28 octobre 2008

Obama ou Kennedy?

Si l’on en croit les organes de presse et d’information deux néo nazis auraient envisagés le massacre de 88 noirs ainsi que le meurtre du candidat Barack Obama, ceci dans le but de revendiquer la (je cite sans y toucher tant le thème me donne la nausée) « suprématie de la race blanche ». Que l’on soit sceptique ou non concernant cette nouvelle, force est de constater que de vieux démons supposés être nés dans la vieille Europe prolifèrent très bien sur celui d’un pays se croyant à l’abri de toute trace de nationalisme et pire encore de racisme, et qu’au bout du compte l’espèce de tolérance tacite accordée par la constitution américaine aux groupes fascisants les mènent peu à peu au désastre.

Reprenons vaguement les faits : deux gamins (18 et 20 ans) décérébrés et formatés par des groupuscules d’extrême droite se sont rencontrés via Internet et se sont mis en tête de tuer le candidat à la présidence, ceci pour une question de couleur de peau. Soit. Le meurtre politique est déjà en soi une honte et les USA ne sont pas en reste dans ce domaine : quatre présidents assassinés, un qui a failli y rester (R.Reagan), exécution de plusieurs leaders d’opposition ou de groupes tentant un changement dans la société (le pasteur King ou bien Malcom X pour ne citer qu’eux). Bref, ce pays n’a pas vraiment à s’étonner du phénomène tant les dirigeants semblent être des cibles de choix. Là où la chose est inquiétante tout de même c’est qu’on est dans une réflexion non posée par des gens de pouvoirs mais par deux imbéciles craignant qu’un noir puisse prendre place dans le bureau ovale. On ne peut que craindre de tels débordements, d’autant plus qu’il est fort probable qu’un candidat qui prône un désengagement de l’Irak, une mise à plat de certaines institutions et une « moralisation » de la politique américaine et qui au surplus n’est pas un « bon père de famille blanc » représente une véritable menace pour certaines personnes influentes dans la proximité du pouvoir en place plus que pour ces assassins en herbe.

Alors, Obama future cible d’un sniper ? A mon sens la question ne se pose pas si cette éventualité est posée d’un point de vue politique. Faisons un parallèle : nombre de personnes revendiquent les opinions et idées de Kennedy sur le Vietnam et mettent en perspective la position du président Obama face à l’Irak. Cela a-t-il un sens ? En fait pas vraiment : on ne peut pas envisager un retrait facile et rapide des troupes d’occupation car après tout, à force de disloquer le système politique et social local les USA sont à présent responsables de l’avenir de ce pays. Quand on met quelqu’un sous tutelle difficile de l’émanciper sans craindre le pire. De fait, Kennedy est mort bien avant d’avoir réellement tenté de solder le conflit vietnamien et m’est avis que la réalité du terrain lui aurait été fatale d’un point de vue politique cette fois. Aurait-il retiré ses troupes en trois mois, six mois, qui sait, un ans peut-être ? Obama aura le même problème à sonder et il ne pourra s’y soustraire sans heurter des sensibilités : pris entre les pacifistes unis avec ceux qui en ont marre du conflit et l’enclume des militaristes unis à des intérêts financiers évidents, sa marge de manœuvre sera proche du néant. Kennedy fut exécuté et ce fut potentiellement une erreur sur le long terme tant les américains sont devenus méfiants. Eliminer Obama ? Inutile, autant le laisser s’enliser... ou au pire l’aider à se noyer dans des dossiers sensibles.

On pourrait alors imaginer le fou, le tueur solitaire, le psychopathe enragé contre le président, un peu à l’instar de celui qui voulut tuer J.Chirac lors d’un défilé officiel. Nul officiel n’est en sécurité face à des personnes déterminées, et il existe une règle simple concernant l’assassinat : pour être totalement efficace, il faut s’approcher de la cible et accepter de se sacrifier. Rares sont les meurtriers qui échouèrent lorsqu’ils purent être au contact de leur cible, tout comme il est plus difficile d’aligner un fusil à 500m qu’un couteau à 30cm. Dans ces conditions, la paranoïa n’est pas de mise concernant Obama s’il est élu, ce qui reste encore à faire à l’heure où j’écris ces lignes. Ce que je crains bien plus pour lui par contre c’est un sabotage intérieur de la part des institutions et élus en place. Pourquoi soutenir un président réformateur, noir de surcroît et qui fait tout un cinéma médiatique au lieu de jouer les pragmatiques en temps de crise ? Bien des dirigeants dans le monde se sont heurtés à la réalité du fonctionnement de leur état, fonctionnement qui eut raison de bien des projets et de bien des illusions. Aujourd’hui il est affreusement difficile de prendre le contrôle d’une mécanique tellement complexe qu’elle en devient autonome. Tout état moderne s’est doté d’un nombre incroyable de règles, procédures et autres gardes fous qui sont autant de carcans pour tout président. La France a changé de république à chaque modification majeure de ses institutions avec par exemple le retour d’une véritable fonction présidentielle (pouvoir et direction des armées) lors de l’institution de la cinquième république. Obama devra-t-il songer à une réforme de cette ampleur pour s’accorder une véritable emprise sur les USA ? Resterait à convaincre les élus, leur faire adopter des lois lui libérant les mains... mais ce n’est sûrement pas pour demain.

Alors qu’est ce que je pense de Mc Cain et Obama ? L’un comme l’autre ont un nombre de dossiers brûlants qui les attendent : crise économique, deux conflits avec projection massive de force et de logistique, situation sociale déplorable, épuisement des ressources premières du pays (pétrole en tête) et j’en passe. Si Mc Cain ne m’attire pas ce n’est que par sa ligne de conduite clairement alignée dans la continuité d’un désastreux Bush plus soucieux de ses avoirs dans le pétrole que de la vie des GI, et Obama ne me convainc guère plus du fait qu’il devient pénible à trop jouer sur sont image de « noir qui réussit ». Le libéralisme et le conservatisme ont le même but : préserver les richesses et les acquis d’une nation vivant sur le dos des autres, et franchement la seule chose qui m’inciterait à dire Obama ce serait par repli sur un candidat noir (une première !) et n’étant pas un héritier des deux Bush (père et fils). Maintenant, les urnes vont parler et le mandat à venir va être fort intéressant. Je suis curieux de voir comment l’élu va se dépatouiller avec le bourbier irakien et comment l’économie intérieure américaine va subir la crise mondiale s’ajoutant aux dépenses pharaoniques de guerres aussi inutiles qu’ineptes.

PS : Je tiens à préciser une chose: Kennedy fut le premier président catholique des USA, mais ce ne fut sûrement pas l'enfant de choeur (son père encore moins) qu'on nous vend sans arrêt dans l'imagerie populaire américaine. Ce fut un président mais le peu de temps qu'il fut au pouvoir fut plus consacré aux annonces (le discours de Berlin, son engagement concernant l'exploration spatiale...) qu'à des actes définitifs et importants. Cherchez, renseignez-vous, je crains que l'icône soit ternie une fois la chose analysée avec froideur...


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