07 juin 2010

Cloner n’est pas jouer

Ca craint. Ca craint vraiment ! Avec l’incroyable évolution de nos connaissances dans nombre de domaines scientifiques, il est aujourd’hui possible de parler de manipulations génétique, et même de clonage. Bien entendu, l’éthique, derrière pourfendeuse des hérétiques à la seringue, est supposée freiner et bloquer l’expérimentation de telles techniques sur l’être humain. Donc, on ne saurait voir, en principe, de clones humains avant bien longtemps. Fut une époque, ce qui rassurait les législateurs, c’est que la technologie mise en œuvre dans le clonage semblait inutilisable pour l’homme. Or, nombre de sociétés se sont lancées sur ce marché avec nos animaux de compagnie, et plus notablement avec les chiens !

Chouette ! La voisine hystérique et casse bonbons va faire revivre son foutu corniaud avec la génétique ! On va devoir lui rouler à nouveau dessus, lui faire un look façon sandwich SNCF au Yorkshire à sa mémère. Plaisanterie d’un goût douteux mis à part, je trouve fascinant l’envie qu’ont ces maîtres fortunés (une centaine de milliers de dollars le clone, tout de même) de voir « revenir à la vie » leur défunt clébard. Rex est mort, vive Rex ! Et ça ne semble pas trop choquer les médias, vu la certaine complaisance qui est mise dans l’œil de la caméra. Bah oui, ce sont des originaux fortunés, des tordus qui ne voient rien de mal à cloner un animal de compagnie, et qui, sous couvert de moralité, certifient qu’ils ne veulent pas entendre parler de clonage humain. Qui y croit ? Moi le premier, j’affirme qu’ils financent sciemment ces sociétés (douteuses à n’en point douter), de manière à s’assurer la primauté des procédés, si les lois venaient à s’assouplir à ce sujet. Ah, le rêve de renaissance ou d’immortalité, que ne feras tu faire aux hommes !

Bien qu’il soit concevable que le clonage puisse avoir certaines applications utiles, comme par exemple la reconstruction d’organes vitaux pour les malades, ou encore les soins via thérapie génique, j’ai énormément de mal à sourire à l’idée que des particuliers puissent financer de tels projets dignes de Frankenstein. « Et que je prenne une cellule X dont j’ôte le génome, et que je le fourre comme un donut avec le nouvel ADN, et que je mette le tout à cuire un petit moment, et paf, un chien tout neuf ! ». Affolant, d’autant plus qu’il s’agit là de pratiques apparemment tout à fait légales, puisque ne blessant aucun animal, et manipulant du patrimoine génétique non humain, donc non soumis à des moratoires et autres gardes fous. Et demain ? Ben le youki il avait les yeux marrons, et qu’on lui bidouillera un successeur avec les yeux bleus, parce que le bleu c’est plus classe sur cette race de toutou à sa mémère.

Jouer les apprentis sorciers n’est pas une solution pérenne : je ne crois absolument pas à la vertu de l’expérimentation en aveugle, surtout quand les dites manipulations peuvent nous mener à la catastrophe. Aujourd’hui on clone des chiens, demain des humains. Dans quel but ? Offrir un libre-service pour des organes de premier choix ? Constituer des armées dévouées et formatées pour l’exploration spatiale, ou les guerres du futur ? Créer une sélection de clones pour tester des médicaments ou des thérapies nouvelles ? Les horizons sont sans limite, tout comme ils sont aussi terrifiants. Après tout, si l’on extrait un ADN, on peut envisager de le bricoler à loisir. Je vois d’ici les gros titres des tabloïds : « Nouvel exploit chez Genoplex Inc. La fusion de la mouche et du chat, donnant naissance au nouvel animal hybride à la mode : le flycat ! ». Seigneur, j’en frémis d’avance, et n’ose même pas imaginer ma facture en baygon et en tapettes géantes…

Qu’il me soit permis de dire que j’aime le progrès, que j’estime que la génétique est un domaine à étudier, simplement pour l’idée qu’on puisse sauver des vies avec de nouveaux procédés de soins. Qu’on se dise aussi qu’il n’est pas question que l’on sélectionne notre descendance comme l’on choisirait des chaussettes dans un catalogue La Redoute. Et qu’on arrête de croire que se cloner soi-même, c’est s’offrir l’immortalité. En effet, mourir, c’est démontrer que la vie a un sens (même s’il est pénible de se dire qu’il y a une fin), et donc par voie de conséquence, vieillir fait partie des obligations de la nature. Au premier immortel qui aura le malheur de vivre sans jamais craindre, je dis bonne chance, car il perdre goût à toute chose, car toute chose n’a de goût que parce qu’elle est temporaire et volatile.

Sur ce, je vais de ce pas passer commande pour un bataillon de clones. D’ici à ce que les petits soient grands, entraînés et équipés, j’ai une petite vingtaine d’années à patienter. Espérons que le SAV sera à la hauteur, parce que je ne paierai pas pour une armée de bipèdes décérébrés ou mal formés… Allez hop, m’sieur Mengele, on s’fait une toile ?

PS: Amusant, la société Bioarts, responsable de ce marché du corniaud cloné, a décidé d'arrêter le business... C'est édifiant.
Les six raisons de l'arrêt du clonage des chiens?
1) Un marché trop réduit (ben oui, 100.000$ pour un clebs...)
2) Une compétition et un marché noir "sans éthique". A mourir de rire! Ils pensaient rester seuls sur le marché du clonage?
3) Le manque de possibilité de breveter la chose (donc de toucher des royalties sur qui se lancerait sur ce marché). La vie ne se brevète pas, bordel!
4) De la bioéthique peu maîtrisée. Dites, vous n'auriez pas pu y songer AVANT de commencer?!
5) Des résultats imprévisibles. Ben voyons, on joue les apprentis sorciers, puis l'on s'étonne de sortir des horreurs dans les laboratoires.
6) Le facteur distraction. Le plus risible de tous je crois: à se mettre en avant sur un marché aussi sensible et médiatisé, difficile de croire que la société BioArts ne s'attendait pas à une telle affluence de journalistes et autres enquêteurs à la recherches de réponses....
Bioarts arrête la production de clones... pour des raisons éminemment éthiques... donc financières (en anglais)

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