28 février 2008

Les sept péchés de la plume


Juste une information en passant: ne faites pas confiance à la correction orthographique des logiciels du commerce... ne faites pas comme moi, ne m'étant pas relu c'est après coup que j'ai constaté que péché est devenu pêché. L'un dans l'autre ça changeait radicalement le sens de mon propos, non?

Après une petite introspection digne des divans les plus matelassés et ayant écoutés les confessions les plus intimes, je me trouve bien penaud face au dilemme de devoir ou non reconnaître le pourquoi de ma passion pour l’écriture et indirectement pour la chronique. Bien sûr il y a là l’ombre de mon « maître » à penser que je ne présente plus (ou que les moins assidus reconnaîtront en me lisant en amont de ce texte), mais hélas, trois fois hélas je dois constater que la seule et unique raison de l’usage de la plume est simplement le péché. Oui, le péché, enfin les sept capitaux, ceux qui vous garantissent sans aucun doute le voyage sans retour en classe affaire vers l’enfer. N’étant pas spécialement prêt à me faire rôtir le séant dans les forges fumantes d’un démon amusé par ma grande gueule, je vous liste donc ce qui fait de moi un pécheur parmi les pécheur, un hérétique doublé d’un voyou linguistique pas peu fier d’être dans la ligne de mire divine… si ça ce n’est pas de l’orgueil ça…


Commençons par l’avarice, puisqu’il faut bien commencer quelque part. Les plus gentils avec ma trogne de scribouillard diront que je ne suis pas avare en terme de volume ni en terme de réflexions, mais se rendent-ils compte que j’use et abuse de ce procédé uniquement parce que ça ne coûte rien de critiquer et qu’en cas de bonne analyse cela rapporte l’admiration d’une foule facilement impressionnable ? Et oui, c’est bien avec l’esprit de corruption que je viens donc coucher chaque jour ou presque mes élucubrations plus proches de la masturbation intellectuelle que de l’analyse finement menée. Je n’ai rien d’un documentaliste travaillant au courrier international et probablement suis-je trop monolithique voire dogmatique dans mes propos pour pouvoir envisager un jour une place dans un vrai journal. Enfin bon, du moment que je ne sois pas tenu de signer un chèque pour vous permettre de me lire… Bref, radin je suis radin je serai !

Ah le péché de la colère, ce bon vieux compagnon de mes infortunes morales, cet ami de toujours qui vous conseille si mal que finalement vous lui trouvez des excuses. Je ne me cache pas de pécher sans arrêt de la sorte, braillant à qui veut l’entendre ma haine de la bêtise, ma frustration quand un crétin se croit malin en prétendant avoir un savoir dont il n’a pas la moindre compréhension et surtout une haine farouche pour l’Humanité et son inusable débilité. Colérique, moi ? A peine ! Rageant pour à peu près n’importe quoi, je pense que c’est là une de mes pires déviances au point qu’elle en deviendrait presque une des bases principales. Après tout, rien que mon nom de plume est fait pour y exprimer l’agoraphobie que je subis quand je suis au milieu de ces moutons bêlant en attendant l’abattoir militaire, social ou juste biologique. Mourir oui, mais pas comme un con ni même pour rien. Alors la Mort, voilà je suis en colère contre toi, tu m’emmerdes à venir me faire digresser en pleine exposition exhibitionniste de mes pensées les plus intimes !

L’envie ? Facile et peu à dire dessus : j’envie les génies, les vraies plumes, ces pointures capables de vous emmener rêver en trois mots, chose qu’un autre ne sera pas foutu de faire en cent pages. Les énumérer serait si long qu’une journée de travail n’y suffirait pas, et malheureusement je n’ai pas ma place dans le classement des génies littéraires. C’est un cercle vicieux : j’envie London, je ne peux pas lui arriver à la cheville donc je suis en colère, et pardessus le marché je constate alors que je suis trop paresseux pour être aussi besogneux que lui. Oh rage, oh désespoir, oh faiblesse ennemie…

Que vient faire la gourmandise dans l’écriture ? Pour une fois (et sûrement la seule fois) je trouve que la gourmandise n’a rien à faire dans la liste des péchés tant il m’est agréable d’être gourmand de livres, dévoreur de magazines passionnés, véritable épicurien du verbe qui se nourrit littéralement de la littérature comme d’autres se bâfrent de sport. A ma décharge j’avoue avoir un faible pour le livre pur et dur tant il sait nous emmener au-delà de toute limite physique… Pourtant on dit qu’il faut être mesuré, patient et peu gourmand pour pouvoir savourer chaque part à laquelle l’on peut aspirer. Moi je pompe la moelle des livres, m’en goinfre et ma vie sera trop courte pour me donner le temps d’arriver à satiété. Pardonnez-moi parce que j’ai péché, je me suis envoyé l’intégral d’Emile Zola et pas d’Emile et images…

La luxure est de l’ordre du domaine privé mais sachez tout de même que je n’hésite pas à user de ce que la plume peut offrir de plus sensuel avec la personne qu’il faut. Ca… pas question d’en parler ici, à moins qu’on m’en fasse explicitement la demande (avec le chèque qui va bien).

Que je suis bienheureux de vous savoir encore là à me lire, à me sentir utile à quelque … ah merde ils sont tous partis, là je cause tout seul. Et oui j’ai l’orgueil en bandoulière et l’égo démesuré. Fier de ma plume, ça oui je le suis, et qui plus est je le revendique sans état d’âme. J’aime écrire, j’aime partager et j’aime encore plus quand on me dit que je fais le bien. Ca flatte le cœur de se savoir apprécié, et pourtant je n’ai pas une si haute estime de mes compétences. C’est juste qu’il est bon de se savoir lu et commenté malgré toute la charge que cela représente chaque jour … Comment ça je ne suis pas crédible ? Mais si c’est du boulot que d’écrire, enfin taper sur un clavier ! C’est une vraie charge que de fouiner et trouver des informations utiles pour vous faire plaisir … Bon d’accord, c’est moins long que d’enquêter et surtout moins difficile quand on ne fait que dire des banalités, mais bon… Voilà je suis fier de moi et merde à ceux qui ne sont pas contents.

Enfin, douce paresse, tu arrives en dernier parce que c’est elle qui motive ma passion de la lecture car trop flemmard pour faire du sport et trop malin pour m’épuiser à courir vainement autour d’un stade j’ai choisi le fauteuil anglais accompagné du feu de cheminée pour y déguster paisiblement les pages agréables d’un auteur compétent. Ecrire ici est juste une façon de faire plaisir à bon compte et surtout sans trop se fouler. C’est plus facile d’écrire tout cela que de faire les boutiques pour faire un cadeau aussi vite ouvert qu’oublié, c’est bien moins contraignant que de connaître les goûts des autres pour leur donner ce qu’ils aiment. Ici, il me suffit de soulager mon esprit et voilà que tout le monde est content. Pratique non ?

Bon je vous abandonne, Satan m’attend, il leur manque un joueur pour la belotte. Tiens t’es là aussi Bouddha ? Salut Jésus, salut Pierre, comment va Marie ? Allah ! Toujours à bouder celui-là… mais non le jeu n’est pas prohibé ! On est en enfer là ! Reviens !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A titre personnel, j'ôterai une affirmation de votre part. Celle de ne pas faire partie de ces escrivains capables de nous faire partir en deux ou trois mots loin du quotidien. C'est un avis personnel, mais comme je me fous de celui des autres...