29 juin 2007

Préjugés

Je vais encore faire ma baderne qui grogne pour montrer les dents, mais sans déconne aucune ça ne vous les brise pas menue de colporter des conneries, et même d’en être intimement convaincu ? Sans blague, ça doit être dur à vivre aujourd’hui de revendiquer que la belle bleue est plate comme Birkin, ou bien qu’on est moins inégal quand on est gueule de cire. Il y a de quoi dire, redire et avoiner dans vos préjugés de fond de cuvette, une encyclopédie y suffirait sûrement pas ! Mais là, je suis d’humeur joueuse, on va prendre parmi les plus ordinaires, vous savez la connerie du tout venant, la phrase sortie par l’abruti partageant le zinc avec vous ou le collègue qu’on a envie de bâillonner tant il est stupide dans ses réflexions.

Franchement, je me marre à chaque fois quand on passe sur les clichés parfumés à la débilite aigue : entre les rousses, les noirs, les poubelles, la cuisine étrangère, les voitures et même les animaux de compagnie, vous les couineurs du blase qui se disent « indisposés » quand un de ces éléments s’approchent de vous, vous nous faites partager des sommets d’idiotie ! J’adore « être roux c’est sentir mauvais », « la cuisine africaine, quelle infection ! », l’adorable mais profond « Un pneu ça sent moins mauvais quand ça brûle qu’un arabe quand ça cuisine ». Alors en fait de préjugé je me demande s’il n’y a pas là juste une manière de camoufler un racisme lattent ou une frustration de ne pas comprendre une culture qui ne nous est pas facile d’abord. Ah les peigne-culs qui vous lancent des grandes phrases sur l’hygiène du fameux voisin qui a un « clébard qui pue », alors que lui-même n’a pas encore découvert la savonnette ou la brosse à dents, c’est un grand moment digne d’un caméra cachée non ?

Dans le genre préjugés tenaces il y a après l’odeur la partie des papilles qui est mise à contribution pour fuir tout ce qui n’est pas ordinairement dans la gamelle. « Indien, trop épicé, chinetoque… fait n’importe comment… » et nous en France, faire macérer du raison pour en faire du pinard, se taper de la choucroute qui ressemble à de la perruque d’entraîneuse passée dans une machine à laver, ou encore s’enquiller du boudin dont j’éviterai la description du procédé de fabrication… Bref, dès que c’est l’assiette c’est le veto au moins aussi benêt qu’un mioche refusant de se taper ses fayots sous prétexte que ça fait loufer. Y a des choses comme ça qui font que je fuis la compagnie de certaines personnes au moment de la ripaille, car j’ai au moins une certitude, c’est que ça finira rapidement en steak frites et non en bonne tambouille exotique. Remballez vos préjugés, ils savent cuisiner aussi bien que nous, mais différemment.

On peut parler des tempéraments aussi tant qu’on est lancé dans la gueulante : du « boche trop raide au point de croire qu’il a été emmanché dès la naissance » au « rital à grande gueule qui ne sait pas la fermer », c’est franchement la foire au n’importe quoi. Oui ! Il existe des américains qui savent se nourrir et qui n’ont pas voté Bush ! Oui il y a des Suisses qui ne sont pas mous et amorphes ! D’une certaine manière on préjuge pour avoir un critère discriminant, mais d’une certaine manière ces réactions sont essentiellement une éducation différente et une Histoire très influente sur le présent : l’allemand trop psychorigide ? Comme si l’on pouvait créer un empire en agissant pardessus la jambe… les Italiens trop volubiles ? Le beau temps et la culture de le prendre (le temps des choses) leur offrent la passion de la parlotte. Et nous les Français on est quoi ? Des gueulards, des têtes de cons mais aussi… des obsédés (du moins paraît-il). De fait d’une société donnée on en fait une caricature devenant « vérité » pour résumer des choses complexes. Tentez de faire le portrait d’un Russe que je rigole, parce qu’entre un Moscovite et un habitant du cercle polaire, autant de points communs qu’entre un européen et un Japonais (tant physiquement que culturellement).

Il y a mille abords (et non sabords) possibles pour le préjugé : la technologie (les bagnoles françaises, c’est d’la merde pas finie et pas fiable, alors que les jap’ sont géniales), l’économie (on a pas de pétrole mais des idées… en fait surtout des idées), l’Histoire (on a gagné la guerre parce qu’on était balaises !), la géographie (Ah bon y a de la neige en Afrique ?), en politique (oui le FN c’est bien – malheureusement – un parti politique et non une association loi 1901), la culture en général (Picasso… peintre en vomissures et Van Gogh tâcheron sans talent). La liste ne serait pas complète sans l’inusable « tous les allemands étaient et sont des nazis » qu’on enfonce dans le crâne de nos chers gosses… Merci aux cons qui font la langue et ce qu’elle devient (soupir…)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

cf le bruit et l'odeur de Chirac :

http://fr.youtube.com/watch?v=i7iz_IZoANo&mode=related&search=

JeFaisPeurALaFoule a dit…

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