08 octobre 2012

Savoir prendre en compte les remarques

Comme l'on m'a fait fort judicieusement remarquer hier soir, mon dernier message ne portait étrangement pas sur l'actualité. D'ailleurs, m'étant essayé à plein de formats de textes différents, il n'est pas inutile de réattaquer le flanc des montagnes d'informations qui circulent actuellement dans le monde. Et puis, il faut dire qu'il y a de quoi décortiquer, même si j'ai un peu tendance de sourire ironiquement à ce que je constate, surtout en y ajoutant un "Je vous l'avais dit". Suis-je donc un oracle? Certainement pas, sauf à vouloir finir vêtu d'une jolie chemise dont les manches seraient sanglées dans le dos, avec mon corps (à mon esprit défendant) confié à des infirmiers aussi solides que peu enclins à la plaisanterie de mauvais goût sur leur capacité à rire, justement. Bref, un peu d'actualité dans les écuelles, c'est comme le potage en hiver: on aime bien y goûter, même si parfois cela vous sature un peu d'en manger à chaque repas.

Alors donc, qu'est-ce que dame Information nous balance dans les esgourdes en ce moment? Rien de bien nouveau finalement: Assad continue son petit massacre entre gens de même origine, les Turcs sont sur le pied de guerre pour lui coller sur la tronche, juste au cas où... La Chine et le Japon se haïssent mutuellement (enfin bon, la Mandchourie, tout ça, ça ne s'oublie pas si facilement), ou encore on trouve des terroristes sur notre territoire. Rien de bien neuf, d'autant que, quelque part, chacune de ces crises ne font qu'alimenter tant notre peur d'une guerre globale, que celle plus perverse d'un ennemi de l'intérieur. Je tiens à ajouter une note à celles et ceux qui n'auraient pas eu le loisir de retenir une de mes ritournelles : toute dictature (avouée ou non) se doit d'avoir un ennemi, qu'il soit de l'extérieur (le pays voisin, l'immigré), ou de l'intérieur (le terroriste, l'intégriste religieux, le casseur de banlieue, la liste n'est pas exhaustive, mais vous voyez le principe). Donc, en gros, on se fait peur pour le pouvoir, on s'inquiète des conséquences d'un héritage antédiluvien, et on ramassera les morceaux à grands coups d'interventionnisme militaire, le tout justifiant pleinement des budgets d'armement délirants, et une politique sécuritaire excessive (Patriot Act, que les Américains peuvent t'aimer dans ces cas!).

J'abordais juste ci-dessus l'idée qu'il peut y avoir une forme de répétition de l'histoire, le tout entretenu sciemment afin de maintenir des situations de statu quo. Pour la Chine et le Japon, ces deux empires se sont toujours regardés avec défiance, et à tour de rôle attaqués pour le contrôle des océans et des terres. Les derniers en date furent les Japonais qui, dans les années 30, sont allés faire coucou à leur voisins Chinois en Mandchourie, et y tester la fiabilité de leurs machettes et la robustesse de leurs baïonnettes. (On parle de plus de 200.000 morts durant l'occupation Japonaise). Que cela soit encore une source de haine savamment entretenue, ou qu'un prétexte politique de plus pour légitimer une méfiance réciproque, je n'ai pas vraiment de réponse claire à émettre. En revanche, ce qui est certain, c'est que c'est là qu'une façon confortable de se justifier en disant "C'est eux les pourris, pas nous". A titre de parallèle, la seconde guerre mondiale s'est justifiée dans des conditions similaires (occupation française en Allemagne), et bien avant. Il faut un ennemi, et il est facile à désigner, surtout si l'ancêtre de l'ennemi en question était bel et bien une ordure.

Passons à Assad. J'avais ânonné que le monde n'interviendrait pas, et qu'à terme la rébellion finirait non pas par perdre, mais par fléchir et pourrir la situation. A ce jour, Assad est à son poste, les rebelles reculent, et globalement le refus Russe (j'allais dire Soviétique!) ôte toute possibilité au reste du monde de venir jouer les donneurs de leçon. La Libye, elle, a eu le droit à une intervention, avec pour conséquence prévisible la création de groupes armés incontrôlables, la prise de pouvoir par des radicaux religieux, et donc, quelque part, la naissance d'une Libye pire encore que celle de Kadhafi. On a peur de virer un despote pour qu'un pire que lui apparaisse en Syrie? Pourquoi pas, mais cela ne me semble pas être le noeud du problème. Le véritable écueil est que les Russes ont en Assad un interlocuteur fiable pour négocier les richesses du pays, tandis que, quand on parle à un cinglé qui braille à qui veut l'entendre "Allah est grand", au lieu de dire simplement "On s'échange nos valises. Vous fermez les yeux pour avoir nos produits à bas prix, et nous on garde en échange le pouvoir comme on l'entend". Hé oui! L'ennemi, c'est celui qui ne participe pas à votre jeu de magouilles, pas celui qu'on voit comme un ennemi de la démocratie. De toute façon, la démocratie, c'est le subterfuge qu'emploient les grandes nations pour se donner de la constance, surtout quand le pays autrefois soumis a le malheur de lever la tête et qui ose mordre "le Maître".

Pour finir sur une note plus joyeuse, parlons un peu du terrorisme intérieur. On nous gave d'images et d'analyses concernant ces intégristes religieux qui sont prêts à poser des bombes et à tuer, le tout pour des prétextes hautement philosophiques: "Toi pas penser comme moi, toi mériter mort". Je résume, je caricature, mais dans l'absolu, c'est bel et bien ce discours qui est le fond de la plupart des instruments humains que sont ces petits groupes à l'esprit bourré d'inepties tant sur la Foi que sur le fonctionnement du monde. S'ils avaient eu deux doigts de jugeote, ils auraient compris, ces "prêts à péter", que le monde ne se divise pas entre eux et les autres, mais entre ceux qui ont le fric pour décider, et ceux qui doivent obéir faute de fric. En partant de cette ambiguïté initiale, on peut tout faire croire à des gens désoeuvrés moralement! Donc, ça n'a rien de guère nouveau tout cela... De mon point de vue, je suis particulièrement horripilé qu'on aille faire la distinction entre ceux qui agissent au nom d'une foi religieuse, et ceux ont agi au nom d'une foi politique. Dans les deux cas, la pose d'une bombe reste un acte particulièrement odieux, surtout si celle-ci vise des civils. Dans le cas d'une guerre menée contre un occupant ou un envahisseur, je ne crois pas à la solution totalement négociée, sauf à faire comprendre au dit occupant qu'il n'aura jamais la tranquillité qu'il espère... donc en lui pourrissant l'existence. En revanche, je distingue celui qui se bat contre une armée (ou une police, ce qui dans de nombreux pays revient au même), et celui qui vise aveuglément des passants. De fait, l'opinion servant de terreau à ces actes n'est pas, à mon sens, la chose à regarder. Ce qu'il faut observer, ce sont les conséquences. Et elles sont terribles.
On s'interroge sur le pourquoi de l'émergence du terrorisme islamique de l'intérieur. Dites, les observateurs, vous avez mis le temps à comprendre qu'en créant des ghettos, en mettant sans arrêt en exergue une communauté, vous n'avez fait que provoquer la naissance de brutes prêtes à prendre les armes pour se défendre de ces clichés. A l'instar du terrorisme des black panthers aux USA, s'acharner à diaboliser une population n'a fait que pousser la dite population dans les bras du radicalisme. J'estime qu'il est du devoir de la France autant d'instruire ses enfants (et cela passe aussi par l'éducation civique, la mise en place d'un respect pour les institutions, quitte à passer par la sanction), que de prévenir ces actes en tenant compte de la vie des gens. On ne peut pas laisser faire n'importe quoi dans les cités, tout comme on ne peut pas non plus tout mettre sur le dos des conditions sociales. Il y a une différence entre celui qui, à raison, critique les offices HLM qui n'investissent pas pour l'entretien des immeubles, et celui qui se sert de ce prétexte pour casser, brûler et voler. Les trier? Vous avez de bons critères? Les punir? Sans pour autant passer pour des racistes? Où est la frontière en police et milice? Où est le pas de la porte de la dictature, et la sortie de la démocratie?

J'ose franchement espérer que mes lecteurs comprendront que l'actualité me semble que trop ordinaire: des radicalisés (comme au temps des rêves communistes transformés en fantasmes terroristes), des guerres locales (où on en parle pour se donner un peu de conscience du monde qui nous entoure), et des répétitions malsaines du passé... Allez, bonne route le monde, on sait bien qu'on se mettra à nouveau sur la gueule de manière mondiale! Il suffira de savoir quand et pourquoi, afin de faire marcher les noircisseurs de pages de manuels scolaire, le tout avec la censure qui ira bien.

Comme d'habitude... aurait chanté Clo clo.

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