08 janvier 2013

Le mariage

"Tiens, il va tailler un costard à une institution désuète, périmée, qui ne représente plus grand-chose"... Raté cher anarchiste et pourfendeur de dogmes ancestraux, je n'ai pas la moindre envie de démolir le mariage, pas plus que je n'ai pour ambition de pousser les gens à se passer la bague au doigt. Non, mon idée du jour est d'inciter à la réflexion, à se demander ce que nous sommes capables d'associer à cette union, et de surtout définir quel est son avenir.

Bien sûr qu'on va m'affirmer que le mariage est une belle chose, un indispensable passage à l'acte moral entre deux êtres, et qu'il faut se coltiner l'échange de consentements pour entériner la décision de vivre à deux... A ceux là je répondrais qu'il n'y a d'union que lorsque les deux personnes s'unissent moralement, et pas quand elles s'enfilent un anneau sur une phalange. Tout comme le doigt qui gonfle et se boursoufle avec l'âge, le mariage peut devenir une situation difficile, voire même malsaine, et se séparer n'est pas moins douloureux quand on n'a pas pris la peine de voir un bijoutier pour symboliser l'accord des coeurs. Relevons donc une chose essentielle: je ne défendrai pas le mariage sous prétexte qu'il est socialement plus acceptable de vivre en couple sous ce régime, que de vivre en union libre qui semble déranger les moralisateurs zélés.

Peut-on estimer que le mariage valide la qualité d'un couple? Trahisons en pagaille, divorces, histoires de famille à n'en plus finir... C'est à se demander si les gens ne se donnent la peine de se marier que pour flatter les proches, ou pour le plaisir de faire la fête pour un prétexte supposément valable. Franchement, avant de vous coller une responsabilité et un changement de nom sur le râble, pourriez-vous daigner prendre le temps de la réflexion? Ce n'est donc pas le mariage qui est le problème, mais ce qu'en font les gens... un peu comme pour toutes les institutions morales qui sont supposées nous encadrer dans notre vie sociale. Et puis, sincèrement, se marier pour affirmer "je suis marié", ça me fait penser au fan de football qui colle sur sa bagnole un autocollant FC dieu sait quoi histoire de bien marquer son appartenance à un clan quelconque. Ridicule, inutile, et surtout chiant à enlever le cas échéant.

Alors quoi? Résumer le mariage à un accord moral? Les état se sont échinés à inciter les gens à s'unir, ceci pour des raisons bassement financières. Régime fiscal adapté, gestion des parts en regard de la situation maritale, ou encore passage en mairie pour gérer le mariage... L'état s'est donc empressé de pousser à l'union pour des questions politiques (emmerder l'église en priorité... d'où le mariage civil), pousser à la natalité, et enfin faire un cadeau à ceux prêts à procréer en leur affirmant qu'ils auraient moins d'impôts à payer. Et pourtant, force est de constater que le concept ne fait plus recette. Alors, on crée des lois pour rafistoler le tout: plus de mariage? PACS! Ils ne veulent pas du PACS? Allez, laissons en place de concubinage... etc etc. Si vous vous mariez pour les impôts, en toute honnêteté, oubliez: songez plutôt à vous séparer, ça sera moins malsain et surtout plus clair concernant votre vie sentimentale.

Au-delà des naufragés de l'union, nombre d'entres nous cumulent le mariage à l'église (ou à la mosquée, la synagogue...) à l'union devant le maire. De l'écharpe immaculée à celle tricolore, il n'y a que quelques minutes en général, le tout dans l'enthousiasme le plus expressif : klaxons, riz sur le trottoir (et accessoirement dans le chignon de la pendue), cotillons, cris... Mais dites moi, si vous passez devant le curé, croyez-vous concrètement à la croix qui est au-dessus de vous? Combien de couples s'agenouillent pour le sacrement, sans même daigner y croire? Merci d'éviter que le symbole et la Foi soient mêlés à votre union d'image, parce qu'il y a là quelque-chose d'aussi désagréable que le raisonnement glauque du "un enfant pour sceller notre union".

Et enfin, parlons du mariage gay. Oui, je voulais y arriver, parce que la question embrase les journaux, enflamment les idées, et permettent aux détenteurs et défenseurs de la moralité de la ramener sur la place publique. Les mêmes qui se disent tolérants, non racistes et j'en passe viennent maintenant gueuler qu'ils croient que le mariage homosexuel est contre nature, dangereux et j'en passe. Ah, parce que le mariage à l'église entre un mari tortionnaire et une épouse maltraitée, c'est plus propre sur soi je suppose... Parce qu'un couple hétéro et alcoolique, c'est plus sain qu'une couple homo et qui s'avère de bons éducateurs. Parce qu'il est plus acceptable une famille monoparentale ou recomposée qu'un couple homo et stable... Sans rire, je ne saisis vraiment pas le fond du débat. Que ce soit l'adoption ou l'union devant le maire, tout cela ne me choque que parce qu'il y a encore des détracteurs! Pourquoi vouloir faire survivre des clichés, pourquoi s'entêter à nier l'existence de l'homosexualité? Je rappelle tout de même que l'homosexualité était encore considérée comme une pathologie psychiatrique en France, et ce il n'y a pas si longtemps que ça!

Adopter, se marier... Je ne crois plus vraiment que l'hétérosexualité d'un couple peut garantir le bon équilibre d'un enfant, pas plus qu'une éducation monoparentale ou homosexuelle. Là où je suis plus inquiet, c'est à cause de la société elle-même. Rétrogrades, racistes, sectaires, xénophobes, voilà ce que sont les mamelles de la société "moderne".
Qui peut affirmer que les mots "pédé, pédale, tante, taffiole, folle, tantouze" et j'en passe sont en passe de disparaître? Personne. Qui peut me dire quand nous comprendrons que la première priorité doit être le bien-être de chacun, et pas la "moralité" établie sur des clichés?

Pour finir... un petit rappel concernant la dite culture. L'homosexualité est devenue une question, parce que l'église s'est entêtée à refuser aux prêtres le droit de vivre "comme des hommes", qu'elle a considéré l'homosexualité comme honteuse et méritant la punition divine (alors qu'à l'époque de Jésus, celle-ci était totalement dans les moeurs), et qu'en définitive parce qu'il fallait un ennemi moral à combattre. Je n'ai aucune envie d'un monde où la différence se révèle être considérée comme une tare, comme un handicap purement social. En quoi ça vous touche, deux hommes ou deux femmes vivant ensemble? Parce que ça ne cadre pas avec des moralisateurs rétrogrades? Parce que cela ne cadre pas non plus avec votre éthique de comptoir crasseux?

Faisons un effort, vivons en société, et non en imbéciles juste bons à provoquer l'isolement des uns et des autres. Il fut un temps atroce où l'on a même exécuté les homos... Et pourquoi oublie-t-on de parler d'eux? Ils ont eu le droit aux camps... eux aussi. Ne mériteraient-ils pas, eux aussi, d'être mieux considérés après une telle répression? Apparemment, avoir la Foi en une religion est plus honorable que d'être traqué pour ses pratiques sexuelles...

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