03 décembre 2009

Boum boum, tsoin tsoin

J’ai toujours été fasciné par l’étrange impact des percussions sur l’homme. Contrairement au miaulement ahurissant de la cornemuse déchirant les tympans des non avertis, la grosse caisse, les cymbales, bref tout ce qu’on tape comme des brutes pour émettre un son se révèle hypnotique pour l’humanité. N’ayons pas peur des mots : l’homme aime les percussions, et elles sont révélatrices de son tempérament potentiellement brutal. Ah, le tambour de guerre violenté au moment de l’assaut des barbares, les peaux tendues qu’on martèle pour annoncer l’assaut, ou encore la fanfare qui réussit à guider une population hallucinée dans les carnavals…

Qu’on ne se méprenne pas sur cette réalité : c’est le rythme qui est le catalyseur plus que le tintamarre de la batterie. C’est flagrant quand vous avez le malheur d’offrir un jouet qui fait du bruit à un gosse : plus il en usera avec plaisir, plus cela vous gonflera, et si, par malheur, cela vous amène à l’énervement, le mioche se posera en victime, puisque c’est vous qui lui avez offert l’objet du délit ! On peut donc exclure le rôle sonore des percussions, et s’orienter sur la régularité. Il est plus digne de faire passer des caisses claires en rythme lors d’un enterrement militaire, que de suggérer l’usage du fifre ou bien de l’orgue de barbarie, non ? L’ordre, la régularité des percussions font autorité, et elles arrivent même à se passer d’un orchestre, tandis que d’autres instruments, eux, en sont incapables. Tendez donc d’obtenir un tube de l’été avec un cor de chasse ou Bontempi et on en reparlera (quoique : les années 80 furent prolifiques en terme de « chansons » composées sur ce pseudo synthétiseur bas de gamme).

Le rythme peut nous ramener à des nations, voire des continents très différents. Les tambourins des Indiens, les percussions Africaines, ou celles Japonaises sont toutes aussi différentes qu’elles semblent identiques de prime abord. Mais tous ces styles, toutes ces formes ont en commun une capacité à transmettre une histoire et des vibrations propres à exalter l’imagination. Faites un rythme lourd, des roulements très lents et graves, et a contrario quelque chose de saccadé et très rapide, et vous percevrez des histoires très différentes. L’émotion de la percussion se fonde alors sur la vitesse et sur la vibration, alors que d’autres instruments iront aussi chercher la mélodie, les bémols et trilles infaisables (ou presque) sur une percussion. Fabuleux, et insidieux à la fois. Et la samba… j’aurais presque oublié les rythmes endiablés qui vous emmènent jusqu’aux excès que vous n’auriez jamais imaginés une heure avant !

Je m’amuse énormément avec la musique, notamment lorsque j’écris. Si je veux me faciliter la création, je choisis avec soin quelques morceaux collant à ce que je désire retranscrire comme sensations et émotions, et globalement, un peu à la manière d’un film intérieur, je me laisse porter par l’environnement sonore. C’est le jeu du « si ça colle à l’action, peut-être que l’action s’appuiera aussi dessus ». Cela dépasse même le cadre du cinéma : n’est-on pas ému quand une chanson sait nous faire vibrer par toute sa richesse, ou au contraire par son dénuement calculé ? Le sourire qui naît en soi quand une belle mélodie vous transporte, c’est une richesse et un cadeau du compositeur, en tout cas je prends ce sourire comme tel.

Après, la chanson peut devenir aussi un outil nocif de propagande, d’entrain pour aller se faire piler la tronche au gros calibre, et même (si si !) nous inciter à devenir nous-mêmes des bourreaux. Notez que tout pays a un hymne, une chanson étendard, et que la plupart ont une connotation si ce n’est guerrière, au minimum fortement historique. Et tiens, c’est amusant, les percussions y sont souvent très présentes… Ce n’est sûrement pas un fait du hasard. Vous ne voyez pas ? Pourtant c’est élémentaire : prenez n’importe quel illettré, collez lui une caisse claire, deux baguettes, et passez deux trois heures à lui faire répéter le morceau. La qualité sera au mieux médiocre, mais suffisante pour les non mélomanes du peloton… renouvelez l’expérience avec une trompette, et passez l’unité horaire en mensuelles ! Eh oui : la percussion plait parce qu’elle est métronomique, tout en étant abordable (pour débuter uniquement, cela devient ensuite vraiment complexe)

Bon c’est décidé : demain je me mets aux cymbales. Au pire, je pourrai faire le singe, au mieux j’emmènerai la colonne des révoltés pour dresser une potence à une lanterne… Et merde ! On n’a jamais vu une révolution menée par un type cognant deux bouts de bronze l’un contre l’autre !

1 commentaire:

Eathanor a dit…

Quel dommage qu'il ne soit pas possible de te contacter directement par mail Jefaispeuralafoule.

Je pense que si je te cite le pseudonyme Aegimios, tu te souviendras parfaitement de moi sur un certain tchat :)

C'est avec plaisir que je te lirais dans ma boite de réception des mails. Quand à ton blog, je vais y revenir souvent il me semble ^^