06 juin 2008

Y parait que j’ai gagné !

En effet, j’ai ouvert ma messagerie, et voilà que me saute au visage un bandeau rutilant, couvert de paillettes virtuelles et m’annonçant fièrement que je suis celui qui a été sélectionné pour gagner en vrac : un aspirateur sans sac, une machine à laver, la somme de 10.000 dollars, des réductions sur des médicaments nécessitant une ordonnance en France et j’en passe et des pires. A vouloir croire au père noël et à être un tantinet crédule, j’allais cliquer sur le dit bandeau quand soudain mes restes de bon sens ressortirent en hurlant à la mort (mes restes, pas moi, du reste je doute que mes collègues auraient appréciés) « Grand crétin ! C’est une arnaque ! ». Bon effectivement, cela aurait été un tantinet osé de croire à la providence, d’autant plus que j’ai peine à croire au cadeau désintéressé… Excepté peut-être celui fait par dame nature de croiser l’être aimé, mais c’est une autre histoire.

Les gens sont quand même profondément crédule, et qui plus est s’en vantent à tour de bras. Regardez le succès des jeux institutionnalisés sous la forme de la Française des Jeux, du PMU ou encore des casinos : les adeptes seront toujours prêts à en glorifier l’angoisse, le gain facile ou encore l’aspect ludique de la chose. N’étant pas moi-même accroc à ce type de divertissements, j’ai par conséquent un regard extérieur autrement plus acide et décolorant que celui de l’amateur envenimé par l’appât du gain qui ne perçoit que les strass et paillettes des décorations tapageuses. Bougre de pigeon, ne vois-tu pas que la statistique, la scoumoune mathématique se joue de toi ? Pourtant ça paraît évident : trouver six bons numéros parmi 49, réussir le miracle d’avoir le nez creux, c’est quand même de l’ordre de l’improbable ! J’aime aussi le hippisme (non, pas les anciens débiles profond prônant l’amour sans protection et l’usage des stupéfiants comme hygiène de vie) qui a son lot de passionnés aussi ridicules de convaincus d’être des oracles. « Le 8, il a une grosse cote mais aujourd’hui son jockey va lui lâcher la bride et il va dépoter ». Tiens, il a des tuyaux sûrs notre gogo ? Il se renseigne par le biais de la cousine du voisin de la tante par alliance de l’ex du jockey en question ? Splendide, lyrique, mais somme toute parfaitement inutile et bien trop souvent désastreux. Et puis la poésie s’en mêle (avec jeu de mots) concernant les noms de bourrins qui sont autant d’odes au n’importe quoi… je vous passe la liste, ouvrez un canard et marrez vous un bon coup.

C’est tout le paradoxe de l’âme humaine : plus c’est inaccessible plus ça branche tout le monde. Le magot, voilà la cible visée ! Le paumé qui a les poches vides fantasme sur l’euromillion et ses gains démesurés, alors que le bosseur pas trop crétin épargnera ses gains et fera fi de tout placement hasardeux. Deux écoles de conduite, l’une fondée sur le désespoir de sa propre cause, l’autre sur l’espoir patient de réussir une petite culbute, sans impôt bien entendu. Comme l’a dit un humoriste un rien trop vulgaire « Je suis sûr que si l’on faisait un jeu avec un gain sûr mais pas trop élevé, il n’y aurait pas de joueurs ». Je ne peux que soutenir cette affirmation : le jeu, c’est avant tout l’exaltation de trembler quand vos derniers deniers se voient engourdis par la machine à sous, machine ne restituant légalement et obligatoirement que 40% des gains. Dans ces conditions, le calcul est donc simple : en admettant un tordu s’acharnant sur la même machine pendant des années, il n’aurait pour gain que 40% de la mise initiale. A vos calculettes les mordus !

Dans un monde où tout s’accélère, on a inventé les jeux de grattage. Idée de génie que ces machins là car sitôt gratté, sitôt perdu (ou gagné, mais là il s’agit de LA chance…). Tous les concepts, tous les slogans, tous les prétextes sont bons : Le dernier film à la mode, le classique et inusable morpion, le millionnaire qui n’en a que le nom et j’en passe, tout est bon pour attirer le chaland. J’admire la constance des gens à s’offrir le petit « coup de stress » de la journée, tout ça pour mener à une banqueroute systématique ou presque de l’argent investi. Bon, j’admets aussi qu’il existe une espèce de joueur qui est contre toutes les règles établies, l’ordure qui débarque et qui ne joue jamais, et qui sur un coup de tête enfourne le gain maximal en achetant son premier et unique ticket à gratter. Il a de quoi rendre jaloux et énervé n’importe quel être vivant patient… Mais c’est une espèce du genre dont on entend parler mais que personne ou presque ne croise dans sa vie. Pour ma part je n’en ai encore jamais vu, et étant agnostique par nature…

Enfin, je reviens sur le terrain de l’informatique en songeant à la multiplication des jeux payants en ligne. Le casino virtuel est devenu une réalité avec sa roulette à bille de pixels, son poker à mise fixe, ses machines à sous tout aussi abrutissantes et bariolées qu’en vrai. Franchement, entre un financement obscur et un fonctionnement plus que douteux, il y a de quoi rester plutôt dubitatif face à ces cartes jamais tenues en main. N’allez pas me dire que vous avez gagné quelque chose dessus : moi aussi j’ai un petit magot de quelques dollars virtuels traînant sur un salon de poker en ligne, offert par la maison bien entendu. Tout ça pour quoi ? Pour que je prenne un abonnement et que j’aille alimenter ma caisse que je me ferai ensuite un devoir de solder lors de parties endiablées avec des partenaires… hum de confiance (qu’ils disent). Trop pragmatique moi ? Peut-être, mais le clinquant, l’odeur du tapis vert me laissent de marbre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

les jeux de hasard me laisse de marbre, les jeux de la dame nature ne sont pas le hasard...
toujours un plaisir de te lire
Corrine

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Merci

Anonyme a dit…

Tu as oublié une autre catégorie de gens : ceux qui disent "si un jour je gagne au loto"... alors qu'ils n'y jouent jamais!