21 février 2011

Si c’est blanc, ce n’est pas dangereux

C’est en ayant eu à tenter une réparation sur un sèche-linge que je me suis rendu compte d’une évidence. Ce fut comme une révélation, comme si j’avais honteusement omis de regarder mon quotidien avec soin. Je suis capable d’aller chroniquer une situation à l’étranger, mais je ne suis pas même capable de regarder sous mon nez ! Allez, trêve d’auto flagellation verbale, je vais vous expliquer le fond de ma pensée : ces équipements, ces bidules que je voyais déjà menaçants (voir mes chroniques précédentes) ont su se rendre indispensables ! Quel drame ! Nous voici donc esclaves de ces machins, de ces boites blanches, de ces trucs supposés nous simplifier la vie. C’est à tel point que trouver quelqu’un capable de faire du café sans percolateur relève du miracle (et que celui qui envisage les cafés instantanés s’apprête à goûter de mon ire, car le liquide issu de ces sachets de granules infects n’a jamais été, et ne sera jamais mon nectar favori !)

Hé oui, nous sommes dorénavant tous prisonniers de la beauté émaillée de nos machines savamment conçues pour tomber en panne à périodes régulières. Depuis le lave-linge, jusqu’au four électrique, nous ne pouvons plus nous en affranchir, à tel point que celui qui fait sa lessive à la main ne le fait que parce qu’il a un produit très délicat à préserver, ou que, justement, son lave-linge lui a fait le coup de la panne. Ne vous moquez pas de lui, car nous avons tous connu cette situation aussi ridicule qu’agaçante. Ah, la douce panne de courant qui rappelle à notre bon souvenir que le micro-ondes fonctionne grâce à la fée électricité ! Ah, la joyeuse coupure temporaire de gaz qui s’empresse de vous ôter l’eau chaude ! Ah, la sublime inondation qui provoque la coupure du réseau d’alimentation en eau, et donc l’absence de douche ! C’est donc cela, le confort ? Le confort, c’est un geôlier vicieux qui, sous couvert de confort, vous fera subir les pires supplices quand il disparaîtra pour une raison ou pour une autre.

En fait, si tous les appareils électriques choisissent des tons relativement neutres, ce n’est que pour nous duper. Le blanc, symbole de propreté, de sécurité, sera appliqué sur tous les appareils susceptibles d’être utilisés soit pour nous nourrir, soit pour nous rendre plus propres. Concernant les équipements de divertissement, des couleurs sombres, ternes seront de la partie : un téléviseur, c’est noir ou gris foncé. Une chaîne hifi, c’est nécessairement gris souris ; Qu’importe que les boutons clignotent, jouent les sapins de noël, l’essentiel est de nous faire admettre que le divertissement est dans la machine, et pas la machine en elle-même. Donc, pour le confort essentiel, on ira nécessairement au plus hygiénique, au plus rassurant : blanc, et pas autre chose. Ah, il y a bien des marques qui donnent dans la fantaisie, comme des bouilloires jaunes, des cafetières couleur tabac, mais cela n’est pas la règle… Et maintenant, la règle, c’est aussi d’appliquer des chromes de plastique et des aplats d’inox, parce que cela fait professionnel d’une part, et d’autre part parce que cela semble plus facile à entretenir… Alors remettons les choses à leur place : l’équipement professionnel est en inox (ou chromé) parce que c’est réellement plus simple à entretenir et à désinfecter avec des produits agressifs, mais surtout ne tentez jamais d’appliquer ces dits produits sur votre joli grille-pain couvert de toc d’inox, sous peine de le voir dépolir ou se décomposer. C’est ainsi : nous sommes donc des gogos prompts à avaler toutes les prouesses du marketing pour nous vendre du confort.

Est-ce que je déteste ces bidules ? Pas du tout, j’en apprécie même les vertus. C’est effectivement confortable de pouvoir sécher son linge en une heure au lieu de deux jours de pendaison déprimante dans la salle de bains, c’est réellement un bonheur de réchauffer son plat en trois minutes au lieu de quinze… Mais bordel, qu’est-ce que cela peut me foutre en rogne quand le débile profond qui a tenu lieu d’ingénieur de mes [censuré] a remplacé un bête roulement de quatre sous par une douille en plastoc de deux sous ! Je lui ferais bien subir la « joie » de devoir porter ses propres vêtements à moitié séché, je lui mettrais volontiers l’oreille contre le châssis de sa machine pour qu’il en entende le grognement furieux quand la dite douille se désagrège ! Escrocs ! Feignasses ! Saligauds ! Vous m’avez pourri ma journée à deux titres : au premier, en voyant mes vêtements rester froissés et humides, au second lorsque j’ai dépiauté cette cochonnerie de sèche-linge pour constater qu’il n’y a pas possibilité ni de bricoler, ni de réparer la dite panne. Je suis esclave des machines, et CA M’ENERVE !

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