23 juin 2010

Humour infect

Autant je suis outré quand un sujet important n’est pas traité par les médias, autant je le suis aussi quand on critique ceux qui ont le courage et l’humour nécessaires pour en rire. Il est de notoriété publique que rire d’un désastre récent attire plus les colères que les sympathies, et critiquer ouvertement un gouvernement, une région ou un politique pour une gestion de crise calamiteuse mène souvent au procès pour diffamation, ou tout du moins à la censure généralisée. N’étant ami ni avec des cols blancs, ni avec des organes de presse, je me doute bien qu’en cas de notoriété inattendue (on ne sait jamais, un coup du sort qui ferait que les requêtes google mènent tous le trafic sur mon blog…) je pourrais me faire tailler en copeaux pour irrévérence, diffamation, ou tout autre truc bien désagréable pour mon matricule de sécu pouvant l’amener à se transformer en numéro d’écrou.

Dans un premier temps, il faut bien entendu ne pas céder à la facilité : lors d’inondations, jouer sur le thème de Moïse utile pour sauver les sinistrés, ou de Jésus en guide spirituel pourrait avoir mauvaise presse. Cela n’empêche pas pour autant de critiquer tout en ironisant avec une certaine forme d’autodérision ! « Y sont passés, les pompiers, pour le calendrier de noël ? Oui ! En zodiac, pourquoi ? ». De la même manière, les sinistrés des grandes tempêtes du nord pourrait présenter la chose sous la forme d’un « Une caravane, c’est quand même plus pratique qu’une maison. En cas de nouvelle tempête, ils mettront moins de temps à nous en fournir une, qu’à gérer notre dossier en indemnisation ». C’est infâme, certes, mais tellement plus proche des vérités du terrain…

Je n’aime pas trop que l’on puisse railler les victimes. La majorité des victimes n’ont aucune culpabilité dans leur malheur, et elles subissent toutes les éléments, ou bien les actions incongrues de tiers. Les effondrements de digues sont autant le fait de la nature que de l’incurie des régions concernant la préservation de cet héritage séculaire. De là, il faut donc rire des régions, des politiques, pas des citoyens. « Tiens, v’là le maire qui va voir sa maîtresse. Enfin bon, c’est plus discret quand il prend le kayak que quand il prenait sa grosse Mercedes. Et puis ça nous coûte moins cher.» Je suis moqueur…

Dans cet esprit, peut on plaisanter de l’équipe de France ? J’en ai bien assez dit à leur sujet, donc autant ne pas en ajouter des couches, d’autres s’en chargeant fort bien au quotidien. D’ailleurs, c’est plutôt les journalistes que j’ai envie de railler là… A force de parler des bleus, ils seraient avisés de faire des stocks de la dite couleur, sous peine de devoir se rabattre sur une autre teinte. Et puis, question sponsors, grâce aux bleus et leurs affaires de fric, de cul, de pouvoir, les journaux peuvent enfin leur offrir une nouvelle part du gâteau ! Vive les unes avec les trois bandes en pleine page, vive les images et les ralentis où l’on voit le logo un peu trop petit sur la poitrine… De vrais hommes sandwichs !

On dit qu’il faut un délai entre l’information et l’ironie, parce qu’il faut éviter de plaisanter sur des sujets sans certitude. C’est vrai que cela mettrait mal à l’aise de se payer la fiole d’un politique trempant dans des histoires de fric et d’enregistrements bizarres… Et puis non : j’en rigole tout de même. A quand la vidéo pornographique cachée de Bettencourt avec le ministre ? On n’est plus à ça près finalement ! Allez, quelques autres révélations bien crades, j’aime avoir de la matière.

Et puis enfin il y a ces regards auxquels je n’ai aucune envie de toucher, ces yeux embués que je ne veux pas souiller : ceux des gosses terrifiés par les inondations en Chine, et ceux des gosses d’un autre continent, tristes de voir leur pays ne pas passer le premier tour. Je pense à ce gosse asiatique qui voit sa maison s’effondrer, et à ce gamin africain qui rêvait de voir les bafanas bafanas arriver en huitième de finale. Comment ça, je ne pense pas au petit français ? Parce qu’il faudrait que je pense au désoeuvrement du mouflet de banlieue qui pleure son héros mal éduqué ? Et puis quoi encore ?

Et c’est parti, je me fous encore une fois de la gueule de l’équipe de France… Et merde !

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