27 décembre 2010

Pas trop de bobos ?

Non, ne vous méprenez pas ! Pour une fois, je ne vais pas agresser cette population prétentieuse, pédante et insupportable de petits bourgeois qui annoncent vouloir la révolution, tout en étant les chantres du capitalisme, ceci tant par les actes que par les urnes. Non, là, honnêtement, je vais juste me contenter d’aller titiller votre tempérament et vos aigreurs d’estomac, ceci à travers un lendemain de fête qui peut déchanter assez brutalement. Pour autant que je sache, noël tout comme le jour de l’an sont nécessairement la cause de beuveries pour les uns, d’excès alimentaires pour les autres, et de déceptions pour pas mal d’entres eux. Notez que c’est sans aigreur personnelle que j’y songe, au titre que je n’aime pas ce genre de fête d’une part, et que d’autre part je n’ai pas eu un noël déprimant. Mais qu’en est-il pour les autres ?

Tout d’abord, il y a ce foutu folklore nauséeux à souhait qui est de s’empiffrer. Pourquoi diable attendre une telle date pour pratiquer l’orgie ? En quoi une date sur le calendrier suffit-elle à déclencher nos instincts les plus bas ? Non content de trop manger, on le fait sans se priver, alors que le reste de l’année, on est foutus de se contenter de féculents, de steak premier prix au soja (PS : que vient faire le soja dans un steak... qu’on m’explique, je dois être trop con pour comprendre), et de pâté produit dieu seul sait où. Pour noël ? Dinde farcie, huîtres, foie gras, champagne, rien n’est trop bon pour notre appétit d’ogre, quitte à s’en mordre les doigts le lendemain. Ce n’est pas tant que je n’aime pas les dits produits, mais surtout que je ne saisis pas le besoin irrépressible qu’ont les pauvres hères que nous sommes à vouloir imiter les nantis qui, eux, mangent et boivent ces produits sans en tenir compte. C’en est affligeant : n’est-ce pas ridicule, cet ouvrier qui se ruine pour goûter au fameux et surfait caviar Russe ? N’est-ce pas dramatique, le besoin de se dire « tiens, j’ai goûté cette connerie de champagne à 150 Euros la bouteille », tout ceci pour être au mieux déçu, au pire carrément écoeuré ? Encore une fois, n’y voyez pas une critique ni sur le prix, ni sur la qualité intrinsèque du produit. La seule chose qui fâche, c’est de se dire qu’on vient de lâcher un ticket d’une semaine de courses pour une petite boîte de 50 grammes, laquelle s’avère avoir un goût d’eau de mer mâtiné d’un je ne sais quoi de poisson pas frais. Ah, l’envie du pauvre concernant les habitudes du riche !

Mais si ce n’était qu’à table ! Avant, il y a l’apéritif qui généralement vous noie un foie bien plus vite que n’importe quelle taverne de renom. Pire encore pour le pauvre organe : noël se révèle être une source intarissable de consommation de chocolat, qu’il soit de qualité ou pas. Les lendemains qui déchantent, avec ses migraines, ses vomissements, ses « crises de foie » (qui, notons le, n’existent pas, puisque le foie n’est pas un muscle), ou encore ces deux jours de nausée permanente où chacun cherche désespérément refuge dans les bras de Saint Alka-Seltzer. Hé oui, l’homme aime se retourner le cerveau, sous prétexte qu’il faut faire la fête, ou bien est-ce le fait d’aimer voir son cerveau réduit en purée qui sert de prétexte à la fête, allez savoir. Bref, les hôpitaux, et surtout les pharmaciens doivent forcément récupérer de l’égaré de la gamelle, du démonté de l’estomac, et ce à la pelle. L’automne est propice aux feuilles mortes, noël et le jour de l’an sont propices aux cadavres de bouteilles. Pas tout à fait la même ambiance je dois dire.

Il y a également ce rituel des cadeaux. Qui n’a pas eu des envies d’homicides face à une horreur absolue, face au cadeau dont personne ne veut, ou pire encore, qui se refile de mains en mains, en attendant que quelqu’un ait enfin le cran de le mettre à la benne ? On ne sait jamais quoi offrir, sauf à le demander ouvertement, ou à faire preuve d’un éclair de génie qui n’arrive que trop rarement. Alors, on se déleste de quelques Euros en prenant la première saleté qui trône sur un étal, comme par exemple un encensoir, une lampe hideuse, ou encore un service à thé dont personne n’aura jamais l’usage. Et là, que faire ? Grogner, se plaindre ? Ce serait de l’incorrection de la pire espèce ! Alors, on se force, on sourit, on maugrée dans sa barbe, tout en attendant le départ de celui ou celle qui vous fait le cadeau, afin d’aller faire découvrir au dit présent qu’il y a un placard pour lui. Mais là, généralement, c’est le drame, car le dit placard dégorge lui aussi d’anciens objets, de ces cochonneries dont on ose pas se débarrasser. Tenez, d’ailleurs, bonne blague : on ne peut que très rarement se débarrasser de ces abominations, parce qu’on ne veut pas froisser qui que ce soit. Dès fois que la tante Ursule demande à boire un thé sans « son » service... Pathétique, non ?

Alors, entre l’hypocrisie qui vous arrache des larmes de sang, et les abus qui vous tirent des larmes de désespoir, avez-vous eu bobo à la tête pour noël ? Pour ma part, pas vraiment. En effet, j’ai trouvé LA stratégie gagnante : offrez sciemment des horreurs en représailles, tout en montrant bien qu’il s’agit là d’une attaque, une déclaration de guerre. En réponse, bien entendu, chacun réfléchira à deux fois avant de vous offrir quoi que ce soit, et surtout quoi que ce soit de hideux... Ou alors la personne est aussi tordue que moi, et se lancera, elle aussi, dans une guerre à l’objet le plus débile possible. Et merde !

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