14 avril 2009

Devinez qui ne viendra pas manger chez vous

Moi évidemment ! Depuis des années, on me bassine sans arrêt avec les avantages du « social networking », barbarisme exprimant (en gros) la possibilité de draguer en ligne, discuter avec des gens ayant les mêmes passions que vous (et donc, accessoirement, draguer à nouveau), et, summum de la révolution numérique, partager des connaissances pour faire avancer la science ! N’est-ce pas magnifique ? Reconnaissez tout de même qu’il est plus pratique d’émettre un mail pour transmettre des données essentielles à un projet mondial, que de compter sur la bonne volonté des services postaux (si bons soient-ils par ailleurs). Alors franchement, vive le réseau social !

Non, je déconne. Moi et les réseaux sociaux, c’est un peu comme une excellente vodka de facture Russe et les glaçons ou un jus de fruit : c’est incompatible. Petite précision préalable : je ne suis pas, contrairement aux apparences, asocial au point de vivre en ermite aigri. Je suis éventuellement misanthrope, mais la présence de l’humanité ne me dérange pas tant que cela… Et puis, qui me lirait alors ? Donc ce n’est pas mon tempérament qui est en cause, mais le concept même de réseau social. Tout d’abord, quelle idée de se sentir obligé de déballer au tout venant sa vie privée ? Les Facebook et consoeurs sont devenus de véritables trésors… pour ceux qui souhaiteraient vous espionner. Vous retapez des bagnoles au noir dans le garage ? Allez donc en parler à vos « potes » de Facebook, juste histoire que quelqu’un aille vous déclarer au FISC ! Moquerie mise à part, ce besoin d’exhibition me laisse plus que perplexe tant il est poussé à outrance par certains membres. La devise disant « montre ton cul pour être connu » semble devenir une véritable philosophie de vie.

J’arrive encore à saisir l’idée de Copains d’avant. Dans l’esprit cela semble plutôt pas mal : retrouvez vos camarades de classe ou votre voisin de HLM en trois clics. Moui, pourquoi pas, admettons… Mais pour vous, entre aujourd’hui et l’époque bénie de l’innocence d’une école primaire, combien de temps s’est-il écoulé ? Moi, une bonne vingtaine d’années. Comme si j’avais encore quelque chose à dire à ce mouflet un peu teigneux qui dorénavant est sûrement papa, ou bien à la fillette à couettes qui n’a pas osée mettre sa photographie. C’est quand même fou : les gens sont foncièrement égocentriques et, là, comme par magie, les voilà resocialisés, un peu comme si un écran pouvait se substituer à l’aspect réel des choses. Le bon sens en action disait une banque, moi je dis la lucidité en fer de lance surtout !

Pousser le monde à s’inscrire à ces machins, c’est aller justement dans le sens du « Big brother ». Pourquoi ? Ca ne vous semble pas évident ? Vous laissez VOS informations personnelles dessus, vous les partagez sans la moindre garantie que la personne en question soit celle qu’elle prétend être. Aujourd’hui, rien n’est plus facile que de se faire passer pour quelqu’un d’autre. Petit exemple édifiant en quelques étapes. Le scénario est simple : vous cherchez à savoir si votre cible a une relation extra conjugale pour de l’argent…

Primo, ciblez. Commencez pour voir s’il y a un réseau de connaissances concernant votre objectif sur copains d’avant. Grâce à cela, vous pouvez remonter chez les différents amis ou proches de votre future victime. Profitez pour recenser toutes les infos personnelles les concernant… D’ailleurs profitez en pour partir à la pêche des blogs de chacun, ils sont souvent riches en détails croustillants ! Là, en quelques heures de surf, vous avez un véritable début de dossier digne de la Gestapo moderne.

Secondo, passez à l’attaque. Prenez vos fiches, identifiez si les personnes ont (ou n’ont pas), un profil sur les réseaux sociaux, et assurez vous que votre cible y soit. Si elle s’y trouve, et que vous tombez sur un ou plusieurs « amis » qui n’y est pas inscrit, foncez ! Là, vous pourrez alors converser, vous faire passer pour une vieille connaissance du collège (n’hésitez pas à jouer du faux nom s’il le faut, la mémoire est souvent défaillante vingt ans après), puis creusez, soyez avenant.

Tertio, la récolte ! Là c’est le banco : vous avez obtenu la confiance de votre cible qui va s’épancher sur sa vie privée, se remémorer des souvenirs, faire jouer la nostalgie et j’en passe ; Profitez en ! C’est l’occasion pour acquérir un maximum d’informations plus ou moins personnelles, et le cas échéant, vous permettre de finaliser le dossier de votre victime.

Ajoutez à cela : si vous voulez passer par la séduction, choisissez le sexe opposé à celui de votre victime (homosexualité exceptée) ; Vous voulez jouer la fibre amicale et confidence, choisissez de préférence d’être une femme car en tant que bonne copine vous serez amenée à faire se soulager tant les hommes que les femmes.

De fait, cela semble caricatural, mais se laisser berner par une telle ineptie qu’est le réseau social, il y a de quoi bondir ! D’ailleurs, en admettant que je trouve des gens biens à l’autre bout de la France, je fais comment pour jouer le pique assiette de base moi ? Le voyage en train reviendra plus cher que la gamelle, qui, soit dit en passant, ne sera pas forcément à la hauteur de vos espérances. Un conseil : si vous voulez vous faire des amis, oubliez donc ces machins, la vie quotidienne est autrement plus riche en rencontres que ne le sera jamais un réseau social. Tout au plus j’avoue une faiblesse pour les tchats, ceux-ci offrant au moins l’avantage de la discussion en direct et de faciliter la communication. Ce serait un peu comme un amphithéâtre à l’échelle du web, tout en gardant à l’esprit l’aspect virtuel de la chose. Pour ma part, j’ai un vieux réflexe : si ça me gonfle, j’éteins. Dommage que nombre de personne ne soient capable de le faire !

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