16 avril 2009

Dégénérés de jeunes

C’est en réaction à un couple texte / dessin des plus intéressants (voir le lien en fin de chronique) que je viens à la charge pour cogner sur le jeune moderne. Ah ! Moderne, quel beau mot utilisé à tort et surtout de travers à chaque nouvelle génération ! C’était moderne de coller sa femme derrière les fourneaux pendant les trente glorieuses, aujourd’hui il est moderne de s’assourdir et se lessiver le ciboulot avec son IChose de dernière génération. Toi, le jeune, celui dont le visage est une ode à la dermatologie, celui qui conchie ceux qu’il élira deux décennies plus tard, je te décerne maintenant le prix (peu envié) du « Imbécile du siècle ».

On va me dire dur, méchant sans fondement, et me rappeler que chaque génération de jeunes a été tout aussi nauséabonde de revendications ineptes, de vantardise politique, et que tous, sans exception ou presque, se sont fondus dans le moule néo classique de la société française. Certes, la jeunesse et l’idéalisme font bon ménage, mais de là à confondre syndicalisme primaire comme au temps d’un 68 oublié, et la spasmophilie tremblotante des auditeurs de Tektonik, il y a un énorme pas, non ? Le premier croyait fermement que sa génération démolirait les vieux principes au profit de nouveaux, le second lui se fout de casser quoi que ce soit, du moment qu’on lui fout une paix royale. Sans rire, il n’y a plus cette lueur d’espoir dans le regard du jeune, il n’y a plus que la lueur des pièces brillantes au moment de s’offrir le dernier jouet technologique à la mode. Le plus effarant, c’est qu’au moment d’une tentative de dialogue, la plupart semblent plus motivés par l’épaisseur de votre portefeuille que par la densité des idées à partager.

Dérive sociale ? Désuétude de la rébellion ? La mort du communisme est advenue quand cette bande d’apathiques était encore, au mieux, au stade de poupon. La plupart sont nés quand l’étoile rouge est passée du stade de crainte à celui de raillée, et ce titre nombre d’entres eux portent aujourd’hui encore la symbolique communiste révolutionnaire… sans même la connaître et encore moins la comprendre. De ceux qui portent le Che en bandoulière sur un badge, combien savent qui il était, ce qu’il a fait, et pourquoi il se battait ? Sont-ils au courant qu’il revendiquait la révolution partout, chose qui, en ce moment, sous-entendrait la disparition de la société de consommation, et donc par conséquent du mode de vie de dilettante des étudiants pseudo rebelles. La révolte n’est pas tombée en désuétude, tant il est vrai qu’elle semble même être devenue un moyen de revendication au lieu d’être un moyen de communication. Comment ça, c’est la même chose ? Revendiquer c’est annoncer et menacer, communiquer c’est dire, expliciter, préciser. Par exemple, la jeunesse brûle sans vergogne une voiture : elle revendique son mal être. Pas de banderole, pas de message, rien de plus qu’un symbole violent et outrancier. Depuis quand peut-on discuter avec des pyromanes fiers de passer à la télévision ? Ce n’est donc plus une génération décrétant un désir de progrès, elle s’en fout, elle compte sur les autres pour améliorer éventuellement les choses… et puis tant pis si ça merde.

Question dérives nous ne sommes pas avares : consommation de stupéfiants en hausse constante, délinquance de plus en plus juvénile, radicalisation des violences urbaines, bref de quoi brosser un peu reluisant tableau de cette jeunesse sur laquelle peu de gens comptent aujourd’hui. Bien entendu, il serait absurde de tout coller sur le dos des gosses, je dirais même que la part de responsabilité tant des politiques que de ceux chargés de la pédagogie (parents ET professeurs), est prépondérante sur le désir d’émancipation des jeunes. Sans modèle autre qu’un président exhibitionniste, un star système pathétique, et une inculture présente même chez les enseignants (un comble !), pas de quoi jeter systématiquement la pierre à la tête de nos gosses. La réflexion se doit donc d’être multiple, et surtout d’éviter la réponse pratique de la trique collée sur la tronche. La répression sans réflexion, c’est construire l’exclusion et la radicalisation.

Quels axes choisir alors ? En tout premier lieu je pense que c’est la communication qui s’est étiolée. Nous ne sommes plus à l’ère préhistorique, et pourtant nous nous isolons de plus en plus. Rien ne semble être déterminé ou réfléchi pour que le dialogue puisse s’instaurer entre la jeunesse qui s’effondre et ceux qui sont supposés les encadrer. Rien qu’en parlant des médiateurs de quartiers obtiennent des résultats, mais c’est un pis-aller pour compenser, un peu, les lacunes de parents débordés, et d’une éducation nationale désavouée. L’autre aspect de progrès est à pointer directement sur l’école. Quand va-t-on se débarrasser de ces sclérosés gauchistes qui leur servent de modèle !? L’idéal de gauche n’a pas à être enseigné à l’école, l’idéal politique doit se forger au fur et à mesure de la progression intellectuelle. Il est quand même effarant de constater la censure tacite faite sur de grandes vérités historiques ou culturelles, simplement parce que celles-ci viennent souiller l’image proprette du révolutionnaire (forcément gauchiste), ou abîmer l’image d’Epinal des Lénine ou autres Marx. La littérature devrait s’ouvrir à plein de choses, au lieu de stagner dans des classiques lus, relus, usés, et surtout mal compris. A quoi bon leur bourrer le crâne si c’est avec de la semoule ? Le dernier axe de progrès devrait être d’abolir une fois pour toute cette attitude masochiste que tiennent tous les gouvernements depuis plus d’un demi siècle. Les gosses ne se reconnaissent pas dans cette société puisque d’une part ils n’ont pas connu les camps et la guerre, et d’autre part héritent de la décolonisation, sans pour autant l’avoir vécue non plus. L’adolescent de maintenant n’a que faire de la bataille d’Alger, pas plus qu’il n’a de responsabilité dans les horreur de Buchenwald. Une fois cela mis à mort, alors peut-être que ces jeunes pourront, avec leurs différences, se reconnaître dans une nation qui change sans arrêt.

Enfin, ce qui est terrifiant, c’est qu’une part de cette jeunesse, faible encore (et heureusement), s’identifie non plus uniquement dans la musique et les codes vestimentaires, mais aussi dans les messages politiques que ces deux thématiques peuvent véhiculer. Tours est en ce moment très ennuyée : un concert « néo nazi » s’organise sur son territoire, et nul ou presque ne semble capable soit de les censurer, soit d’encadrer la manifestation. J’entends déjà hurler soit au scandale (Pas de fachos !), soit à la censure (et la liberté d’expression !?). Vous savez quoi ? Rien qu’à l’idée qu’un petit con inculte puisse tendre le bras avec une croix gammée sur ses vêtements, cela me donne envie de lui faire avaler une batte de baseball, et que des parents aient la bêtise de les laisser faire… Là je n’ose imaginer ma façon de leur rappeler ce qu’est le nazisme ! Où sommes-nous bordel ? En Allemagne en 33, ou bien en France en 2009 ? Un peu de bon sens ! La récupération de la jeunesse désoeuvrée dans une musique faussement étiquetée « identitaire » n’est pas nouveau. Ce qui l’est plus, c’est que les parents ne soient plus moteurs pour empêcher de telles horreurs. Moi qui râlais justement contre la radicalisation, voilà que je lis une brève aussi inquiétante que vomitive. Encore un effort et, du statut de mollusque le jeune deviendra marcheur au pas de l’oie.


Article Yahoo! sur le concert en question

Niet Web, la BD/texte du début de l'article

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