25 septembre 2008

Aphorisme, maxime… et réflexion ?

Il ne Faudrait pas pousser le bouchon trop loin : à force de réfléchir et de rédiger des quantités innommables de guides supposés nous mener dans l’existence ces dits guides finissent par perdre tout intérêt. Ah, la belle philosophie étalée à l’envi pour faire mortier dans les relations humaines ! Les plus grandes plumes se sont données la peine de nous offrir (cadeau empoisonné) des collections complètes d’œuvres traitant de tout et souvent n’importe quoi alors qu’un aphorisme ou une maxime permet généralement de résumer le tout en quelques mots. C’est vicieux ça, saboter des mois de labeur d’un penseur en condensant le tout sauvagement en une seule phrase ! Pourtant j’adore cet esprit de concision, d’autant plus que c’est utile au quotidien : un imbécile vous accroche les neurones à l’aide des griffes de la bêtise ? Hop une maxime pour contrer l’idiot et vous voilà libre de le laisser peiner des semaines durant sur le sujet. Un gosse vous résiste ? Un aphorisme bien placé et vous voilà maître du sujet sans contestation possible.

Un petit exemple ? « En réalité, on sait seulement quand on sait peu. Avec le savoir augmente le doute. » De Von Goethe. Redoutable non ? Tout est dit : le savoir est l’assassin des certitudes car à chaque nouvelle connaissance une méconnaissance apparaît. Un autre aphorisme ? « Les erreurs sont les portes de la découverte. ». Merci James Royce d’avoir si précisément déterminé notre quête de la connaissance ! J’aime ces bouts de littérature arrachés au néant et éclairant la Vie d’homme quand celui-ci daigne se pencher dessus. Le seul ennui c’est que pour apprendre de telles règles, il faut se cultiver, et qui dit se cultiver dit énormément de lectures secondaires pour y trouver le fondement même de la pensée, le Soi développé par l’absorption de celui des autres. En quelque sorte l’écriture et la lecture sont deux amants qui se détestent car le premier fait mal à son auteur et le second blesse celui qui apprend. Relation masochiste ? Probablement.

Alors pourquoi parler de telles choses puisque paradoxalement faire usage de petites phrases est signe de patientes études personnelles ? Parce que quelque part il existe encore plus spontané que l’aphorisme ou la maxime, plus prompt encore à nous surprendre et à nous remettre en cause. Oui, je l’affirme, il y a une puissance supérieure à toutes les plumes du monde concernant nos certitudes, cette force c’est l’enfant ! Et oui ! Le gosse est une source inépuisable de prise en défaut des adultes et des penseurs, et ce dans les contextes les plus saugrenus. N’allez pas croire qu’il s’agit de candeur ou d’enfantillages, c’est au contraire le plus pur des esprits et la concision des réflexions qui font que l’enfant vous remet systématiquement à votre place. Le pédagogue étudie des décennies durant la meilleure méthode pour enseigner et l’enfant démonte la dite méthode en l’espace de quelques secondes. Quand vous affirmez que « c’est dangereux et pas bon de boire » le marmot trépignant à votre table répondra sans coup férir : « Alors pourquoi papa il boit ? ». Un à zéro, pas de balle au centre mais un enfant au lit avec le droit de se taire !

Nous intellectualisons trop nos connaissances et faisons tout un foin de notre culture. Il est vrai que nous faisons preuve de science, mais à bien y regarder nous ne sommes pas si en avance que cela par rapport à bien des civilisations disparues. L’eau courante ? Connue chez les romains. Les route goudronnées ? On en a trace il y a des millénaires. L’écriture... Allons allons... une règle serait intéressante à dicter à ce sujet : « Nous nous supposons intelligents car c’est par rapport à notre passé que nous nous comparons, mais nos contemporains nous trouveront toujours rétrogrades ». Désagréable comme constat ? Pas du tout ! Nous prétendons avoir fait des progrès concernant l’équité sociale et morale et pourtant nous acceptons sans rechigner de reculer sur bien des sujets. Dire que les penseurs espéraient qu’au bout de deux milles années d’évolution nous serions la société du bonheur... Et là le gamin revient à la charge « Pourquoi ? ». Ce seul mot, cette seule phrase est un aphorisme terriblement puissant. Adaptable à tout, vrai pour toute chose, « Pourquoi ? » résume bien ce que l’Homme est finalement : un être pétri par le doute et qui cherche sa vie durant à s’en défaire...

« Ma seule certitude c’est d’être dans le doute » ;
P.Desproges

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