10 octobre 2011

Une bonne intention

Après avoir été absent toute une semaine, je me dois, bien évidemment, de revenir pousser quelques gueulantes et commentaires sur notre cher (et triste) monde. L’actualité a, pour une fois, de quoi me faire suffisamment parler pour que vous preniez le temps de me dire « Tu vas arrêter, oui ?! », ou même de me bâillonner afin de vous assurer un peu de paix. Ceci dit, raté, difficile de museler un type qui vous cause par écran interposé ! (Là, généralement, dans les films de série Z, c’est le moment de balancer un rire démoniaque de savant fou, et de faire apparaître, en ombre chinoise, deux cerbères d’une police quelconque).

Revenons à nos moutons, je voulais dire citoyens. Comme on dit souvent « C’est l’intention qui compte », j’aimerais que nous regardions en quoi l’intention peut être aussi importante et utile, d’autant plus quand le résultat est des plus décevant. Prenons les primaires socialistes comme exemple de cette idée. On s’entête à me faire avaler qu’il s’agit là d’un acte démocratique, d’une avancée majeure dans la politique française, et que ce serait même là l’exemple à suivre pour les élections après 2012. Ah bon ? Faire voter le quidam pour choisir LE candidat central d’un seul parti, c’est un comportement réellement démocratique ? En apparence, bien entendu, je ne peux nier le fait qu’une bonne élection vaut bien mieux qu’un mauvais putsch, mais de là à revendiquer qu’une primaire est une chose nécessaire… Un peu de sérieux je vous prie ! Le concept de la primaire, c’est simplement de trouver qui sera le seul candidat d’un parti, ceci en partant du principe que chaque électeur sache pour qui il vote. Déjà qu’il n’est pas spécialement foutu de comprendre pour quel président il se prononce, alors dans une primaire hein… Bref, dire qu’il s’agit là d’un choix démocratique, j’aurais plus tendance à dire un choix « technocratique » tant le résultat mènera non pas forcément le meilleur candidat, mais celui qui aura su le mieux jouer sa carte dans le parti.

Au-delà de cette seule considération purement technique, il est vraiment navrant de se dire qu’un parti comme le PS soit réduit à se choisir un candidat par les urnes, au lieu de compter sur celui ou celle qui serait simplement sorti du lot. En gros, le discours sous-jacent pourrait être « On n’a pas vraiment quelqu’un de suffisamment balaise pour faire la décision, choisissez à notre place ». Or, il me semble qu’on se prend des élus justement pour qu’ils décident en notre nom (puis pour les déboulonner à l’élection suivante, soit par déception, soit parce qu’on aime le changement). De là, difficile de me faire dire que les primaires soient une bonne chose, vu que je les perçois presque comme étant l’élection du plus populaire, ou bien du moins mauvais du lot. Peu avenant comme descriptif, non ? Au surplus, je me demande ce que donnera l’après primaire : l’électorat va-t-il suivre son choix unique, ou bien peut-on craindre un éclatement de la carte politique ? Il ne faut jamais perdre de vue que L.Jospin a, justement, été éliminé du premier tour de 2002 suite à un excès de confiance de ses électeurs ! Ce serait réellement un naufrage si, d’aventure, le candidat unique du PS était amené à ne pas passer le premier tour.

Malgré ces critiques virulentes, je reste malgré tout agréablement surpris et déçu à la fois. Surpris parce qu’il y a eu pas mal de votants (le million a été dépassé d’après ce que j’ai entendu), et qu’en plus premiers résultats semblent suivre ce que les sondages donnaient comme tendances. Mieux encore, j’ai été satisfait que Aubry et Hollande soient en tête, car ce sont deux personnages de l’appareil du parti, compétents, et qui, enfin, peuvent présenter un visage compatible avec la fonction de président de la république. Toutefois, là où je suis déçu, c’est qu’il ne faut pas pavoiser face tant au vote en quantité qu’en qualité. Pourquoi ? Un million sur plusieurs dizaines de millions de votants, c’est peu, bien peu, trop peu même pour démontrer une véritable détermination des citoyens à « virer à gauche ». Pire encore, l’électorat de droite, coincé entre un Sarkozy déclinant, et une Le Pen en cours d’ascension, j’ai crainte que ce soit non pas le PS et l’UMP qui se retrouvent à se disputer le fauteuil, mais le FN qui jouerait les arbitres, voire même le juge de paix en prenant la place d’un des deux partis. Voyons comment sortira le PS de ces primaires. Grandi ? Sûr de son candidat unique ? Ou bien divisé et inquiet sur l’avenir ?

Enfin, pour celles et ceux qui aiment le concept de primaires, je vous rappelle que les USA fonctionnent sur ce principe, et que cela donne des élections présidentielles bipolaires, à savoir soit les démocrates, soit les républicains. Où sont les autres « petits » partis ? Noyés dans la masse, invisible, sans véritable poids. Voulez-vous du même sort pour la France ? PS/UMP ? J’en doute. La démocratie se fait dans sa multiplicité, et non dans son hyper unicité. Déjà que nos institutions se sclérosent à force de maintenir les mêmes personnes au pouvoir, difficile d’avaler que réduire encore la carte politique pourrait la rendre meilleure.

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