15 mars 2010

Je passe pour un sentimental, mais je m’en moque

Je sais qu’il n’est jamais facile d’exprimer des sentiments de manière suffisamment claire, et qui plus est quand ils sont chargés d’émotions et de souvenirs. On se réfugie souvent dans le silence pour ne pas avoir à subir l’expérience de dire les choses, les faire comprendre aux autres, alors que les gestes, les pensées et les idées sont elles aussi essentielles que les mots eux-mêmes. Certains jugent les autres, surtout quand ils disent « je t’aime », quand ils avouent sans honte ou hésitation qu’ils éprouvent des sentiments. A croire que nous devrions nous réduire à quelques attitudes formatées, un peu comme si les gens se devaient d’être uniformes et froids. Je m’y refuse. Que m’importera le jugement qu’on portera sur moi, que m’importera leurs quolibets, j’aime à dire ce que je ressens, ceci quitte à passer pour un sentimental. Tant pis pour ceux qui ne le comprennent pas.

Les émotions prennent tous les aspects, depuis la clarté lumineuse jusqu’à l’obscurité la plus totale, et entre les deux naviguent doutes et incertitudes. C’est avec cela que se forge la Vie, elle est bâtie dans l’essai, l’erreur, puis un jour peut-être, le pardon. Alors, plutôt que de camper sur des certitudes aussi malsaines que trop figées, je préfère et prône le doute. Suis-je sûr de ce que je ressens ? Aujourd’hui… mais demain ? Les seules choses dont je puis être convaincu, c’est que j’éprouve, je subis autant que je fais subir, et que cela fait de moi un être humain ordinaire. Etre froid, c’est déjà oublier ce qui fait de nous ces êtres si étranges et si créatifs, et je ne peux pas oublier, je ne veux pas que cette capacité à souffrir autant qu’à aimer soient effacées par un besoin de se protéger. Fuir ? Ce n’est pas la solution, ce n’est qu’une échappatoire temporaire, de celles qu’on regrette tôt ou tard, ou qu’on fait payer aux autres.

Plus d’une fois j’ai eu à me demander s’il était nécessaire d’avancer, ou si je ne serais pas plus avisé de baisser les bras. La facilité ne s’est que trop imposée, impérieuse pourriture qui veut réduire au silence les mots d’espoir. Alors, dans le sursaut d’un orgueil solide et déterminé, j’ai rebondi. Comme chacun peut le faire s’il se décide à le faire, c’est ainsi qu’on avance, pas à pas, même si la chute est souvent présente, nous attirant vers le néant. C’est avec certains sourires, certaines pensées pour des êtres aimés que je suis resté sur la route, alors que le fossé s’offrait à moi, facile, évident, définitif. Rien que pour un sourire, rien que pour un mot de réconfort, je me suis relevé, comme bien d’autres le font au quotidien. Suis-je fier de cela ? Je suis surtout fier de me dire qu’il y a des gens biens qui m’aiment tel que je suis… Pour les autres, qu’ils s’excitent pour me saborder, je me ferai une joie de leur démontrer qu’une citadelle peut s’avérer réellement imprenable. Et puis, par principe, je résisterai pour leur démontrer qu’ils se sont trompés sur mon compte. C’est une question de principe, je crois.

Ai-je été grandi par les épreuves ? Une épreuve peut briser, autant qu’elle peut nous enseigner humilité, courage et compassion. Grâce à une fleur, je me suis redécouvert une âme, je me suis aperçu qu’il pouvait y avoir un soleil quelque part tapi dans mon obscurité. A force d’endurcir l’âme, on en fait un coffre bien verrouillé, le genre d’endroit où peu osent s’aventurer. Elle, c’est avec la patience d’un ange, et une dose de tendresse non négligeable qu’elle a fait sauter les verrous de mes issues. Pourquoi l’a-t-elle fait ? Par amour sincère ? Par charité ? Par satisfaction personnelle ? Pour moi, par passion, pour un sentiment aussi fort que sincère qu’elle m’a offert sans la moindre hésitation. Elle a eu à subir mon tempérament endurci à outrance, essuyant, je le crois aujourd’hui, des foudres imméritées. Elle sait jouer avec mes colères et les modeler en construction, elle sait me faire dire des tendresses que je n’offre que trop rarement. Elle a su faire pétiller mon regard, le rendre enfin humain, alors que j’en avais fait un glaive d’un bleu acier. J’assassinais le monde de mes yeux, j’arrive maintenant à le scruter sans le maudire sans cesse.

Elle est toujours là, proche et lointaine à la fois, plus qu’un fantôme, plus claire qu’une ombre, une présence tendre et chaleureuse vers laquelle je me tourne quand je dois me confier, à qui je peux laisser mon cœur sans craindre de le voir être brisé, et, finalement, le sentir battre plus paisiblement que jamais. Est-ce de l’amour ? En quelque sorte, d’une manière qui nous est très personnelle. Il y a des gens que nous aimons de la sorte dans l’existence, avec la véritable force de savoir qu’il n’y a rien à y perdre, rien à y gagner si ce n’est d’être soi-même. Elle aussi fut un oiseau blessé, un ange aux ailes brisées par le destin. Elle a su s’envoler, reprendre le cours de son existence, souriant avec nostalgie en regardant les fêlures de son âme, caressant de ses mots les miennes, lissant ainsi les falaises qui se sont creusées en moi. Grâce à toi, chère et tendre violette, je peux vivre mon quotidien en me disant « Ca en vaut la peine ». Merci ma douce fleur, je t’embrasse tendrement en ce jour qui marque ton anniversaire.

Ton hérisson qui pense à toi.

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