16 avril 2007

Non réponse par internet.

Suite à la lecture diagonale d’un article sur le site de (dés)information Yahoo, j’ai été amusé par un raisonnement tenu concernant la non présence des candidats aux élections dans les débats qui leur ont étés offerts sur la toile. Bien que je sois, d’habitude, de mauvaise foi et feignant de mal comprendre les textes je vous livre tout de même le fond de cet « article » : les candidats craindraient le web et ne souhaiteraient pas participer au débat public, ce qui serait un déni de démocratie. L’offre d’un débat par le web repoussée par les candidats, permettez-moi de rire, de m’esclaffer tout en étant ahuri par une telle candeur verbeuse.

Je tiens à apporter cette précision : le but avoué était d’être « journaliste citoyen » en permettant à l’anonyme s’instaurant source d’informations de devenir visible en profitant de la notoriété des candidats à la présidentielle. Deux choses sont possibles : soit le dit rédacteur est un candide comme il en existe peu et là j’admire sa persistance, soit il est d’une hypocrisie bien sentie lui permettant de s’offrir une notoriété colossale à peu de frais.

Voici le lien et faites vous une idée :

Yahoo, l'article...

En quoi nos politiques sont-ils tenus de communiquer sur le web ? Je précise ma question avec un fond totalement simple : depuis quand doit-on accepter l’interpellation de masse au détriment de questions choisies dans des débats ? Se plier au jeu du « tchat » ou du forum est tout simplement impensable, surtout quand on considère la qualité plus que douteuse des réflexions qui risquent de s’aligner. Quel site pourra garantir à un candidat sérieux à la présidence que les questions ne tourneront pas au pugilat ou aux réflexions dignes de piliers de comptoirs ? Le média est certes séduisant, l’idée même de pouvoir interpeller le candidat de son choix sur quelques questions épineuses a quelque chose de fort séduisant mais comment se départir d’une majorité bornée qui iront dire « vous êtes un fasciste » sans en connaître le sens ou bien « vous n’êtes pas crédible » sans prendre le temps de connaître le programme du candidat ou de la candidate. Je n’ai pas la candeur de croire qu’il y aurait une présélection non partisane pour avoir une discussion modérée et réfléchie.

Comme je l’expliquais à l’instant un candidat doit d’abord et avant tout s’adresser à la majorité des gens et non à une population toujours râleuse et jamais vraiment intéressée à ce qui l’entoure. Entre contestations imbéciles et refus forcené d’intégration le web offre déjà une tribune à de petits révoltés en mal de reconnaissance sociale ou intellectuelle. Qui n’a jamais bondi en tombant par malheur sur les machines à inepties que sont les blogs Skyrock ? Qui n’a jamais été tenté de faire disparaître des pages entières d’insanités teintées soit de racisme soit de violence gratuite, le tout tartiné d’un français non pas douteux mais purement et simplement inexistant ? Alors à ce compte, en quoi un futur président aurait-il un quelconque devoir de réponse face à ces ingrats de la République ?

Je suis le premier à dire que je suis un râleur, je dirais même un contestataire, toutefois j’estime qu’il est du devoir de tous d’agir avec discernement et pondération. Pour ma part il me serait bien entendu agréable d’avoir la chance de discuter avec un candidats, simplement en quoi pourrais-je lui être utile ? D’un point de vue propagandiste je ne suis personne, un atome au milieu d’une vague informe et dénuée d’identité. Pour ce qui est de l’aspect réflexif je doute que ma petite personne puisse expliquer à des gens rôdés au fonctionnement de nos institutions le pourquoi d’un malentendu flagrant entre la direction de l’état et ses administrés.

Comprenons nous bien : les médias sont et le seront encore pour longtemps les journaux, la radio et la télévision, le www offrant juste des tribunes libres et quasi dénuées de toute censure. Le Web n’offre pas la garantie d’un impact massif, permet les interprétations et pardessus le marché cloisonne la relation entre le questionné et l’interrogateur. Je doute qu’on puisse être modéré quand on a la protection de l’anonymat.

Dernier point somme toute encore plus important que les autres : tant que le média restera un simple texte sans aucune forme d’image il sera possible que le dit candidat place des pseudo utilisateurs dans la boucle de manière à se garantir des questions peu voire pas gênantes, une pondération totalement dénuée de la réalité du besoin de réponses des électeurs. Si l’avenir des communications passe par Internet espérons qu’il y aura une façon fiable d’avoir une tribune sécurisée, image de celui qui parle à l’appui et dans des dispositifs indépendants de toute influence extérieure. Pas question d’assister à un meeting virtuel, le but de départ était bien que nos futurs élus répondent sur le web à la foule des internautes.

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