08 janvier 2010

Merci ma violette

Suite à l’article sur Albator, une conversation fort étrange eut lieu entre une amie et moi. Celle-ci me lança avec le sourire « Toi, tu aimerais bien devenir ce capitaine. Ca te ressemblerait d’ailleurs : taciturne, du caractère, et l’envie de soutenir la liberté ». Cela me fit tout d’abord sourire : quel adulte ne rirait pas à l’idée de devenir un personnage de dessin animé ? On tolère ce genre de rêve quand il vient d’un enfant qui ne voit que le côté héroïque du personnage, mais bien moins d’un adulte. Au mieux, on le taxerait d’être un doux rêveur, au pire, on lui conseillerait de s’entretenir en urgence avec un psy compétent ! Pourtant, je l’admets sans difficulté, j’apprécierais avoir un tempérament et une autorité comme celle du capitaine Herlock. C’est con, c’est enfantin, mais c’est vrai.

Qu’est-ce qu’il y a de ridicule à vouloir assumer ses opinions, quitte à mettre sa vie en jeu ? Défendre une idée, se battre envers et contre tout, c’est un phénomène qui a toujours créé de véritables icônes humaines. Qu’on ait ou non des opinions en commun avec ces symboles, force est de reconnaître que ces meneurs perdurent à travers l’histoire. Qui aurait l’aplomb pour dire « Non » face à des personnages aussi charismatiques que César, Alexandre le Grand, l’impératrice Eugénie, Napoléon, Gengis Khan, ou encore Patton ? L’autorité est une chose, la détermination en est une autre. Celui qui force le respect par ses actes est d’autant plus puissant s’il est capable de galvaniser ceux qui le suivent. Alors oui, pourquoi ne pas être, si le besoin s’en faisait sentir, un capitaine Herlock ? Je l’ai toujours affirmé, j’admire les gens de convictions, même si celles-ci ne sont pas les miennes, et le capitaine est représentatif d’un idéal que j’aimerais ne jamais devoir atteindre par la force des choses, mais que j’aimerais égaler par pure honnêteté envers mes opinions.

On parle, non sans raison, de la fascination que peut provoquer l’uniforme sur les gens. Bien sûr qu’une autorité symbolisée de la sorte a de quoi attirer, d’autant plus si les choix esthétiques sont stricts. Herlock porte la tête de mort, l’étendard des pirates, et c’est quelque chose de terriblement puissant. Qu’est-ce que le pirate ? Celui qui navigue sans loi, qui s’oppose à l’autorité établie, et qui n’hésite pas à se lancer dans un combat où seule sa force de caractère lui permet de vaincre. Cliché classique pour les enfants, il y a également énormément plus d’histoires qui se cachent derrière le drapeau noir à la tête de mort. Les hussards Autrichiens, puis les blindés Allemands portèrent la tête de mort. On associe à tort cette tête de mort au nazisme, l’emblème ayant été porté bien avant l’avènement du pouvoir nazi en Allemagne. Il représentait l’engagement total de ces troupes, un choix délibéré car il n’y avait pas de conscrits dans ces corps. Volonté, honneur, fierté de l’uniforme, voilà aussi d’autres valeurs portées par la tête de mort. Et puis, surtout, la relation à la mort, toujours présente, toujours possible pendant le combat. Pour cela aussi, oui, j’aimerais avoir le courage de tous ces personnages…

J’ai eu, à l’occasion de mon article, de naviguer sur la toile à la recherche d’informations complémentaires sur le compte de l’auteur du capitaine Herlock. J’ai eu donc le déplaisir de lire des inepties comme « Albator est un fasciste », ou encore « il est un symbole de l’extrême droite ». Tas de cons ! Oui, je tiens à l’insulte proférée à l’encontre des abrutis tenant ce genre de propos. Qu’est-ce qu’il y a de fascisant dans le fait de résister contre la dictature, de se respecter soi-même et les autres, de lutter pour un idéal ? Qu’on m’explique en quoi un résistant est un fasciste, en quoi refuser l’ordre établi est un acte fascisant. Oui, il est humain, avec des coups de sang frôlant parfois la folie, oui aussi il cache et ravale ses sentiments (on ne le voit pleurer qu’une seule fois en 64 épisodes !), mais est-ce de la froideur, ou simplement la réaction d’un homme qui en a trop vu ? Quiconque ayant côtoyé un ancien combattant sait à quel point les sentiments s’enferment dans le silence, à quel point l’on enterre littéralement son humanité pour continuer le combat. Herlock n’est pas un fasciste, il est ce que j’aimerais voir chez chacun de nous : un homme de convictions. Il croit dans l’idée de résister contre la dictature. Il croit en l’être humain. Il croit en son équipage. Il a confiance et donne son amitié sans restriction. J’aimerais être un tel homme, capable de ne pas dévier de ma ligne de conduite, capable de soutenir, quoi qu’il arrive, le front haut et le regard clair, qu’il faut être humain, ne pas céder aux chimères de la richesse éphémère et du pouvoir qui envenime l’âme. Que j’aimerais pouvoir inculquer le respect d’autrui et de soi à ma descendance, lui apprendre que l’on vit non pour dominer, mais pour partager, apprendre, grandir, et aider les autres à en faire autant.

Merci ma violette, tu m’as rappelé pourquoi j’écris sur ce site : parce que je crois qu’il faut s’exprimer, coûte que coûte, qu’il faut savoir être fier de ses opinions et de soi, et les défendre quoi qu’il advienne. Merci de m’avoir aussi fait me souvenir que bien des gens sont tombés pour cette envie de liberté, et que je me dois de leur rendre hommage à travers ma plume. Si le destin décrète que je sois un jour tenu de me battre, faites que je sois à la hauteur de la légende qu’est le capitaine Herlock, que je sois un meneur d’hommes, que je sois entier, aimant, sincère et droit.

Merci ma fleur.

1 commentaire:

Thoraval a dit…

Si un jour la situation l'exige, ne cherche pas à être autrement que ce que tu es. Continues à écrire. Un texte peut toucher en rafale plusieurs consciences à des milliers de kilomètres. Une balle, elle, ne peut toucher qu'un crâne ou deux à la fois. Et des crânes imbéciles, la plupart du temps...