09 juillet 2007

A l’heure des choix...

Comment en suis-je arrivé à rédiger une chroniquer sur la notion de choix ? Est-ce suite à l’audition de Maître Desproges qui sut exprimer avec sa verve et son cynisme coutumier l’expression même de la difficulté à faire des choix dans l’existence : « Tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin ». Pour ma part si je devais donc faire un résumé je laisserais alors que cette phrase mythique et au combien de circonstance…

Non ! Ne partez pas ! Je ne vais pas pour resservir chaude de la viande froide ! Même si, j’en conviens, il m’arrive d’être un fossoyeur d’idées j’ai moi aussi le droit de décrire à ma manière certes moins gracieuse l’idée délicate du choix. Tiens en passant, si vous êtes encore à me lire et que vous en êtes arrivé à cette phrase, nul doute que vous avez fait le choix (encore lui) de rester en ma désagréable mais non moins intéressante présence. J’avoue avoir le sourire en vous imaginant pestant contre ce fait… bref passons aux choses sérieuses.

Qu’est-ce que le choix ? Prendre une décision qui peut s’avérer lourde de conséquence ? La notion de décision n’incluse guère que sa factualité, c'est-à-dire en fait la prise de position et non pas les résultats qui en découlent. Comme le tout à chacun peut l’affirmer, décider revient souvent à se vautrer lamentablement dans l’erreur et à en gérer les conséquences parfois fort désagréables. Prenons le cas d’un homme décrétant qu’un torrent de boue ne saurait entraver la progression inéluctable du progrès et de son automobile, l’homme veut dominer la nature, il prend la décision d’accélérer et de jeter son monstre mécanique dans les éléments déchaînés. Les pompiers ont bien mis quelques heures avant de comprendre comment l’infortuné avait fini sa course, avec sa voiture, cent mètres plus bas enterré dans deux bons mètres de glaise gluante. De facto faire un choix ne reflète donc pas le bon sens ni même ce qu’on peut encourir comme sanction.

Je me suis souvent demandé s’il fallait toujours faire des choix : ne parle t’on pas de choix Cornélien ? Mais si Corneille se posait des questions, était-ce dans une situation où son honneur était en jeu, ou bien devrait-on plus judicieusement croire que le génie de la plume dut choisir entre le giron d’une épouse et celui d’une soubrette fort séduisante ? Le choix est là où on ne l’attend guère, et encore faudrait-il qu’on l’attende ! L’ouvrier se retrouvant face à un tribunal du peuple, lui, il avait quoi comme choix ? Enfin oui bon d’accord je schématise un peu trop, mais songez-y, rien n’est plus frustrant que d’avoir le choix entre la peste et le choléra. En parlant d’expression toute faite, aujourd’hui il serait bien plus de circonstance de choisir entre le SIDA et la lèpre, du moins pour les pays du continent africain… mais en l’affirmant je serais alors étiqueté … donc restons en à la peste … Vous parlez d’un choix : crever ou crever, fort agréable non ?

Des choix plus intéressants peuvent vous tomber dessus sans crier gare, bien qu’il soit souvent moralement intenable de choisir l’agréable au détriment du trait moral. L’épouse fidèle mais épuisée par son éternel beauf de mari, n’a-t-elle pas à subir le rude choix de l’abstinence au lieu de céder aux sirènes des hommes fort bien mis sur et en elle ? Là est toute la douloureuse moralité qui vous cerne tels les serres terribles du vautour affamé de la bienséance publique. Offrons lui une pédicure à ce démon qui s’empare de nous quand nous voulons nous affranchir parce qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien d’abord ! J’entends bien vos cris de colère, non je ne fais pas l’apologie de l’adultère, mais tout de même choisir d’accepter un con affalé dans le sofa au lieu de prendre un amant bien plus compréhensif et cultivé, franchement, vous y résisteriez vous ?

Admettons donc que les choix peuvent être sincèrement délicats, car on a bien vu des dictateurs hésiter entre la répression aveugle et les exécutions sommaires des leaders déjà emprisonnés, des manifestants douter de l’efficacité du pavé pour envisager le coktail Molotov, ou même la mère de famille de se réserver le choix final entre la taloche et le roseau sur les fesses de ses mouflets. Est-ce donc si dur de croire que l’intermédiaire saurait exister ?

Le choix ne se borne que rarement à deux extrêmes, il y a bien souvent toute une palette entre les deux, des dizaines de voies où personne ne s’engagera jamais. Nous sommes cons et bornés par nature, donc nous choisissons le pire. Ca doit être pour ça qu’on a été forcés de créer un vocabulaire de la tempérance : la diplomatie…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La notion de choix prend selon moi tout son sens quand s'immisce la notion de risque...