30 avril 2009

Mise au point (sur objectif)

C’est bon, ils me voient là, enfin je crois. Apparemment, cette caméra semble fonctionner correctement, en tout cas la loupiotte verte brille et annonce qu’elle est allumée. Fils branchés, batterie chargée à fond…

Et merde, encore une erreur de casting.

Plus le réseau s’étend, et avec lui la pandémie de la débilité aiguë, plus je crois que la modernité n’est que le support aux travers de l’esprit humain. Pourtant, on m’a bassiné avec moult exemples à l’appui que, la technologie c’est chouette, on peut voir la personne avec qui l’on parle à 10.000 kms de là, que l’invention c’est le progrès… Ah ouais ? Et vous y avez traîné vos guêtres, vous, sur Youtube et consoeurs ? Soyez sincères deux secondes : qui, parmi vous, arrive à légitimer l’existence même de ce genre de création de Satan en personne ? Même le plus pervers des obsédés n’aurait jamais rêvé d’obtenir un tel service ! C’est quand même ahurissant quand on y songe. Quoi que vous puissiez affirmer sur la diffusion de vidéos par cette méthode, notez que l’immense majorité des « choses » (mot choisi par politesse) publiées dessus sont de l’exhibitionnisme pur et dur. Vous n’y croyez pas ? J’exagère ? Personnellement, tomber sur les commentaires stériles d’une gamine voulant se croire femme, ceci quand on recherche un clip ou une vidéo concernant un chanteur… Inutile de vous préciser à quel point je me sens concerné.

La distribution facilitée de la vidéo par ces sites me semble être devenu le meilleur moyen d’abrutir les gens, mais aussi de les inciter à faire n’importe quoi pour être vus. Tenez, c’est là-dessus que l’on trouve les plus grosses gamelles volontaires, les vidéos d’accidents gores, les images de la petite que l’on laisse se noyer sans secours, ou bien encore le combat entre deux chiens mis en présence uniquement pour se rincer l’œil. On pourrait supposer qu’un contrôle permettrait de s’épargner ces choses, mais finalement l’homme est non seulement le roi de l’exhibition, mais aussi celui du voyeurisme. Ah, tel un loft revisité à l’échelle du monde, ces vidéos représentent notre curiosité aussi malsaine qu’elle peut devenir morbide. A croire que nous sommes voués à aimer ce qui nous tue, non ?

Si l’on cumule ce fait facilement vérifiable au modèle économique de Youtube et consoeurs, difficile de leur trouver le moindre pardon. Vous ne savez pas comment ils se rémunèrent ? En balançant de la publicité quand quelqu’un vient voir votre vidéo. En sachant que le droit à l’image vous autorise à toucher des parts là-dessus, dans le principe chacun des diffuseurs devrait recevoir une part du gâteau. Raté ! En vous inscrivant, vous acceptez que la société se fasse du fric… sur votre créativité ! Magnifique non ? Alors, allez y, diffusez les images de la naissance du petit dernier, Youtube sera ravi de toucher les revenus publicitaires quand vos amis iront les regarder. Hé oui : vous polluez votre ami de leurs réclames, et vos amis se feront une joie de répercuter le principe sur leur entourage. Si ce n’est pas du marketing viral, c’est que je n’ai rien compris.

Le plus dommageable là-dedans, c’est que l’immense majorité des inscrits supposent, à tort, que leur vidéo est d’une qualité irréprochable. Mal cadrée, tournée avec la tremblante du mouton, floue comme si la lentille de la caméra était couverte de buée, sans rire ces « trucs » (à nouveau une politesse forcée) sont le terrain idéal du comment saboter une vidéo de vacances par Ginette et Bernard à la Baule. Affreux, tout simplement affreux. Autant une photographie pardonne un peu tant il est simple de recadrer le tout, autant un film ne saurait être retouché ou bidouillé sans des compétences précises dans le domaine. Ceci dit, je doute que nos Spielberg de fond de quartier populaire se préoccupasse de ce genre de détails. Du moment qu’on voit son pote se refaire la mâchoire sur les marches du centre commercial du coin…

En fait, ce qui m’horripile le plus, c’est que les chaînes de télévision, qui, parfois, ont des documentaires très bien réalisés, se refusent encore à profiter de la gratuité pour imiter les Youtube. Pourquoi ne pas diffuser gratuitement ces émissions, et ce en contrepartie d’une publicité discrète sur la page ? Cela saurait être une saine concurrence, et un enrichissement du contenu vidéo d’Internet… mais c’est sans compter Norbert qui, heureux d’avoir repeint sa poubelle Renault tunée façon plastique Playmobil en vert pomme, va s’en donner à cœur joie et se filmer en train de rouler avec.

Au secours, à moi, que la culture revienne à nous !

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