06 novembre 2007

Soufflons un peu


Je n’entends pas par là prendre un peu de repos, et encore moins faire preuve de patience concernant bien des points de l’existence, j’envisageais plutôt la méthode éprouvée du soufflet sur les braises de la haine. Amusante analogie entre le brasier humain et celui d’un âtre entretenu par nos soins n’est-ce pas ? Dans les deux cas la chaleur monte, les étincelles fusent et au final l’incendie guette tranquillement couvé par des bûches qu’on croirait éteintes.

La situation internationale est à l’instar d’un bûcher gigantesque où chaque pays est un tronc qui attend sagement de restituer son rayonnement à ses voisins : Pakistan frôlant l’implosion politique, Moyen-Orient sous le joug d’extrémistes étoilés ou en turbans, Afrique vérolé tant par la maladie que par la corruption, nous avons de quoi faire. Qu’on n’aille pas prétendre que la situation est meilleure qu’au sortir du conflit mondial, jamais nous ne fûmes plus proches d’un désastre planétaire. D’une certaine manière, nos attitudes respectives bercées de rêves de domination mondiale, de haine raciale, et de fierté nationale font bon ménage avec le maintien de situations scandaleuses. Est-il possible et logique qu’on se prétende sauveurs alors qu’au demeurant nous sommes des fossoyeurs creusant nos propres tombes ? Pour ma part le doute m’étreint quant à l’intelligence de nos dirigeants…

L’orgueil, ce creuset inaltérable prêt à recevoir le plomb des balles tueuses, à lui seul il est une maladie vénérienne honteuse, une véritable pandémie dont serait jalouse le SIDA s’il avait la capacité de réflexion. Nous éduquons nos enfants dans la suspicion et, en étant paranoïaques nous maintenons « l’autre » dans le doute concernant nos opinions. Honte à nous, nous insufflons sans cesse colère et bêtise dans nos actes, nous soutenons la violence comme d’autres soutenaient des dictateurs en d’autres temps hélas non révolus. L’espace d’un instant nous aurions pu envisager une paix mondiale, une façon de dire halte à la guerre, et pour autant nous nous sommes tous sentis investis d’une mission pratiquement divine : nous autodétruire. Séduisant concept qu’est la faculté de décider de concert de notre extinction, c’est le pied de nez ultime à la Nature en lui hurlant dans les esgourdes « Non ! Le Pinatubo n’aura pas raison de nous, Nous nous en chargeons nous-mêmes ! »

Faites donc, pauvres fous, dispensez vos conseils avisés à la planète entière en égrenant la liste des composants nécessaires à la recette ultime : un peu de plutonium, un soupçon d’électronique, faites cuire à feu vif l’intolérance et servez bien chaud, aux alentours de deux millions de degrés Celsius. On me fait signe dans l’oreillette que certains prétendent que la bombe n’est pas en possession des états « voyous » et que seuls les pays « intelligents » la possèdent. Tiens, j’ignorais que le Pakistan et l’Inde s’adoraient, je ne savais pas plus que la Corée du Nord faisait partie de l’amicale de l’axe du bien, et pardessus tout je supposais donc à tort que confier la clé des missiles à un pantin ignare tel que (pas de nom, un procès est si vite arrivé…) était donc pure folie. C’est évidemment œuvre de rhétorique que d’aller analyser ces faits pour en tirer une analyse d’un avenir somme toute radieux (ou irradié).

Il n’est pas facile de maintenir la pression, pour preuve nous sommes devenus de joyeux lurons avec nos voisins germanophiles : entente cordiale, frontières ouvertes et même des corps d’armée en commun ! Je pense qu’on aurait pu faire hurler de terreur nos prédécesseurs en leur proposant de telles éventualités, et Maginot doit sûrement se retourner dans sa fosse, pardon dans son cercueil en voyant son ouvrage devenir un lieu de tourisme historique. Malgré tout, certaines choses subsistent et résistent fort bien à l’usure du temps. Notez bien que je ne crois pas à la perpétuité des opinions, l’Histoire est suffisamment claire pour nous rappeler que l’ennemi change de forme, de couleur de peau et de religion, mais son essence même elle subsistera toujours. Avant, le terroriste était cagoulé et faisait de la télévision, le tout filmé par des compères complaisants. Aujourd’hui, ils s’équipent de studios privés et font eux-mêmes la production de documentaires, le tout à visage découvert. Evolution des temps, les « méchants » sont aussi médiatiques et compétents en communication que ceux qui les détestent. Allez savoir si les « gentils » ne leur facturent pas des prestations, ça serait du plus bel effet sur un CV : conseiller en communication auprès des rebelles de x, technicien vidéo pour les brigades y…

Je parlais de braises : le feu est mouvant, il aime se nourrir de l’air ambiant, l’empester de sa fumée salissante et en plus se donner une couleur apaisante. Toutes les opinions haineuses lui sont analogues : une dialectique simple sur la destruction, un art consommé de réduire à néant les efforts des hommes pacifiques (non sens ?) et finalement se montrer soi-disant moraux pour séduire les masses. Entre les flammes de l’enfer, les brûlots vains et stupides des hommes et au bout du compte l’incinération systématique de notre environnement, bientôt nous pourrons rendre grâce aux cheminées Godin pour avoir su prendre le marché florissant de la cheminée à domicile. La seule chose qu’ils devront revoir c’est la taille du crématoire, du foyer (encore une fois pardon).

Il m’est difficile de dire « finalement » tant les choses évoluent à toute vitesse : le vent s’engouffre dans les saignées tracées sur le corps malade de l’Humanité, il y dévore encore et encore des quantités atroces de vies, le tout avec l’humour grinçant des lendemains au napalm qui déchantent.

Je voulais aussi aborder la question des « pas doués de Zoé », les pieds nickelés du sauvetage d’enfants au Tchad : nous ignorons à l’heure actuelle les conditions réelles d’organisation de ce désastre, mais malgré tout m’est avis qu’il faut, quand on veut être efficace, s’intéresser au Droit avant même de se préoccuper du rêve. On ne prend pas en charge des enfants sans cette présence d’esprit élémentaire, et probablement le tribunal sera clément en leur prêtant l’excuse inepte « ne se doutaient pas que ça merderait ainsi »… bien que nul n’est censé ignorer la Loi.

« Sic transit gloria mundi » (ainsi passe la gloire du Monde)

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