24 novembre 2010

Le fond des poubelles

Et allez, les scribouillards, en mal de sensationnalisme nauséabond, vont jusqu’à fouiller dans le fond des poubelles des élus. Allez lire ce lien, puis revenez sur cette page.

L'article, sur public senat.fr

C’est tout sauf de l’information, c’est juste remuer (comme on dit vulgairement) la merde, de manière à exciter la foule et les oppositions. A quoi bon ? Est-ce de l’information quand il s’agit d’aller « dénoncer » des conversations privées ? En quoi cela nous concerne, si ce n’est parce que la foule est friande de salades avariées, prête à tout avaler du moment que cela a la saveur du scandale, prête à gober goulûment les hameçons les plus grossiers tant qu’ils sont associés aux gouvernants en place ? Nous sommes donc tombés si bas qu’il faut que la presse se fasse l’écho de tels échanges ? Sommes-nous si profondément engoncés dans la médiocrité que l’essentiel est remplacé par le pathétique ?

Tout d’abord, je rappelle gentiment qu’il s’agit visiblement d’une discussion entre deux personnes, et ceci à titre totalement privé. Qu’ils se soient invectivés, ou au contraire charriés comme des écoliers, est-ce notre problème ? Pas que je sache, car l’arène médiatique se doit de se préoccuper des vrais scandales, de dénoncer les vraies arnaques, mais certainement pas d’aller relever des petites phrases lâchées entre deux élus. A ce titre, je n’attends plus qu’un « scandale » où le président aurait le culot d’utiliser du papier toilette Allemand, au lieu d’en utiliser un produit en France. Ca serait à niveau du propos de l’article source de ma colère. C’est tout de même hallucinant que la presse devienne si mauvaise qu’elle ose diffuser de telles informations aussi inutiles que puériles !

En second point, ce que je trouve encore plus douteux, c’est de savoir qui a vendu la mèche du pétard mouillé. En effet, je doute que l’un ou l’autre des deux hommes ait pris le risque de vider son sac sur la table d’un journaleux du canard enchaîné. Alors qui ? Qui a parlé, qui s’est permis de lâcher ce qui s’est dit ? Pire encore, cela pourrait laisser entendre qu’il y a soit des écoutes, soit que le journal a des entrées à un niveau inacceptable de l’état. La sécurité de l’information, la protection des communications, ce ne sont pas des sujets à prendre à la légère, et je suis plus que circonspect concernant la façon dont ont été obtenues ces informations. De toute façon, par devoir de protection des informateurs, jamais le canard ne dire qui a été la source, mais force est de penser que messieurs Longuet et Sarkozy peuvent déjà dresser une liste très restreinte de témoins potentiels, ou du moins initier une enquête interne, aussi discrète qu’expéditive, ou mettre la main sur la taupe...

... Ou alors le canard enchaîné s’est fait rouler, c'est-à-dire que l’information a été vendue comme étant « explosive », alors qu’il s’agissait tout bonnement d’un faux, avec pour but sous-jacent de décrédibiliser le journal. En effet, quoi de plus ridicule qu’une telle situation ? Là, le journalisme s’est vu mis au rencard, remplacé par la chimère séduisante du sensationnalisme de tabloïd. Déjà, question de bon sens, les ouï-dires sont dangereux, car ils sont issus de la parole d’un inconnu, ou d’une personne dont la fiabilité peut être contestée. J’ai dans l’idée que l’orchestration de l’affaire n’est pas impossible, d’autant plus qu’elle apparaît dorénavant comme pathétique, et forcément mauvaise pour les plumes du canard. Pire encore, avec une telle bêtise éditoriale, tout propos à venir, même valides, seront alors taillés en brèche sur le même thème, en rappelant que le canard a (eu égard à ce précédent) la mauvaise habitude de balancer n’importe quoi.

Enfin, quoi qu’il en soit, le canard enchaîné n’en sort pas, à mes yeux, très grandi. Quiconque de bon sens lisant la transcription de la conversation se serait demandé s’il n’y a pas là de l’humour, de la taquinerie, virile certes, mais tout sauf violente... Sauf qu’on se rend compte que tout mot peut alors être détourné, tourné en dérision, ou bien au contraire surmédiatisé et monté en puissance pour rien. Dans quel but ? A mon sens, aucun. Le canard peut bien mieux faire, certaines de ses enquêtes ont démontré une vraie qualité de profession de foi, mais là, cela ne peut qu’écorner cette réputation de compétence. Dommage.

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