04 juillet 2011

Encore un impact

C’est parfois lassant de devoir constater un « je l’avais dit » lorsque je lis l’actualité. Tenez, pas plus tard qu’aujourd’hui, un (ou plusieurs) pirate s’est fendu de prendre le contrôle d’une messagerie instantanée Twitter d’un réseau d’information Américain (Fox news), et de faire passer le message suivant dessus :

« Le président @BarackObama assassiné, deux blessures par balles l'ont emporté. Triste 4 juillet. »


Obama virtuellement assassiné, sur lexpress.fr>

Cela laisse songeur : annoncer la mort d’un président en exercice, le jour de la fête nationale, le tout à travers le faisceau d’un média connu, c’est très fort, culotté, et particulièrement efficace comme générateur de mouvement de panique. Je n’ose même pas imaginer la réaction de celles et ceux qui suivent au quotidien l’information à travers ce canal… Enfin bref, nous pouvons voir que, parce que nous faisons confiance aux médias numériques, et parce qu’ils sont sensibles aux interventions extérieures, rien n’empêche d’imaginer le pire concernant la fiabilité de notre information.

J’ai lu, ça et là, que c’était une blague de potache, ou encore une façon de revendiquer que l’information est fragile. Moi, j’appelle cela de l’irresponsabilité très dangereuse. Qu’on soit admirateur ou détracteur d’un homme politique comme Obama, ce n’est pas en le faisant temporairement passer pour mort que l’on pourra obtenir le moindre débat. Je vous fais une analogie : un type vous cambriole, puis ensuite vous propose de discuter afin qu’il vous explique comment sécuriser votre maison. Vous l’accueillez avec le sourire, ou alors avec des cartouches calibre 12 remplies de gros sel ? Ma réponse, vous la connaissez sans doute. Je trouve incroyablement inconséquents ceux qui encensent de tels actes de piraterie, non seulement parce qu’ils sont inutiles, mais parce qu’ils représentent une véritable menace pour la sécurité de chacun.

Les scénarios de ce genre pullulent (comme je l’ai déjà dit à maintes reprises), mais pour le coup, ceux-ci commencent à prendre forme, et nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les risques que nous courons en prêtant trop de foi aux propos tenus sur la toile. Vérifier, recouper, analyser, s’assurer de la véracité de l’information font partie de ma doctrine personnelle, à tel point que je ne diffuse rien sans avoir la conviction que toutes les sources disponibles annoncent bien la même chose. Pourtant, avec un tel naufrage de la fiabilité de l’information, on peut craindre des incidents autrement plus graves qu’un simple « tweet » macabre. Un exemple ? Imaginez qu’au lieu d’un compte twitter, ce soit une messagerie interne et sensible d’un service gouvernemental qui soit piraté ? Il faut se souvenir que chaque événement est anticipé dans un gouvernement : en cas de décès du président, en cas d’incapacité à diriger le pays, en cas de prise d’otage, en cas de coup d’état… Ces situations sont déjà réglées et scénarisées à tel point que tout haut fonctionnaire a déjà des consignes qu’il doit suivre à la lettre pour que les rouages de l’état ne se grippent pas. Maintenant, songez donc à un cas où, hasard de mauvais augure aidant, le président est temporairement injoignable, et que la dite messagerie lance un « Le président a été kidnappé, pas de revendication pour le moment. Trois agents de la sûreté abattus ». Tout de suite, la chose paraît bien moins drôle, non ?

Ne soyons surtout pas euphoriques concernant la possibilité d’une guerre virtuelle. Ces combats par actions informatiques interposées ne peuvent que mettre en doute notre capacité à nous informer, à tel point que toute page « officielle » serait alors compromise. Rien de tel pour créer un climat de méfiance à l’égard des grands médias. La seule chose qui me fasse pondérer mes craintes est que ce genre de désastre médiatique n’est pas nouveau : entre des journaux annonçant, à tort, la mort de Lagardère dans les années 80, la fausse interview d’un skipper célèbre en plein JT, ou encore la présence imprévue de manifestants lors d’émissions, le phénomène n’est heureusement pas si inquiétant. Cependant, soyons de plus en plus prudents, car il ne s’agit pas là d’un « anonyme », mais d’un président d’une superpuissance nucléaire.

Petite anecdote concernant la fiabilité de l’information : pendant la guerre froide, un agent soviétique affecté à la surveillance d’un satellite d’observation a été alerté par l’informatique automatique de son équipement, avec pour message « Lancement missile US ». L’homme, prudent, inquiet, vérifie et tempère son action qui, théoriquement, était de presser le fameux bouton rouge. L’alerte se dissipe, puis, quelques minutes plus tard, se reproduit. Encore une fois, l’homme refuse d’être responsable d’un génocide. L’alerte est finalement levée, faute de trouver les dits missiles d’attaque. Que s’est-il passé ? Le soleil s’est reflété sur des nuages d’haute altitude, ceci faussant alors l’analyse optique du satellite. L’homme fut banni de l’armée, et a perdu tous ses droits tant à sa solde qu’à sa retraite.

Quel rapport avec notre actualité ? Dites vous que ces pirates sont potentiellement le reflet brillant du soleil dans l’optique d’un satellite militaire…

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