11 décembre 2007

Le téléphone rouge

En voilà un objet somme toute assez banal qui fut la source d’énormément de fantasmes de part le monde ! Rien qu’à lui seul il a représenté toute la puissance et l’hégémonie de la terreur durant la guerre froide, et qui plus est s’est avéré un des seuls outils offrant la possibilité d’éviter une apocalypse nucléaire. Superbe engin dont la couleur ne laisse pas plus de doute que celle du cheval d’Henri IV, il est porteur d’une histoire riche en rebondissements, secrets d’états et surtout d’invraisemblables bourdes politiques. Entre ce que peuvent dire les médias et la réalité m’est avis qu’il y a de quoi humilier le prolifique Tom Clancy et même d’offrir des romans d’espionnages bourrés de clichés.

Un peu d’histoire : le fameux téléphone rouge fut mis en place (d’après la majorité des sources auxquelles je me réfère) le 30 août 1963 entre Moscou et Washington afin de permettre aux deux puissances nucléaires majeures un canal de communication privilégié entre leurs dirigeants respectifs. Rien que cette idée laisse songeur sur la confiance des deux paranoïaques étoilés à propos des autres nations du monde, car finalement hormis le président américain et son homologue Soviétique, qui fut au courant des tergiversations qui ont pu transiter à travers ces objets de plastique ? Quoi qu’il en soit, le téléphone rouge mérite sa place dans l’historique des accessoires de la frayeur atomique, notamment pour tous ceux qui en dépendaient… et en dépendent encore. Il faut en effet le savoir, la dite ligne est toujours d’actualité et l’annonce de la création d’une ligne analogue entre la Chine et les USA (annonce datée de début novembre 2007) ne présage rien de bon concernant les relations entre ces deux nations.

Pour ma part, j’imagine fort bien toute la nécessité latente d’avoir le téléphone rouge à portée de main : quoi de plus utile que de pouvoir dire à son adversaire qu’on est en paix, de pouvoir le rassurer en lui affirmant que « Les manœuvres au sud Vietnam sont à but humanitaire et rien d’autre » ou bien « Mais non, l’Afghanistan n’est pas une cible stratégique ! ». Après tout, ce n’est pas comme si ces deux blocs s’étaient menacés pendant des décennies pour des différends plus motivés par l’ambition d’être la première puissance du monde que pour des raisons idéologiques… Et puis franchement, question idéologie la seule et unique différence entre l’URSS et les USA fut que l’URSS envisagea les magasins d’état et les kolkhozes à une échelle locale et non mondiale. Quoi ? Comment ça vous ne comprenez pas ? Et un Mc Donald’s ce n’est pas une succursale d’un restaurant d’alimentation standardisé ? Et la Standard Oil ce n’est pas le concept même de la collectivisation des ressources pétrolières ? Ah, je comprends, il est je le concède difficile d’admettre qu’au fond la collectivisation et le capitalisme ne sont que des questions d’échelle.

Revenons à nos missiles, pardon moutons. La bombe atomique fut le point d’orgue du conflit entre le Japon et les Etats-Unis, ainsi que le point de départ de la guerre froide. Toutes les nations dites riches, puis plus tard celles plus pauvres mais suffisamment peuplées se lancèrent dans la quête de l’ouragan radioactif pour des raisons de sécurité nationale. Quelle vaste plaisanterie, comme si j’annonçais à mon voisin que je me suis offert un fusil histoire de me protéger de lui. Enfin bon, une fois l’URSS et les USA équipés, il fallut bien réussir à les faire discuter des boulettes diverses et variées de leurs états majors : la guerre de Corée avec l’intervention des Américains, la présence rouge en Afrique, Cuba et les missiles… ah oui Cuba, quelle belle histoire de grand n’importe quoi politique ! D‘un côté un président Américain désavouant une résistance logée et formée aux frais de la CIA (la baie des cochons), puis la réplique Soviétique avec l’installation de missiles sur le territoire Cubain. Bizarre, mais les dates sont très proches tout de même, bien que deux acteurs de cette crise l’Américain découvrit pour sa perte que la théorie de la balle magique peut fonctionner à Dallas. Amusant dans un laboratoire, beaucoup moins quand celle-ci vous transforme en écumoire.

Plus récemment je suis convaincu que l’affaire du Koursk (ou plus justement nommée par mes soins « Yankee et Boris sont dans des sous marins, Yankee percute Boris qui coule. Qu’est ce qui reste ? Un désastre humain et écologique ainsi qu’une jolie bourde de l’armée Américaine ». Si l’on s’en tient à la version officielle le Koursk aurait coulé suite à un accident dans la chambre des torpilles, et celle plus plausible que les USA, mécontents de voir les Russes faire affaire avec la Chine aurait espionné des manœuvres jusqu’à faire se percuter deux sous-marins. Mettez deux chiens de garde dans la même pièce exiguë et demandez vous combien de temps il faudra avant que le massacre commence. De ce point de vue le téléphone rouge a dû chanter comme à la grande époque de l’est ouest. Comme quoi, démanteler les missiles ne s’étant pas fait, pas de raison de couper l’abonnement pour le téléphone rouge.

Dernière chose à ce sujet : est-ce qu’il existe d’autres lignes spécialisées entre les chefs d’état ? En dehors des considérations de sécurité (cryptologie) et utilité réelle de ce genre de principes, je me demande si les grands de ce monde se font des conférences téléphoniques caricaturales avec des interprètes, des bataillons de secrétaires pour tout relever et tout analyser, ainsi que de murs d’écrans présentant les situations abordées pendant les discussions… Ah non, ça ce sont des clichés Hollywoodiens, il est plus probable que tous ont des liasses de papiers à l’ancienne, de pochettes de couleur et de post-it gribouillés pour donner des précisions au président en poste. Risible non ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Question metaphysique :

Y-a-t-il un rapport entre le telephone rouge et 'L'auberge rouge' ?