08 septembre 2011

Quelques réflexions sur l’économie mondialisée : 1

N’étant pas économiste de formation, mes « idées » seront probablement si ce n’est légères et incomplètes, fausses voire contradictoires avec la réalité. Je n’observe malheureusement le monde que par un bout de la lorgnette, à savoir l’éclairage de mes maigres connaissances, le tout pollué par les grands médias de notre temps. En conséquence, n’hésitez pas à me commenter, me critiquer, et en tout cas à corriger toute erreur dans mon propos. L’échange de connaissances étant supposé être le maître des discussions sur la toile, j’aimerais lancer une vaste discussion, avec pour but avoué de produire un texte explicatif un minimum complet et concis à destination des plus néophytes d’entres nous. Donc… bonne lecture et critiques !

La première des interrogations à laquelle il serait bon de donner une réponse claire, c’est de savoir quel est le système qui fait tourner le monde. Bien sûr, on pourrait répondre avec un seul mot générique, à savoir « capitalisme ». Excepté quelques dictatures repliées sur elles-mêmes, le monde semble régi par une économie mondiale, s’appuyant sur les préceptes de la gestion du capital qui sont : le profit, l’usage du capital pour dégager du profit, et la répartition des valeurs en fonction de l’implication économique de chaque acteur. Dans ces conditions, on devrait donc parvenir à un système qui se résumerait en quelques étapes simples : produire, vendre, et répartir le fruit du travail et de la vente en proportion des investisseurs et des marges dégagées sur le travail. Est-ce le cas ? Paradoxalement, le capitalisme ne tend pas vers une amélioration immédiate des conditions de vie des travailleurs, car le travail de l’argent est plus rentable, et surtout moins taxé que le travail de production. Ce constat est donc que le capitalisme est appliqué dans sa phase la plus dangereuse, au titre qu’il ne répartit pas le bénéfice en fonction de l’investissement brut dans la production, mais en fonction de la part active de capital investie supposée rapporter tant par la spéculation de l’actionnariat, que le reversement de dividendes aux actionnaires en question. Nous avons donc un capitalisme qui a pris le visage de la détention des capitaux, et pas le capitalisme d’investissement sur les moyens de production.
Il y a également là un complément à faire : les moyens de productions ne se résument pas aux machines, car, dans l’esprit, la production peut être physique (produits manufacturés), et intellectuelle (création intellectuelle, gestion, administration des biens et des personnes…). On ne peut de toute façon pas réellement dissocier l’esprit de la physique de construction, car l’une est tributaire de l’autre. Sans production physique, les concepts restent sur le papier ; sans réflexion et études (Recherche et développement), pas d’innovation, ceci pouvant faire péricliter des secteurs complets de l’économie (anciennes technologies abandonnées pour de plus efficaces/rentables, cessation d’activités non rentables pour des questions de coûts, ou encore réforme drastique des possibilités de production, suite à des changements de lois sur l’écologie par exemple). Donc, pour le progrès, il faut que la partie recherche et la partie production de masse se concertent, se rejoignent, ceci afin d’abaisser les coûts, augmenter les rendements, tout en maintenant des marges acceptables tant par l’entreprise que les marchés.

Le second aspect à observer, une fois qu’on a admis que les marchés sont pilotés non par l’efficacité des sociétés, mais par la spéculation sur celles-ci, est d’identifier le pourquoi des crises à répétitions qui ébranlent notre système. Il y a un nombre énorme de facteurs, qu’ils soient conjoncturels, économiques, sociaux, ou techniques. Cependant, dans la liste, il y a plusieurs faits qui dérangent, et qui démontrent que le système économique n’est pas dirigé par des réflexions saines sur l’économie, mais au contraire qu’il est souvent dirigé par des idéologies et des politiques. On pourrait croire, à juste titre, que tous les marchands du monde sont intéressés tant par le bénéfice, que par la concurrence. Pourquoi ? Parce que le bénéfice est tributaire de la concurrence active, et réciproquement. Quand deux entreprises se font concurrence, celles-ci doivent trouver des stratégies pour maintenir de bons niveaux de bénéfices, tout en restant compétitifs l’une face à l’autre. Les stratégies élémentaires sont peu nombreuses, bien qu’elles peuvent donner lieu à diverses méthodes de mise en œuvre : réduire les coûts pour augmenter les marges, augmenter drastiquement la production pour abaisser les coûts unitaires, augmenter la valeur ajoutée des produits pour les différencier de ceux des concurrents, ou s’accorder avec le concurrent pour que chacun se fasse sa place sur le marché. La première solution mène généralement aux délocalisations, ce qui est un désastre social et économique ; la surproduction apporte du stock, voire des pertes, ce qui est dangereux pour la société (d’où les politiques de production en « juste à temps », ceci pour ne pas connaître de phénomènes de stockage coûteux et destructeur) ; l’augmentation de valeur ajoutée est une possibilité un peu marginale, car elle imposera à la société d’investir dans l’innovation, de montrer sa différence, au risque de ne pas attirer de nouveaux clients (Apple y est fort bien parvenu par exemple, mais c’est une société parmi des millions dans le monde) ; Les accords sont les seuls qui soient réellement bénéfiques pour les sociétés, mais systématiquement défavorables aux clients (prix abusifs, impossibilité de changer de fournisseur sans retrouver des tarifs analogues…). En clair : le client n’est plus la cible, c’est l’actionnaire que l’on flatte. En conséquence : on ne tente plus de baisser le prix de vente, mais d’augmenter les marges, et donc les dividendes.
En quoi ces démarche sont-elles nocives pour les marchés ? Elles sont dangereuses parce qu’elles incitent à se fier plus au cours d’une action, qu’à la stabilité de l’entreprise qu’elle symbolise. Le principe est affreusement simple : valoriser à l’extrême une société, c’est alors risquer que le cours chute, et que la valeur « réelle » s’évapore sur les places de marchés. Une entreprise peut donc faire faillite, faute de liquidités, alors que les carnets de commandes sont pleins ! L’étonnante facilité qu’ont les marchés à dépouiller une société est effarante, surtout quand on sait que ce genre d’action peut être menée par une société rivale souhaitant couler un concurrent encombrant.
Je disais que l’idéologie pèse plus lourd que le bon sens économique. Prenons quelques exemples concrets pour en comprendre la portée politique au-delà de la logique du commerce. Quand le pétrole se tarira, nombre de lobbies extrêmement puissants (pétrole, transports de frets, automobile, aviation…) seront alors tenus de trouver des énergies alternatives, ceci à des coûts faramineux. Or, le pétrole, simple à exploiter, maîtrisé, et qui plus est maintenu en laisse par les acteurs de la politique mondiale, se doit de rester en place afin de repousser le plus loin possible les échéances de la mutation industrielle indispensable à la fin du carburant fossile. L’automobile en est un bon exemple : pourquoi chercher autre chose, quand il est si simple de faire du bénéfice sur quelque chose de déjà rentabilisé ? Dans cette optique, ces groupes pesant des milliards, des millions de salariés dans le monde, ne peuvent donc pas tolérer qu’on abandonne le pétrole de sitôt. Les gouvernants sont donc pris entre l’idée tragique d’un naufrage industriel, d’un chômage délirant, ceci faute de maintenir des vieux modèles économiques en activité, et la possibilité d’avoir enfin une indépendance énergétique plus grande, surtout dans l’idée de s’affranchir du dollar, indicateur sacré du prix du brut sur les marchés. La conséquence directe est élémentaire : l’état, arbitre politique par excellence, fait de l’ingérence économique en agissant politiquement (guerres pour le pétrole, modulations des taxes pour favoriser/léser des acteurs spécifiques des marchés, absence de politique réellement incitative concernant la recherche de solutions tierces…). Dans ce climat d’inquiétude, les entreprises poussent donc les états à les soutenir, quitte à rester sclérosé dans un modèle qu’on sait condamné.
Le troisième éclairage à observer est l’endettement. Qu’est-ce que s’endetter ? C’est juste prendre des crédits pour financer un train de vie supérieure à sa capacité financière. Schématiquement, cela signifie donc que les états vivent au-dessus de leurs moyens, en dépensant de l’argent qui n’entre pas en revenus directs et indirects (taxes, impôts). Que faire ? Ce train de vie, c’est un moyen commode de s’offrir une paix sociale, mais également d’éviter un effondrement du tissu socioéconomique. En soutenant l’implantation d’entreprises en ZUP, ceci par des avantages fiscaux importants, on perd des rentes fiscales, mais l’on en obtient en contrepartie à travers l’emploi des chômeurs par exemple. Seulement, un modèle où le social gangrène les caisses, c’est un modèle voué à l’échec, car la moindre crise économique poussera encore plus rapidement les états déjà endettés dans le gouffre (plus de chômeurs, donc plus d’aides, moins d’entrées fiscales sur les salaires/charges diverses, donc augmentation des dépenses tout en ayant une baisse des recettes. En clair, le modèle idéal pour une faillite rapide du système).
Le dernier éclairage qui me paraît pertinent est le concept même de l’endettement des états. Quand les états supposent, à tort, que la dette n’est pas un danger, alors tous les états s’endettent, et se doivent mutuellement de l’argent, sans compter celui qui est également à rembourser aux organismes privés (banques en tête). Or, si ces liquidités s’évaporent, et que les états ne remboursent pas, ce sont les banques qui trinquent, car ce sont les fonds des entreprises et des particuliers qui servent de base aux prêts aux états. En poussant au bout le modèle, cela veut alors dire : qui dit défaut de paiement d’un état dit défaut de caisse des banques, qui, faute de liquidités, ne peut payer ses clients pourtant non endettés ! C’est dans ce cercle vicieux qu’on peut perdre ses économies, alors qu’on n’a aucun crédit à rembourser. Le plus frappant, c’est que les citoyens, pourtant conscients de cette folie économique, refusent toute forme de réforme. En effet, réformer, c’est forcément soit réduire les dépenses, soit augmenter les recettes. Les deux modèles peuvent également se mêler pour ne pas ponctionner du différentiel en un seul endroit. Cependant, les choix à faire sont plus que délicats, et nous allons voir pourquoi dans un prochain article…

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