08 septembre 2009

Bordel, qu’ils sont cons ces observateurs

Y a de quoi douter concernant la santé mentale des observateurs de l’ONU. Enfin, je dis l’ONU, comme j’aurais pu parler de n’importe quel observateur « impartial » envoyé dans le monde pour surveiller le déroulement d’élections « libres ». Libres ? Honnêtes ? Heu, dites les enfants, vous avez oubliés que, si l’on envoie des observateurs, c’est justement parce que l’on a la conviction que les dites élections seront truquées ? Et, en toute sincérité, vous y croyez, vous, au poids de la pression internationale pour imposer aux locaux une quelconque honnêteté politique ?

J’adore ce raisonnement : envoyons quelques guignols fringués comme des colons de l’époque victorienne et donnons leur un pseudo mandat de l’ONU pour qu’ils puissent, comment qu’ils disent déjà ? Oui, c’est ça : surveiller le déroulement du scrutin. Hé, les charlots, depuis quand une dictature s’impose devant l’urne ? Elle le fait aux vues et sues de tous, directement dans la rue, en armant soit des milices, soit en faisant défiler l’armée… ce qui concrètement revient au même. Là, le Congo est critiqué pour de « graves irrégularités ». Tiens donc, parce que le fils Bongo, il est arrivé là par ses compétences ?

Pathétique. L’Europe et la France en tête sait qu’on ne peut pas compter sur la légitimité d’une élection dans cette partie du monde : manipulations, vols, menaces et même meurtres sont monnaie courante. Et on envoie des ballerines couleur sable avec des Jeep couleur neige, en espérant déminer des situations explosives ? Les pauvres, je les vois bien, campant à côté d’une boite estampillée du drapeau local, et verrouillée d’un cadenas, tandis qu’au dehors une jeep surmontée d’une mitrailleuse fait son devoir « d’aide à la décision ». Ce n’est pas du cynisme, encore moins de la moquerie, ce sont des faits : les votes par là-bas, c’est comme les fonds de rayons des supermarchés malhonnêtes : ça a l’air frais, ça semble de bonne qualité, mais c’est systématiquement périmé, les dates sont maquillées, et quand on le constate, l’emballage est déjà ouvert et ça pue la charogne.

Là où tout cela devient tragi comique, c’est dans l’attitude ambiguë des nations comme la France. « On ne s’en mêle pas, on surveille que ça se passe bien », tout en ayant tout de même un petit préféré. Ben oui, on ne fait pas du troc avec un chef d’état qu’on n’as pas eu l’intelligence d’assister financièrement. La France est la reine de la verroterie en Afrique : filons leur des queues de cerise, enrichissons un despote, et gavons nous sur le corps malade de ces pays en décomposition. L’état n’a « officiellement » pas soutenu le fils Bongo, mais quand même, ça leur a fait plaisir de le voir prendre le pouvoir. Double discours ? Pas le moins du monde : soutenons le vainqueur, surtout s’il était celui avec qui l’on a l’habitude de traiter !

L’Afrique est une zone particulièrement impressionnante dans ce domaine. Tout est fait de manière flagrante, à la limite de l’incroyable. L’urne part en jeep qui, malencontreusement, se perd en route une petite heure. En arrivant à bon port, comme c’est étrange, mais la dite urne pèse plus lourd et n’est plus de même couleur. « La magie de la brousse ! » répondra avec ironie le pauvre hère qui, lui, aura fait son devoir civique avec ferveur. Tous le savent : les élections se gagnent à la baïonnette ou à coups de billets, certainement pas avec une campagne sincère et rondement menée. Le plus dingue là-dedans, c’est que nombre de votants sont convaincus de faire le bon choix en soutenant un despote !

Et puis, enfin, disons nous pour nous rassurer que tous les candidats se prétendant réformateur, sont des dictateurs en puissance. Rares sont les nations Africaines à s’être débarrassées d’un dictateur à travers les élections. Hé oui, le fils Bongo est élu, il a magouillé, mais c’est le jeu de tous les candidats ou presque. De là à souhaiter un bon gros putsch pour mettre un militaire en place… parce que un militaire, ça sait à peu près négocier, un politique, lui, sait aussi s’enliser dans la force de ses convictions.

Pauvre Afrique, pauvre de nous.

Aucun commentaire: