29 mai 2008

Un pavé sur la gueule ou dans la mare?

Oh ça, finalement je suis rôdé tant je revendique haut et fort mon appartenance à cette caste ouverte au tout venant faite de personnes chroniquant avec énergie de toute chose faisant la nature humaine. J’ai le cynisme en bandoulière, ou plutôt en cartouchière pour ouvrir le feu sans discernement sur les politiques, les hommes, les femmes, les sportifs, ou ceux qui se fringuent comme des sacs à patate. Mais alors, qu’est ce qui va faire que je vais être encore étiqueté « emmerdeur public » ? Et bien le jugement aux assises des délinquants ayant lapidés (caillassé étant un barbarisme de banlieusard sans culture) des policiers en 2006 ! Huit à dix ans ferme, une jolie démonstration de déterminisme judiciaire contre des vandales ayant eu recours aux représailles à l’inspiration romaine pour se venger de la police. En toute franchise, je vais être infect concernant aussi bien les prévenus que les victimes...

Tout d’abord élevons le débat au-delà d’une action tout à fait inacceptable et méritant sanction. Pourquoi mettre en avant ce jugement, pour en faire un symbole de la fermeté étatique contre l’agression du symbole de sa trique ? Certes, cela se comprend mais cela ressemble plus à une propagande indigne qu’à une explication mesurée et nécessaire des sanctions encourues lors de telles exactions. J’estime en effet qu’il n’est pas nécessaire d’avoir systématiquement recours aux médias lors de la mise en accusation de morveux (je pèse mes mots) se prenant pour des bandits et qui en guise de révolte (parfois légitime hélas) jouant les Thierry La Fronde au lieu d’agir pour leur propre bien. Plus je vois la mise en avant de ces tribunaux emballant des ados violents plus j’imagine la réaction du paysan totalement déconnecté de cette réalité qui s’effraie alors du « Encore ces branleurs de jeunes ! Z’ont qu’à bosser ! ». Dites… C’est si constructif que ça, d’effrayer la ménagère de moins de cinquante berges avec des mouflets cavalant entre les immeubles insalubres, chiffon sur la tronche et braillant « mort aux flics » ? Avant toute chose il serait sain d’arrêter la gestion infecte des cités dortoirs bâties pour parquer des ouvriers immigrés, enclavées et à peine entretenues, et à qui l’on colle tous les défauts de la terre. Une cambriole ? Des mômes de banlieue. La drogue ? Encore eux. Des émeutes ? Pas de souci, ils sont bons au « fous le feu à la tire du voisin ». Quatre décennies et rien n’a changé : Mouloud sera toujours Mouloud, l’arabe qui dérange et qui ne se reconnaît pas dans les institutions qui le mettent en ZEP, feront de lui le symbole d’incivisme (malgré son exemplaire assiduité au lycée poubelle qui daigne lui distiller un semblant d’éducation) et qui au bout du compte sera écoeuré d’être rejeté par certaines entreprises de part sa couleur de peau trop basanée pour être honnête.
Pour pondérer ce discours, j’estime également qu’il est du ressort des parents d’éduquer (et non d’instruire) les enfants et de faire en sorte qu’ils respectent les lois en vigueur. Tant que « mineur=protection » nous n’aurons qu’une faible emprise sur les délinquants juvéniles. Sanctionnons financièrement les parents (quitte à perdre l’aspect social qui tient tant à cœur à toute une bande de bobos aussi désinformés que trop riches pour comprendre ce qu’est la misère des banlieues) et nous aurons un progrès indéniable dans le maintien naturel de l’ordre des choses.

La loi de sécurité de 2007 a été votée (dans un silence monacal et entendu des médias) et a permis la mise le renvoi aux assises de toute personne « agressant un policier, un pompier, ou un gendarme » (N.Sarkozy). Bien évidemment il est intolérable de voir un pompier se faire agresser ou lapider lors de son travail de sauvetage, d’autant plus qu’il n’a pas le recours à la force pour se préserver, mais là où le problème est plus profond c’est qu’est ce qu’une agression ? En partant du principe que le liberticide pourrait devenir la règle, manifester et se défendre contre une charge de CRS serait donc une agression passible de plusieurs années de prison. Dans mon vocabulaire ce n’est plus de la démocratie mais de la dictature. A quand le stade de France devenant le stade Santiago de triste mémoire ? A trop vouloir être ferme on en devient non pas sévère mais violent, et ce qui est terrifiant à penser c’est que la violence appelle la réaction violente. Les dernières émeutes de masse symbolisent bien l’incompréhension grandissante des jeunes et de l’état. D’un côté une partie de jeunes désoeuvrés menés par des gens soucieux de garder une autorité violente sur leurs quartiers, de l’autre des policiers en charge de la sécurité allant parfois au-delà de leurs prérogatives. Porter un uniforme n’autorise pas tout, tout comme être citoyen ne permet pas des écarts de conduite de cet ordre. L’équilibre est une position difficile à trouver, d’autant plus quand les caisses de l’état sont si vides qu’y trouver une pièce serait un exploit. Comment financer un retour à une ville plus humaine et non simplement rafistoler des tours et des barres de béton uniformes et déshumanisantes ? Je ne suis pas prophète ni expert, mais il me semble que commencer par d’une part impliquer les familles dans l’éducation (en allant jusqu’à la sanction comme je l’ai dit) et d’autre part en s’acquittant du devoir de l’état d’offrir les mêmes chances à tous (si possible…), peut-être aurons nous moins de feuilles de faits divers et plus de feuilles vantant la réussite des « fils de mécanos sur les chaînes de l’île Seguin ».

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon, il arrive quand ce moment où la fracture se verra comme une verrue sur le cul de Miss Univers, que nous puissions voir les atermoiements peureux et les décidés de la Liberté?

JeFaisPeurALaFoule a dit…

Et bien le jour où l'on aura pour mission de régler le problème des révoltes par la bombe atomique.

Saint nucléaire, tu voteras pour moi dis?

Anonyme a dit…

No problem... So do me an go more...