolos ne veulent pas qu'on les exploite plus, foutons les dehors", au lieu de se dire "et si l'on réduisait déjà un peu nos marges pour les redistribuer, ou alors en réfléchissant réellement sur une meilleure organisation de l'outil de production?". A lancer ce genre de discours médisant sur les syndicats, c'est ce qui pousse le salarié moyen à ne pas leur faire confiance;.. et donc, par voie de conséquence, à ne pas avoir de représentation face au patronat. Et c'est en ça que nous sommes aujourd'hui complètement à la merci de quelques grosses structures aux méthodes plus proches de la mafia que de l'employeur.
Je ne dis pas que la CGT est un syndicat excellent, transparent, de qualité. Je ne dis pas plus qu'il y a un meilleur syndicat qu'un autre. Ce que je dis, en substance, c'est qu'au lieu de prétendre à coller des conséquences sur une seule chose, au lieu d'en regarder toutes les causes, c'est accepter de porter les oeillères qui arrangent bel et bien un petit nombre. Oui, la CGT a refusé certains plans reconsidérant les conditions de travail; oui, elle s'est battue pour éviter les licenciements, et surtout pour s'assurer, lors de plans de restructuration, que le repreneur allait bel et bien faire un boulot digne de ce nom avec ses futurs salariés. Est-ce scandaleux? Idiot? Inadapté? C'est tellement plus simple de dire que la CGT a tout bloqué, au lieu de se demander si tout était réellement acceptable. J'ai en horreur les raisonnements simplistes et à vertu de propagande, d'autant plus quand ils mettent en cause des gens qui se bougent pour leurs collègues.
Là où je peux néanmoins approuver certains propos, c'est que nombre de syndicats sclérosent littéralement leur propre rôle. En effet, en se cantonnant à pourrir l'existence des patrons, un syndicat ne fait que pousser ceux-ci à ne plus composer avec eux, à ne plus avoir une oreille attentive à ce que pourrait proposer les dits syndicats. Pierre et le loup... à force de gueuler "on ne veut pas ça", le jour où il y a une décision difficile à prendre, on ne pose plus la question en se disant "de toute façon ils vont dire non". C'est là où je peux éventuellement rejoindre les critiques faites à l'encontre des syndicats français. Le dogmatisme, l'emprisonnement dans une logique d'affrontement ne mène généralement qu'à l'échec. Pire: quand on prône la grève comme outil systématique de pression, on n'obtient guère que des remous... Mais rarement la vague nécessaire pour balayer les conflits.
Je vous invite tous à vous demander qui, au quotidien, peut prendre fait et cause pour les employés. Individuellement, nous ne pesons que notre propre opinion. Les syndicats furent longtemps interdits parce qu'ils menaçaient littéralement l'hégémonie de la bourgeoisie dirigeante. Maintenant que nous avons un outil de parole, nous le dévoyons en oubliant que, justement, être syndiqué sous-entend avant tout communiquer avec le patron, mais aussi avec la "base". Maintenant, j'espère que le site d'Amiens ne sera pas réduit à néant comme tant d'industries en France. C'est dommage. Triste même. Mais pour autant, la CGT aurait dû accepter n'importe quoi pour repousser l'échéance? Non. Je ne crois pas qu'on peut tout encaisser pour un simple report d'échéance. Six mois de gagnés? Un an? Deux peut-être? C'est tout sauf une perspective, surtout en imaginant que l'inéluctable finit par de produire. Que dira-t-on au dit syndicat? "VOUS, oui VOUS avez accepté ce marché de dupe! On s'est fait rouler, et maintenant qu'on a été pressurés, on est quand même virés!". Hé oui: l'homme est misérable quand il est aculé par la misère et la peur du lendemain. Donc, messieurs les journaleux, évitons de donner le mauvais rôle aux syndicats, et à ceux-ci, faites l'effort de négocier au lieu de jouer les empêcheurs de produire en rond.
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