28 mai 2009

Furieux au point d’envisager l’homicide

Quoi que l’on puisse me reprocher sur ma haute opinion concernant l’âme humaine, j’ai toujours estimé les bourreaux comme étant sa lie, et pardessus tout les rares êtres nécessitant la guillotine. Bien sûr, je me suis posé l’interrogation fondamentale du bien fondé de la peine de mort, et, comme énormément de gens, je suis resté dubitatif tant sur son aspect répressif que sur son côté menaçant contre les criminels. Et pourtant… là, je l’admets sans honte ni hésitation, c’est une « saine » colère qui me prend, de celles qui me feraient crier « pendez les haut et court ! ».

Et dire que j’étais parti pour un article à caractère ironique, un message moqueur quelconque, de ceux que l’on peut envisager quand on a envie de se payer la fiole des hommes. Seulement, à la lecture de l’article ci-dessous, je n’ai pas résisté, j’ai explosé de fureur.

« Une fillette russe de 5 ans ne parle que le chien et le chat. Elle a été trouvée dans un appartement délabré où ses parents et grands-parents vivaient aussi mais ne s'occupaient pas d'elle et lui interdisaient de sortir. Elle peut juste communiquer avec ses animaux domestiques. ».


Monstres ! C’est la seule étiquette qui puisse convenir à ces gens qui osent traiter l’enfant de la sorte. A la lecture de ces mots, je n’ai pas mis le moindre frein à ma rage, et j’ai même mis en veilleuse mon « humanisme » d’hypocrite craignant de me salir les mains. Qu’on les pende ! Quel autre châtiment envisager pour de tels bourreaux ? L’enfant est-il coupable de sa naissance, est-il responsable de son existence ? Il est là, attendant tendresse, éducation et respect de la part de ceux supposés prendre soin de lui. Qu’on me dise quelles circonstances permettraient de « comprendre », si ce n’est « pardonner » une telle attitude. L’Homme a toujours su devenir cruel, mais là, cela dépasse mon entendement. Avec la meilleure bonne volonté du monde, je ne suis pas parvenu à faire taire cette petite voix éraillée me disant à l’oreille de les faire griller, leur couper la tête, ou trouver un autre châtiment indigne et aussi cruel que possible.

L’écoeurement est la première des réactions. Tous, nous sommes tôt ou tard confrontés à la cruauté de la vie : sans logis, mort d’un proche, blessures dans la chair ou l’âme, mais tous nous cherchons la rédemption dans l’amour, ou tout du moins dans l’oubli d’une manière ou d’une autre. C’est au-delà de ma force intérieure que de leur permettre un pardon : traiter un enfant comme cela, c’est d’office choisir l’enfer, et si possible (je le souhaite), celui sur terre et non celui imaginaire de la foi. Un enfant n’est pas un animal, ce n’est pas plus du gibier qu’un chien ou un chat, il n’a pas à subir ce qu’il est sous prétexte de lâcheté ou de cruauté facile. Car oui je le revendique : il est plus facile d’agir méchamment avec un gosse qu’un adulte, car l’adulte, lui, peut potentiellement se défendre. Alors : ligotons les, faisons leur subir pour cinq ans un traitement inhumain, et qu’on en finisse une fois leur corps émacié et contrit non par le remord mais par la douleur d’exister.

Ce qui me fait le plus vomir à présent, c’est que cette fillette va devoir passer des années à réapprendre à vivre, à redevenir « humaine », si tant est qu’il soit capable de la laver de cette horreur. De quelle manière aborder son éducation ? Apprendra-t-elle à parler, à lire, peut-être à compter ? Comment va-t-elle appréhender sa relation avec l’humanité ? Soumise comme elle le fut à la manière d’un animal domestique ? C’est dans ces moments là que mon humanisme s’étiole, dans ces instants critiques où ma propre bête intérieure hurle et désire mordre, broyer et massacrer l’innommable. Si seulement je n’avais plus à l’esprit une notion de « justice », ou tout du moins d’équité… Celle-ci, malgré sa faiblesse, malgré son bâillon fermement noué sur la bouche, me susurre calmement « Et tu veux devenir comme eux en les châtiant ? ». Saleté de conscience. Devenir un monstre pour punir des bourreaux, s’exproprier de mes dernières onces d’humanité pour que ceux qui en sont dénués paient le prix fort. Quelle est donc cette humanité tant rêvée qui en arrive à faire d’une gosse une victime de l’infamie ?

Le pardon est trop loin pour leur être permis. En ayant délibérément fait de cette enfant une « bête », ils s’excluent à jamais de ceux qui méritent notre charité. Mais comment punir ? Des idées sur la question ? Torturer ? Tuer ? Maintenir en vie en détention ? Cela ne saurait rembourser ces années de torture morale et physique, cela ne paiera pas leur dette à la fillette qui n’a jamais couru dans l’herbe, qui n’a jamais jouée avec ses camarades de classe, et qui, lentement, découvrira ce que fut son sort. A-t-elle conscience de ce qu’elle est ? J’espère qu’un jour elle aura assez d’humanité retrouvée pour en parler, qu’elle pourra écrire avec sérénité ce qu’elle a ressenti en tant « qu’animal humain ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit : d’humanité retrouvée… Souhaitons lui le courage et la force morale nécessaire pour vivre, vivre dignement, sur ses deux jambes, fille, un jour femme, à jamais plus humaine que ses bourreaux.

L'article sur liberation.fr

1 commentaire:

Bill2 a dit…

Comme je te rejoins dans ce constat !

Et voilà un bien UN cas pour lequel la peine de mort devrait être "autorisée".

Etant père de 2 enfants, je ne peut pas imaginer comment des gens "civilisés" arrivent à de telles horreurs. Surtout en étant de la même famille !

Quant à cette petite fille, je me prends à espérer qu'à 5 ans, tout n'est pas encore perdu pour elle.

En effet, que nous reste-t-il comme souvenir de nos 5 ans ? Personnellement, pas vraiment grand chose. Avec de l'Amour, elle devrait pouvoir se (re)construire.