21 juin 2007

Une volée dans les dents

Le nez dans le courant ascendant, les yeux rivés sur la ville qui souffle sa pollution, mon âme écoute avec intérêt les trépidations du bitume qui cache les misères d’un monde déshumanisé. C’est beau non ? Ca a une autre prestance que de dire avec le tact d’un général soviétique « Ca pue, il fait chaud et tout le monde se fait la gueule ». Là, tout est dit et la discussion qui aurait pu s’entamer sous les meilleurs auspices se retrouve alors totalement superflue, inutile et tristement repoussante. En quelque sorte, la parole devient un repoussoir aussi virulent d’une suée de fonctionnaire obèse dans un bureau sans climatisation un jour de canicule et pour tout dire cela expliquerait le tempérament violent des humains. Ma foi, pourquoi perdre son temps à parler et à jouer de la circonlocution alors qu’une bonne baffe bien appuyée a l’avantage indéniable de la rapidité, la force incontestable de la revendication et suprême utilité l’interdiction formelle de toute négociation ultérieure. L’Homme excelle à cogner en pêchant par impatience. Probablement que les blindés envahisseurs des communes françaises faisaient preuve de l’enthousiasme déluré de la jeunesse !

Tergiverser, négocier, parlementer sont des méthodes longues, périlleuses, semées des embûches de la mésentente ; pour s’en convaincre je crois que les réunions des parlementaires européens doivent valoir le déplacement car entre la traduction plus ou moins précises et parfois même les contresens je peux ardemment supposer qu’au bout du compte le Français parlait de bananes, le Belge de Ray-Ban et le Suédois d’igname. Certains pays résolvent alors les conflits politiques par l’utilisation des poings au lieu de jouer de la calomnie somme toute efficace mais sur un long terme auquel l’on peut contester la pérennité. « Cognez et parlez ensuite, ça vous sera bien plus utile » aurait affirmé (de source non informée ni vérifiée) un élu Vietnamien après une assemblée plus que houleuse. Aux dernières nouvelles il serait envisagé de boulonner les fauteuils au sol pour qu’ils ne deviennent pas des projectiles. Comme quoi, parlementaire peut rimer avec délétère.

Les facteurs de l’aggravation des pertes de contrôle de soi sont connus et reconnus, et par exemple la chaleur n’est pas le moindre des catalyseurs. Placer un conducteur dans un bouchon en plein été avec une canicule, le tout sans eau ni climatisation et en bonus un enfant saturé de fatigue et d’un besoin légitime d’aller faire ses besoins, je certifie la crise de nerfs à la majorité des parents qui, par simple excès de colère finit parfois par en devenir l’archétype du bourreau. Que j’aime ces bestiaux agglutinés sur la route des vacances, chargés comme des mules et s’empiffrant de chips soiffardes ! Ils m’émeuvent presque autant que lorsque je tombe sur ces émissions où des cinglés découvrent qu’un mur pris à 300 Km/h n’est pas tendre avec la voiture, enfin émotion qui serait plus de l’hilarité.

On dit qu’il faut parfois se faire violence et personnellement je préfère être violent avec autrui car d’une part je m’aime bien et d’autre part parce que je ne vois pas pourquoi je retournerais mes colères contre ma propre intégrité physique ou morale. Entre la main levée et la langue pendue j’ai pris le parti du bavardage virulent qui semble fonctionner à merveille pour éveiller la colère des idiots, le rire des cyniques et l’impassibilité du reste de la population. Cela prouve donc que la violence est un marché porteur et qu’au surplus il offre tout un tas de perspectives que même les plus compétents dans la vente d’armement seraient bien en peine d’envisager. Pour répondre à la volée de missiles rouges on a les patriot (équipement Américain fait de missiles supposés intercepter les ogives ennemis… une espèce de parapluie de fer qui semble t’il aurait l’efficacité d’une écumoire pour regarder Canal+ mais là je diverge), mais contre la haine en paroles on a le mépris, la colère ou l’indifférence. Dans tous les cas, à moins de demander explicitement qu’on passe au pilori les importuns et les calomnieux l’on est tenu de gérer la colère verbale. Cette impossibilité à se débarrasser de cette nuisance expliquerait le nombre de dents cassées par autre chose que l’asphalte lors d’accidents de la circulation. « Circulez, y a plus rien à voir ! » lancera le motard de police intérieurement amusé par la débilité des deux bagarreurs trop surchargés d’hormones et de testostérone.

Pour finir amusez vous : rendez fou quelqu’un que vous avez du mal à voir en peinture (ou en tout autre chose d’ailleurs) et comptez le temps qu’il ou elle mettra avant d’en venir aux mains. Généralement l’on est plus proche des minutes que des heures ou des jours… alors ne comptez pas sur nos politiques pour être plus sages que nous sur ce point, ils sont encore plus sanguins…

Misère…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je te conseille un livre qui s'intitule "getting to yes" de Fisher et Ury. C'est le seul bouquin de management à etre un best seller. Il donne LA méthode de négociation pour obtenir ce qu'on souhaite d'autrui.