14 octobre 2008

Argent comptant sur vous

Quelle vaste blague que le système économique mondial non ? Sous prétexte d’avoir été des incompétents notoires les grandes banques ont trouvés le moyen de se renflouer sur les fonds des états, donc en bout de chaîne sur notre argent puisque la dote nationale est le fruit du labeur des concitoyens. J’aime cette idée comique qui est que l’on peut s’offrir le luxe de tout mettre sans dessus dessous puis de réclamer l’aide d’autrui et au bout du compte de contourner joyeusement les sécurités supposées ôter toute folie aux intervenants. Allez, je vous signe un chèque en blanc pour le plaisir de me voir ruiné ?

Mine de rien bien que l’informatique soit devenue maîtresse et dompteuse inflexible des opérations boursières les prises de décisions humaines sont encore défaillantes et soumises à la règle immuable du sentiment. Quelle est cette règle ? Elle est tacite, pernicieuse, toujours opérante malgré les épaisses couches du vernis de la rigueur supposée. Tout cela consiste juste à paniquer au pire moment et prendre des décisions à chaud sans se préoccuper outre mesure des conséquences. Celles-ci sont dorénavant identifiées : faillite d’entreprises pourtant saines (faute de liquidités), chômage accru et même endémique alors que la conjoncture ne s’y prête déjà guère, puis vient donc la crise sociale avec potentiellement famines et révoltes pour le pain, et enfin montée en puissance des nationalismes les plus sombres. Pour celles et ceux qui semblent encore me trouver particulièrement sombre je rappelle que 1929 a fait quelques petits tout à fait ingrats. Dans le genre progéniture infâme Hitler et Mussolini sont franchement de beaux exemples de la dégénérescence des modèles économiques basés sur la prise de risques privés.

Ai-je une solution à proposer ? Somme toute il serait illusoire de prétendre verrouiller les banques et autres investisseurs. Lorsqu’on travaille avec l’argent rien n’est sûr car nul n’est à l’abri de l’impondérable, le petit caillou dans le coucou suisse, bref rien n’empêche un débiteur de se débiner donc d’entraîner dans sa chute le prêteur mal inspiré. L’argent appelle l’argent et ce ne sont pas les petits taux d’intérêts qui intéressent les sociétés, ce sont les gros capitaux placés à court terme et à fort rendement. En effet, pourquoi attendre six mois quelques pourcents quand en une semaine l’on fait dix fois plus ? Même moi qui ne suis pas un modèle de respect pour le capitalisme j’avoue que les sirènes du profit facile sont redoutables pour mes oreilles !

Qu’il est morne ce bilan de fin d’année : faillites en pagaille, naufrage capitaliste prévisible et surtout évitable, sauvetage potentiel des économies de marché à l’aide des fonds d’états… dictatoriaux (Chine en tête et juste derrière Russie pseudo démocratique). N’est-ce pas là une belle ironie ? Les USA renfloués par l’axe du mal Sino Russe ? N’est-ce pas une belle démonstration de force de la part des systèmes basés non sur le libéralisme sauvage mais sur le contrôle des finances ? Je sais bien que nombre de personnes affirmeront avec cruauté que l’argent n’a pas d’odeur, pas même celle de la sueur des travailleurs forcés/esclaves (les premiers étant des détenus, les seconds des salariés qui ne peuvent faire autrement… nuance subtile). Quoi qu’il en soit les états auxquels l’on refusait le droit à la parole se voient aujourd’hui flattés et entourés comme jamais. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai dans l’idée que la Russie et la Chine se sont faits un malin plaisir de conserver ces gros capitaux au frais juste dans l’idée de se protéger d’une telle crise, voire même pour pouvoir les prêter avec intérêts (pas fous, on ne prête qu’aux riches mais pas gratuitement) et ainsi tenir leurs anciens créanciers par le portefeuille.

Finalement Noël sera pareil aux précédents : une suave répétition de mots doux vidés de sens, une incitation à la surconsommation, et enfin tout un monde se demandant s’il n’est plus sage de dépenser avant que les sous durement économisés ne s’évanouissent dans la jungle de l’économie mondiale. Monsieur le banquier, mes euros, où sont-ils actuellement ? Servent-ils à l’achat d’armes pour quelque république bananière ? Ou bien renflouent-ils les pertes d’un trader incompétent ?

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