08 novembre 2012

Obama party


Oh, les USA réélisent B.Obama! Qu'est ce que cela m'inspire? Honnêtement, pas grand-chose, parce qu'il n'y a peu de chance que cela puisse changer quoi que ce soit. L'un dans l'autre, un président Américain se doit de jongler avec des composantes lui liant finalement les mains. En bon jongleur, ses mains devront se saisir d'une masse d'électeurs peu enclins à parler de social (sauf en cas de crise, et encore), d'une pléthore de groupes d'influence qui peuvent faire et défaire un candidat (puisqu'ils sont ceux qui financent les élections), et d'un congrès et un sénat tout aussi soumis aux grands groupes. Bush père et fils étaient tributaires des pétroliers, je me demande qui Obama est le vassal inavoué.

Péremptoire? Méchant? Certes, on peut faire un bilan plus ou moins agréable du locataire de la maison blanche, mais soyons un rien plus lucides en admettant clairement que son pouvoir est et sera toujours tributaire de l'attitude des financiers. Je ne porte pas les USA dans mon coeur pour leur côté despotique avec le monde, mais je leur reconnais au moins la qualité de ne pas se laisser aller à la sinistrose. Quand on se penche sur les USA, les sociétés tentent de redresser la tête, de fonctionner, de ne pas attendre la main tendue de l'état. En France, par contre, si ça fonctionne on se fait du bénéfice sur la foule, et en cas de crise on demande à l'état de venir au secours du secteur. Aberrant, mais tellement Français qu'il devient impossible d'y couper. Dans ces conditions, Obama peut envisager des réformes sociales, parce qu'elles sont non seulement nécessaires, mais surtout parce qu'elles peuvent être mises en place grâce à la baisse d'hostilités des gens face à des taxes "sociales".

Maintenant, est-ce que ce choix Obama va influer sur le cours du monde? Dans une certaine mesure oui, puisque sa présence pourra potentiellement faire obliquer les politiques internationales, et ce concernant l'interventionnisme militaire, le soutien (ou pas) à des états voyous, et déclencher des stratégies nationales propres à stimuler les échanges, ou au contraire à voir les USA se replier sur un protectionnisme économique à outrance. Par contre, ce n'est pas tant Obama qui va dicter l'avenir du monde que la Chine avec des propos qui semblent parler d'ouverture, mais qui, si l'on lit entre les lignes, invitent surtout le pays à la performance et au respect du parti communiste. A aujourd'hui, la Chine subit deux gangrènes graves propres à déstabiliser sa structure, à savoir les disparités sociales et surtout la corruption endémique. Si la Chine se remet au pas, qu'elle sanctionne sévèrement la corruption, nous pourrions la voir repasser le cap des 10% de croissance, et ce à notre total détriment bien entendu. Là, Obama aura un rôle politique et diplomatique, surtout pour réfléchir à l'avenir du dollar comme référence monétaire mondiale. D'ici qu'on indexe le pétrole non plus sur les USA mais sur la Chine...

Laissons à Obama le loisir de savourer sa victoire, ceci avant qu'il ne reprenne sa place pour reprendre les coups et les critiques qui n'ont pas pour autant disparues. L'état de grâce dure bien moins longtemps quand un président est réélu, car les électeurs attendent que l'action se poursuive, tandis qu'avec un nouvel élu, on accorde le temps de l'adaptation. Je m'interroge sincèrement sur la capacité qu'aura Obama à manoeuvrer avec tous les problèmes auxquels il est déjà confronté. La crise mondiale, le chômage, la pauvreté, l'immigration, les mairies en faillite, tout ceci provoque une conjoncture que les Américains sont lassés de devoir supporter. Je doute qu'un seul homme soit en position de tout changer, sauf à devenir un leader plus despotique que démocratique. Demandons nous donc par quelles réformes il faudra que les USA en passent pour revenir à une situation saine, et dans quelle proportion ces réformes vont condamner le "American way of life". Nous le savons tous, ce modèle de vie a fait son temps, et les Américains eux-mêmes sont esseulés: Emron, la crise mondiale, les subprimes, le surendettement chronique, les faillites en pagaille, la vie à "crédit et en stéréo" a de moins en moins d'adeptes... Espérons seulement que cela ne les condamne pas finalement à perdre leur prépondérance financière, car les pays émergents, eux, n'auront pas la moindre pitié envers nous, pas plus que nous en avions à leur égard quand l'occident dominait le monde...

Pour reprendre le slogan de Obama, le "Yes we can", je lui réponds dès à présent "Are you sure? Can you really?".

Good luck Mr President Obama

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