13 janvier 2011

Poulet rôti !

La langue est un jeu particulier. On peut tout autant manipuler les expressions avec délice et patience, que l’on peut faire sortir des insanités à la pelle, notamment lorsque les hormones s’agitent au-delà du raisonnable. Ainsi, il n’est pas rare que les débordements linguistiques nous mènent à des atrocités, et ce sans même tenir compte des insultes fleuries qui émaillent notre vocabulaire. Par ailleurs, nous retournons en enfance quand nous discutons, car, contrairement à nombre d’autres langues, le français écrit n’est pas celui parlé, loin s’en faut. En tout état de cause, celui qui parle va massacrer sa langue, tandis qu’il sera capable, par écrit, de s’exprimer avec propreté.

Ce qui est rigolo avec la langue, du moins pour moi qui tente d’être polyglotte, c’est de constater qu’une même sonorité peut prendre plusieurs sens selon le dialecte employé. Tenez, un exemple : en anglais, « sir » désigne une noblesse, tandis qu’en croate, cette même orthographe désigne… un fromage. Hé oui : Sir Elton John, cela prend une toute autre image quand on le prononce en croate. Et les exemples sont visiblement légion, mais celui-ci n’a de cesse de me faire rire à chaque fois que j’entends « Sir Bidule » dans les émissions dédiées au voyeurisme de masse. Les Anglais voient un noble, moi, je vois un empilement de meules de cheddar ! Pauvre de nous, car si l’on y ajoute les homonymes, les homophones, on doit forcément prendre ses distances, et surtout ses précautions. Reprenons le mot « sir » : en français, nous avons le Roi « sire », mais également la « cire », ainsi que le verbe conjugué qui en dérive. Quelle joie ! Le Roi à qui porterait le nom « Abeille », en y ajoutant la particule… cela aurait de quoi amuser les plus stoïques de la cour !

Dans le dédale des histoires de maux, pardon mots, nous devons sans cesse jongler avec les anglicismes, les néologismes criminels, ainsi que les déformations de la prononciation qui vont jusqu’à faire varier l’orthographe. Etant gosse, on m’avait enfoncé dans ce qui me tient lieu de cerveau qu’une clé s’écrit « clef ». Allez savoir pourquoi, très rapidement, on m’expliqua que les deux orthographes étaient tout à fait tolérables, ce qui eut pour effet comique de me voir hésiter sur ce foutu mot. Et pourtant, des trousseaux de clés, clefs (et merde), ce n’est pas ce qui manque dans notre quotidien. Alors, pour ou contre la réforme ? J’aurais du mal à répondre, d’autant plus que l’idée provient essentiellement d’une population illettrée qui a du mal avec les lettres doublées, les accords en genres et en nombres, ainsi qu’avec certaines orthographes plutôt étranges. Typiquement : qui est l’ahuri qui a conçu le mot « kinésithérapeute », ou encore le mot « chromatographie » ? Certes, ce sont des acronymes à usage spécifique, ce qui réduit le risque d’erreur à son écriture (essayez de caser « chromatographie » dans une discussion de comptoir, pour rigoler !), mais quand même… Enfin bon : ne réformons pas sans prendre la mesure que cette langue tordue qui est la nôtre a une histoire, et que la préserver en vaut la peine.

Et puis, là, celui qui se sert de la plume observe les mots qui s’entassent sur sa copie. Prétentieux, voire pédant, l’abus de termes et autres formules à rallonges lui ôte toute qualité, ceci au profit d’une complexité tant inutile que mal adaptée. Quoi de plus agaçant que de devoir décortiquer un texte, parce qu’un imbécile a été chercher des mots au fin fond du reliquaire à vocabulaire qu’est le dictionnaire ? La précision est une qualité, l’usage d’un vocabulaire inapproprié une provocation. Qui se souvient de la publicité pour le lait en briques, où deux gamins débattent du « C’est une billevesée » ou « C’est un oxymore ». D’abord, qui parmi vous sait le sens de ces deux mots ? Et puis, qui s’en sert au quotidien ? Que j’ai eu l’air con quand j’ai dû aller en chercher le sens dans mon dictionnaire ! Faites suer les rédacteurs de publicité !

Et puis, au fond, il y l’inusable dictionnaire des insultes, celui que nous connaissons tous ou presque, et bien qu’il ne soit pas, à ma connaissance, publié, nous avons tous un armement linguistique propre à faire rougir les moins chastes. Maintenant, j’ai envie d’ajouter des insultes à la liste, juste parce que voilà bon, j’en ai envie…

Espèce de … espèce de…

POULET ROTI VA !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

oula poulet roti toi même non mais ohhhhhhhhhhhhhh
Didine