14 novembre 2008

Manipulation

Dès lors que l’on annonce aux gens qu’ils se prêtent facilement à la manipulation de masse ceux-ci vous affirment en braillant qu’ils ne sont pas le jouet d’une dictature ou bien qu’ils sont conscients des mensonges qu’on leur sert. J’avoue sourire avec un soupçon d’ironie à ces affirmations notamment suite au constat fait par mes soins concernant l’affaire des saboteurs SNCF. Que ce soit à une échelle personnelle ou nationale l’essentiel des discours tenus ne sont pas faits pour nous informer mais juste pour nous tenir éloignés de toute crise. Observez donc : si la crise financière sabote allègrement les économies nous sommes tout de même dans le vague et le peu qu’on nous transmet a pour but de nous maintenir dans une relative sérénité. Entre engagements de l’état vis-à-vis des finances et discours paternalistes des patrons affirmant maîtriser la situation, il est clair que nous ne sommes pas vraiment au fait de l’actualité, tout au plus effleurons nous la surface, et ce en suivant donc la volonté de plus « puissants » que nous.

Alors quoi ? N’est-ce pas doux de s’assoupir avec la certitude d’être dans un monde agréable ? Ma foi j’aimerais pouvoir éviter de médire, pouvoir m’affranchir du doute permanent qui m’assaille quand j’ouvre les news du jour pour y pêcher mon information. Ce qui me frustre bien plus que le fait de savoir que nous ne sommes pas vraiment mis au courant c’est surtout d’avoir la désagréable sensation de jouer les oiseaux de mauvais augure en plaçant mes commentaires sur les sujets de l’actualité. Israël ? Trop sensible. Irak ? Trop loin. Economie ? Trop complexe. Elections ? Trop politique. A ce rythme rares seront ceux qui auront un minimum de bon sens pour se faire non pas chantre de l’histoire mais plutôt apôtre des vérités. Notez d’ailleurs que tout contre courant est aujourd’hui blâmé et ciblé comme étant déviant voire dangereux pour l’état, et par voie de conséquence, pour nous tous. C’est tellement plus commode d’interdire des idées plutôt que de les analyser et ainsi les contrecarrer honnêtement quand elles sont réellement dangereuses…

Soit. Je ne peux pas renier mon côté désagréable et médisant, mais de là devoir me taire parce que ce n’est pas acceptable de mettre en doute ce qu’on nous dit, il y a de la marge. Peut-être devrais-je apprendre à ne plus dire tout haut ce que je pense… Mais cela me semble inapproprié. Il faut dire ce que l’on pense, s’affirmer est une nécessité absolue, d’autant qu’être dans la masse s’avère à présent une règle, et personnellement devenir un mouton me laisse perplexe. Qu’on s’assomme à coups de réalités faciles peut se concevoir, pas s’aveugler purement et simplement sous le prétexte que c’est plus confortable que d’être lucide. Prenez donc un peu tous les conflits : en dehors des clichés choc servis bien sanglants qui se préoccupe des forces en présence, du pourquoi, du futur de ces nations sacrifiées ? Personne si ce n’est les politiques, avides de ruptures à prendre en main et donc de peuples à manipuler.

J’ai les oreilles qui sifflent que trop souvent à l’écoute d’assertions aussi dangereuses qu’incongrues. A écouter les chroniqueurs seuls l’étranger subit l’oppression, seul les pays en dictature subissent la répression et la censure. Je préfère dire objectivement que nous ne sommes pas dans une situation de totalitarisme, mais que simplement nous avons choisi le silence et l’aveuglement pour bourreaux. On tait les vrais drames sociaux, on asphyxie lentement mais sûrement des populations entières pour les sacrifier à l’autel de l’économie et la seule réponse qu’on nous présente est le bénéfice net de la société incriminée. Qu’on arrête de me faire croire qu’économie rime avec destruction. La gourmandise mondiale n’est pas le fait d’un système mais d’une façon de penser qui se concrétise chez les rares oligarques de cette planète. Après cela, facile de fournir des images faciles à digérer, surtout quand celui qui licencie possède aussi la chaîne qui diffuse le reportage…

Je suis frustré. Tout le monde se fout de son voisin comme de la Vérité, première vertu vitale à l’homme. Nous ne sommes pas supposés vivre comme un troupeau bon à remplir les abattoirs, nous nous targuons depuis des millénaires de penser et réfléchir. Qu’on use chacun de cette capacité pour progresser, pas pour nous enliser encore un peu plus dans l’apathie si commode aux dirigeants !

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