28 janvier 2008

1905

Ca pourrait faire un excellent titre de film d’époque, vous savez, le genre cliché où les hommes portent le haut-de-forme et les femmes des robes au style plus que désuet. Et non ! Il s’agit là d’une évocation de la loi éponyme qui a rendue bien des services à la laïcité. En l’espèce son but est de séparer clairement l’église et l’état et ce tant d’un point de vue financier que moral.

Un petit rappel des « faits » :

PRINCIPES
ARTICLE PREMIER

La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

ARTICLE 2

La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.

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Je vous passe bien évidemment les autres articles qui dictent les détails de sa mise en place ainsi que les droits et devoirs de chacun vis-à-vis du culte, quel qu’il soit. Par conséquent, il est clair que l’état Français ne peut plus financer quelque culte que ce soit. A mon sens il est vital de rappeler ces dispositions afin de les comparer avec ce que vient de demander Dalil Brubakeur, président du Conseil du culte musulman : il souhaite obtenir un moratoire sur cette loi de manière à ce que l’état puisse financer des mosquées.

Loin de tout propos raciste ou dénigrant la religion musulmane, il est vital de se souvenir que si l’état verse encore de l’argent pour l’église ce n’est plus aux diocèses mais à des fonds spéciaux pour l’entretien et la préservation des bâtiments de ceux-ci. Patrimoine historique Français, les cathédrales et autres monastères sont donc protégés et même rénovés aux frais du contribuable. Qui s’en offusquerait ? Faut-il donc rendre privée la gestion de la cathédrale de Chartres avec le risque latent de la voir se dégrader ? Personne n’ira à l’encontre d’un tel raisonnement, aussi laïc que puisse être l’interlocuteur. En revanche rares sont ceux qui accepteraient de voir leurs impôts financer le salaire des curés ou de n’importe quel membre du clergé… moi le premier je dois dire. Donc soyons déjà d’accord sur un principe qui sera sûrement exploité pour de la contre propagande : l’état est séparé de l’église et le restera quoi qu’il arrive.

Ce que je n’accepte pas c’est qu’on puisse remettre en doute cette règle définissant les rôles de chacun : l’état n’est pas qu’une autorité « morale », c’est avant toute chose le législateur qui a pour fonction première de gérer et régenter la façon dont fonctionne le pays. Sa sécurité, son intégrité politique et sociale dépendent de ses services, en revanche le culte appartient au cercle privé. En quoi l’état aurait pour devoir de financer quelque lieu de culte que ce soit ? Pourquoi serait-ce à la Nation de signer les chèques pour bâtir une mosquée ou toute autre bâtisse d’ailleurs ? Si ces lois ont été difficiles à entreprendre c’est qu’en 1905 l’ingérence de l’église devenait intolérable aux politiques et que chaque curé devenait à lui seul une autorité capable de différer voire d’infirmer des décisions nationales dans les zones rurales. Qui étaient les notables ? Le maire, le médecin… et le dit curé. De fait, cette loi a permis de se débarrasser d’un contrepouvoir inacceptable dans un état de droit.

Certains voient sûrement dans ces propos un dénigrement de l’église catholique alors qu’il s’agit au contraire d’une indispensable séparation des pouvoirs. Le terrestre et le Ciel ne font pas bon ménage et l’Histoire n’est pas avare en exemples pour nous rappeler à quel point l’amalgame politique religieux peut être dangereux pour tous. En étant caricatural (et encore…) c’est à chacun de financer sa foi et donc de donner pour son fonctionnement. A titre de comparaison osée, personne ne serait favorable à ce que l’état aille donner de l’argent à ce qu’on nomme des sectes… et pourtant, les membres de ces organisations religieuses n’auraient-ils pas le droit de réclamer un dû équitable vis-à-vis d’une telle libéralisation ? Et que dire des religions inconnues en France avant la fin de la décolonisation ? J’ignorais que le Bouddhisme faisait partie des religions implantées en France depuis plus de 100 ans … et encore un siècle je suis fort généreux.

Revenons un peu sur les propos de M. Brubakeur : il espère voir l’état s’engager dans une politique de financement des mosquées afin que, implicitement, l’état reconnaisse la religion musulmane comme une religion implantée en France. Techniquement c’est déjà le cas de part les colonies d’une part, et l’immigration d’autre part. Deuxième religion de France, il est tout à fait compréhensible que l’on donne un statut et une reconnaissance nationale… mais pas aux frais du contribuable. Le CFCM a été créé dans le but de communiquer avec le gouvernement et d’y placer des autorités morales musulmanes capables de véhiculer les souhaits et idées de cette part de la population Française.

Je n’irai pas analyser le pourquoi d’une telle demande en dehors de mes remarques ci-dessus, il s’avère que le conseil doit être renouvelé sous peu. De là à en tirer des conclusions scabreuses il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. L’essentiel est de ne pas oublier qu’historiquement la France est Catholique, qu’elle a son héritage et sa culture basés dessus et qu’au surplus ce n’est pas à la France de fléchir face aux arrivants mais aux arrivants de s’assimiler à la population. J’ai déjà hurlé au scandale lors des affaires de foulards à l’école et je continuerai à marteler que la laïcité est un principe fondamental pour l’équité entre les personnes. Toute Foi doit être respectée, mais la Foi n’a pas à dicter ses conditions à l’état. Nous ne sommes pas dans une république islamique ou catholique ou quoi que ce soit d’autre, nous sommes dans une démocratie où nous avons réussi à séparer le divin du concret. Restons ainsi et n’acceptons aucune entorse.

La liberté d’opinion ce n’est pas les imposer à autrui, c’est d’écouter autrui pour apprendre de lui.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Simplement pour écrire que je suis solidaire en tout point et mot avec mon ami JeFaisPeur; et que je partage son opinion.

Anonyme a dit…

Tu crois qu'il faudrait leur dire que Jésus était le fils de Judas de Gamala, fondateur du mouvement Zélote, descendant de David? Que les apôtres étaient au nombre de sept ou huit et qu'il étaient frères de Jésus? Parce que partant de là, cela fout au moins le bordel dans deux religion... Minimum. Plus de message évangélique, toujours et encore de la politique et deux millénaires d'arnaque magistrale. Non, je plaisante. Je m'en tape en vérité. Parce que je préfère de loin un Homme qui se comporte comme tel de par lui-même. Et non d'un homme qui essaye de se comporter comme tel par crainte de représaille divine.