14 mai 2007

Autre information importante.

A force de consulter avec curiosité les éphémérides je constate que le 14 mai 1955 apparaissait la frayeur européenne, l’hydre rouge nommée « Pacte de Varsovie ». Créé en réaction de la création de l’OTAN le 9 mai de cette même année, ce fut la terreur mondiale jusqu’à l’implosion de l’idéologie communiste. Les jeunes adultes ne voient plus ce terme que sous la forme d’une ligne ou deux dans les livres d’histoire, mais qui a plus de vingt cinq ans ne peut pas oublier tout le poids du symbole. N’oublions pas que jusqu’en 1989 le rideau de fer avait un sens et que l’étoile rouge symbolisait auprès de la majorité de l’opinion publique la dictature d’un système monolithique et inquiétant menaçant les fondements de l’économie de marché. Quelle terrifiante perspective que de devoir faire la queue dans les magasins collectivisés, de ne pas connaître le principe de concurrence ou le libre choix des biens achetés ! C’était ça le cliché du communisme, et ses chars roulant sur Prague celui du pacte de Varsovie.

S’il est difficile de s’imaginer aujourd’hui ce qu’était ce fameux pacte c’est qu’aujourd’hui l’on parle de la Pologne, de la Roumanie et même de la Russie comme on parlerait de partenaires économiques et non comme des ennemis héréditaires. C’est tout particulièrement réducteur si l’on oublie que l’OTAN est un modèle tout à fait similaire de direction militaire, à la différence près que les nations « libres » ont toujours prétendues être des nations du « bien ». Surprenant parallèle tout de même si l’on songe au fait que tant l’OTAN que le pacte alignaient en Europe un arsenal ahurissant de missiles nucléaires, de blindés et de forces aériennes. Pour s’en convaincre il est judicieux de se souvenir que l’URSS utilisait 25% de son PIB pour financer l’armée et la recherche militaire !

Fut une époque avoir une étoile rouge sur son passeport était un signe ostensible de non appartenance au peuple européen, une marque brutale digne du numéro de série sur les avants bras des déportés d’Auschwitz. Les douaniers étaient réticents à vous voir passer une frontière, la police vous regardait comme un espion à la solde du diable rouge et pire encore le cyrillique utilisé dessus était à lui seul signe de maudissement éternel. Les peuples de l’est étaient alors des inconnus, prisonniers chez eux surveillés par une dictature totalement hystérique au point de voir des complots partout. C’était ça aussi le rideau de fer, la menace permanente d’une attaque rouge contre les gentils bleus et une méfiance illégitime contre ces populations incarcérées dans leurs propres nations.

Nous, quand je dis nous je parle de la population européenne dans son ensemble, sommes des produits de la chute des empires après 1914 et le désastre de la seconde guerre mondiale. L’échiquier s’est mis en place avec l’impérieuse nécessité de ne pas fâcher Staline qui possédait une force suffisante pour renvoyer les corps armés alliés dans l’atlantique. S’il s’était écouté, nul doute que le conflit aurait été autrement plus sanglant et la France serait devenu un théâtre d’opération pour l’armée rouge… seulement ne voyant pas l’intérêt d’envahir des pays non slaves le dictateur se fit juste plaisir en s’octroyant toutes les nations panslaves ainsi que la moitié de l’Allemagne démantelée. Triste ironie, cette partie a alors été mise à l’écart du reste du monde pendant presque un demi siècle. Il est également important de savoir que bon nombre de communistes Français, surtout les plus fervents travaillaient déjà à l’accueil des troupes rouges sur le territoire. L’idéologie me laissera toujours aussi pantois quand elle rend stupide à ce point là !

le Pacte fut dissous officiellement lors d'une réunion à Prague le 1er juillet 1991 et suprême ironie de l’Histoire ses membres rejoignirent l’ennemi commun, l’OTAN. Est-ce une victoire du bien ? Je n’en suis pas si convaincu que cela puisqu’au fond les décisions sont toujours prises par les fondateurs, les autres faisant acte de collaboration plus que de poids décisionnaire. Toute la question repose également sur l’efficacité réelle de ce modèle tant les dissensions et les écarts d’intérêts peuvent être flagrants. Appartenir à l’OTAN c’est appartenir à l’axe des puissants et non pas à l’axe du bien comme ils s’en prévalent systématiquement.

A terme le pacte de Varsovie ne sera plus qu’une référence historique de plus, poussiéreuse et engluée dans des volumes indigestes et peu expliqués à la jeunesse. Les prochaines générations ne comprendront plus la crainte qu’avaient les anciens de se prendre un SS20 sur la tête … Fin d’une époque !

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