16 septembre 2011

Je ne peux pas commémorer

Tout d’abord, désolé de ne pas avoir été plus présent ces derniers temps, mes occupations professionnelles se sont liguées pour m’imposer un rythme de travail indécent m’interdisant toute tâche rédactionnelle. Ceci dit, j’espère pouvoir reprendre mes quotidiennes aussitôt que possible, et ainsi vilipender le monde qui m’entoure.

Maintenant, venons en au sujet qui m’intéresse aujourd’hui. Avec force insistance et présence dans les médias, on a tenté de nous vendre du chagrin et de la honte concernant les attentats du 11 Septembre, avec à la clé des commémorations, l’inauguration d’un mémorial, le tout enluminé de documentaires supposés nous donner des clés sur le pourquoi, le comment et le déroulement de cette journée de sinistre mémoire. Loin de moi l’idée de renier la nécessité de ne pas oublier ce carnage incroyable, et encore moins de salir la mémoire des victimes innocentes des attentats, car, me concernant, le terrorisme ne mène jamais à autre chose qu’à la douleur, à l’horreur, et à l’incompréhension d’autrui. On ne se fait pas entendre en posant des bombes, on ne fait que mener à la haine et à une guerre frontale d’anéantissement. Non, ce qui me dérange bien plus, c’est le côté « chagrin obligatoire » que les USA tentent de nous inculquer, un peu à l’instar du chagrin imposé concernant les crimes de guerre du nazisme. Je n’ai pas décidé de la politique Américaine au Moyen-orient, pas plus que je n’ai voté pour le NSDAP dans les années 30. Donc, me forcer à verser une larme m’indispose, à tel point que je trouve cette façon de faire indécente et malsaine.

En soi, le 11 Septembre, je ne peux pas le commémorer, parce qu’il s’agirait alors de choisir mon camp entre les terroristes et les USA. Je n’ai pas de camp, je ne suis pas de ceux qui devraient choisir entre le diktat économique Américain, et la voie religieuse extrême revendiquée par les criminels responsables des attentats. Les uns et les autres se doivent mutuellement leurs malheurs, à tel point que choisir un camp, c’est décider du « moins pire »… Comme s’il existait un moindre mal quand on parle de morts, de gens déplacés, de bombardements, ou bien de civils sacrifiés, de gamins qui se suicident avec une ceinture d’explosifs, ou encore de jeunes veuves prenant les armes pour venger leur famille. Je ne peux donc pas commémorer ce souvenir, ce serait malhonnête pour les victimes des deux camps. On me dira que je suis cruel, intolérant, voire même cynique, mais les faits sont hélas là, en évidence, juste sous notre nez à tous : les terroristes du 11 Septembre étaient des gens menés et guidés par un ancien « collaborateur » de la CIA, un de ces types de l’ombre qui ont appris de l’agence, puis qui ont retournés ces méthodes contre elle ! Que voulez-vous donc commémorer dans des conditions aussi sordides ?

Ce que je peux encore commémorer, ce ne sont pas les attentats, pas plus que les représailles militaires des USA. Ce que je peux célébrer avec tristesse et douleur, c’est le sacrifice humain, le massacre aussi vain que symbolique de milliers de personnes, tout ceci à la gloire d’idéaux fous. Les morts du WTC sont aussi dramatiques que les milliers de civils tués en Irak ou en Afghanistan ; les morts du vol 93 sont aussi fortes et courageuses que celles des résistants Français passés par les armes par la gestapo. Je ne peux pas dire que le 11 Septembre doit être commémoré, mais qu’on n’oublie jamais que ces gens sont morts, et que des familles entières furent éplorées, des enfants devinrent des orphelins, et tout ça pour quoi ? Pour rien, pour de la politique, de la propagande. Les attaques du 11 Septembre ont ensuite été instrumentalisées pour légitimer une augmentation des budgets militaires dans le monde, pour l’instauration de lois liberticides, pour permettre la mise en œuvre de stratégies à long terme… Mais les attentats n’ont certainement pas permis aux USA de se rendre compte de son attitude arrogante et impérialiste, loin s’en faut.

Qu’est-ce qui a changé depuis le 11 Septembre ? Nous sommes devenus paranoïaques, xénophobes, nous tolérons la présence de militaires dans nos rues, nous nous sommes habitués à avoir peur, à tel point que les images de morts et de destructions semblent irréelles, comme tirées d’un film d’action. Sauf que les victimes, elles, sont bien réelles, et elles ne font pas la comédie quand elles tombent. 10 ans, dix longues années et nous n’apprenons rien de ce carnage. Célébrer le 11 Septembre m’a semblé inapproprié, pour ne pas dire tout simplement monstrueusement cynique. Les USA ne comprennent toujours pas, et je pense qu’ils ne comprendront probablement jamais qu’ils ont mis le feu et la haine dans les cœurs, et qu’ils en récoltent les cendres les plus atroces. Dans les débris du 11 Septembre, les USA n’ont pas perdu que des compatriotes, mais surtout et avant tout une capacité à réfléchir et à s’interroger. Cela s’avère finalement être ignoble, car cette grande nation, loin de changer, n’a fait que s’endurcir, se replier sur elle-même, et regarder le monde avec méfiance et circonspection.

Quelle mémoire ? Quel souvenir ? Les USA commémorent les attentats, moi je commémore la mémoire des victimes inutiles. Un mort, c’est un mort de trop. Espérons qu’un jour, nous tous, nous comprendrons qu’il n’est pas possible de vivre en ignorant son voisin, en le méprisant au point de le rendre agressif et revanchard. Mais cela ressemble plus à une vaine prière qu’à un véritable espoir…

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