29 avril 2010

Plaisanterie de mauvais goût

N’étant pas un amateur des journées à vertus comiques comme le premier Avril, je prends généralement les plaisanteries de mauvais goût avec très peu d’humour. Non que je sois de ceux qui n’aiment pas rire, mais quitte à rire, autant le faire correctement. Je ne trouve pas drôles les vidéos où les gens s’explosent la face contre une façade, pas plus que l’idée que ce gens se soient volontairement mutilés, fracturés les membres, tout ça pour apparaître quelques instants à la télévision ou sur la toile. Pourtant, certains s’échinent à plaisanter lourdement, poussant les blagues pseudo potaches jusqu’au paroxysme de la bêtise, comme si cela pouvait représenter un accomplissement personnel. De la finesse que diable, le talent de faire rire n’est pas donné à tout le monde, et nombre de gags sont travaillés, retravaillés, cent fois revus pour accentuer le côté faussement impromptu. C’est l’art consommé du comique, du saltimbanque qui fait tout.

Mais il y a aussi une autre catégorie de plaisanteries de mauvais goût, les involontaires, celles qui vous laissent perplexes concernant la santé mentale de votre interlocuteur. Vous avez beau tourner la question dans tous les sens, avoir essayé de comprendre le fond de la « pensée » de la personne qui vous assène son humour involontaire, vous ne parvenez qu’au néant le plus total. La force de la conviction est quelque chose d’énorme, d’utile la plupart du temps… Mais quand il s’agit ensuite de perpétuer des inepties, de la bêtise en containers marine, on est dans un autre univers, une galaxie d’inculture où les planètes tournent autour de la terre, où l’on crucifierait volontiers le voisin, et où les notions élémentaires de liberté et d’égalité n’ont jamais été envisagées. Tenez, j’aime beaucoup le cliché mondialement répété de la démocratie et la liberté individuelle à l’Américaine. Ah, qu’elle est belle cette Amérique, ces USA où l’on peut librement entreprendre, s’enrichir, rouler en Cadillac flamboyante, où les filles sont systématiquement des mannequins, et où les journalistes font tomber les gouvernements…

Mais, pourtant, si le pays est si démocratique, comment diable une opposition à la guerre n’a-t-elle pas pesée de tout son poids pour empêcher les désastres en Irak et en Afghanistan ? Pourquoi n’entend-on jamais parler (ici du moins) de mouvements citoyens contre la guerre, soutenant les soldats, mais invitant les gouvernements à cesser des guerres aussi vaines que dangereuses ? Probablement parce que la liberté d’opinion est contrite et soumise à celle, plus essentielle aux USA, de prospérer et de faire des affaires. La preuve en est : qui se préoccupe concrètement de la vie sociale des USA ? Nous ?! Quelle plaisanterie ! La pauvreté est un fait monstrueux, abominable pour une nation réputée riche et puissante. Ils ont le tiers monde en ville, l’insécurité sociale règne, et pourtant, on continue à nous bourrer le crâne de l’idée saugrenue que c’est la seule issue. Je suis bien plus affolé par l’idée qu’on puisse dériver au point de rejoindre une ligne de conduite aussi désastreuse, que par l’idée tout de même inquiétante de privatiser, peu à peu, les services publics. USA, tout sauf un paradis.

Ah ça, pour nous bourrer les tympans des échecs à la Française, depuis les prêts aux banques, en passant par les vaccins achetés en trop grosses quantités, jusqu’à l’implication des gouvernants dans nombre d’affaires louches et puantes, nous savons nous cracher seul à la gueule. Et doit-on pour autant oublier de montrer ce que les autres font ? J’ai l’impression que notre acte de contrition n’est lié qu’au fait que nous n’avons pas la bonne façon d’aborder l’enrichissement personnel. En France, être riche, c’est devoir vivre caché, car l’ostentatoire insulte le prolétaire. Aux USA, le riche se doit de montrer qu’on peut réussir, et qu’être riche n’est pas sale. Et pourtant, quand j’entends parler des lois dont les USA se sont dotées ces dernières années, je frémis d’angoisse : patriot act II, et la directive 51. Ca ne vous parle pas, je suppose… Bien entendu, personne ne va nous rappeler que les USA ont aujourd’hui un arsenal juridique digne des pires moments de l’Europe d’occupation !

Allez, pour la fine bouche :
Patriot act 1 et 2 :
Autorise les mandats de perquisition en dehors de la présence de la personne perquisitionnée. Littéralement, cette partie est surnommée (entrer discrètement et fouiller : « sneak and peek »).
La mise à disposition d’un couteau suisse dictatorial, nommé « Enlèvement des obstacles sur l'investigation dans le terrorisme ». Que dire… tout est dit !

Directive 51 (du 9 Mai 2007) :
Cette directive permettrait (je cite) « d'instaurer la loi martiale, d'invalider les élections présidentielles, de démettre le congrès de son rôle de contre-pouvoir, de remplacer la police par l'armée et les tribunaux civils par des tribunaux militaires, et d'emprisonner sans procès toute personne contrevenant à l'ordre public et à la sécurité nationale. ».
Ca laisse songeur, non ?

Et là, j’entends l’autre ahuri me sortir « Ah, les USA, j’en rêve ! Terrer de liberté, de progrès… »

Toi, tu as un sens de l’humour qui me dépasse!

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