23 novembre 2010

Deux Corées

C’est potentiellement reparti : les deux Corées sont en crise grave, et s’apprêtent visiblement à une escalade militaire. C’est la pire crise connue par ces deux nations frères depuis la fin des hostilités, en 1953. Concrètement, la Corée du nord, communiste, et la Corée du sud, « démocratique » se regardent en chiens de faïence, et se surveillent surtout mutuellement, en attendant l’hypothétique attaque du voisin. Qui est le plus belliqueux des deux ? Difficile à dire pour le moment, les faits décrits mettant l’état nord Coréen en cause, mais je me garderais bien d’affirmer quoi que ce soit pour le moment. En effet, il serait que trop confortable de soutenir qu’un pays qui refuse de changer de système soit systématiquement le provocateur ou l’agresseur, d’autant plus que son isolationnisme forcené ne laisse aucun doute sur l’aspect totalitaire du pouvoir. Dans ces conditions, ceux qui affirmeront que la Corée du Nord est responsable des incidents pourront le faire, ceci sans même s’assurer de la véracité des faits. De fait, parlons plutôt de ce que cela peut inspirer comme craintes et inquiétudes sur le devenir de la région.

Rappelons nous d’abord que la Corée du Nord est un des pays les plus fermé du monde. Inaccessible, verrouillé, absent du réseau GSM, du réseau Internet, maître es-censure, ce pays a toutes les pires tares héritées du « communisme » paranoïaque des années 50. Le peu que la foule peut en savoir, c’est qu’il est plus facile d’entrer en zone de guerre en Irak que de passer la frontière nord coréenne. Les journalistes y sont persona non grata, d’autant plus que le formatage intellectuel de la population rend quasi impossible toute enquête ou tout reportage un tant soit peu circonstancié. Rien que pour cet aspect totalement reclus de cette nation, on ne peut que craindre les réactions militaires qui pourraient rapidement devenir extrêmes. Les USA, soutenant le sud d’hier et d’aujourd’hui (militairement hier, lors du conflit de partition du territoire, et allié économique aujourd’hui sur le marché mondial de la haute technologie notamment), pourraient potentiellement provoquer des mesures plus graves que des échanges de coups de feu, ne serait-ce que par leur présence dans la région.

Il est évident que la Corée du Nord n’est pas une menace à prendre à la légère. Le pays s’est doté de l’arme atomique (c’est avéré), et, avec un gouvernement prêt à tout, nul doute que Séoul pourrait rapidement devenir une cible de choix pour une ogive, quant bien même celle-ci serait propulsée par un missile obsolète. L’essentiel n’est hélas pas la précision, mais plutôt la destruction. De ce fait, il faut absolument que le jeu malsain auquel se livre les deux voisins soit mis sous tutelle de l’ONU, mais surtout pas des USA. Il faut que la cohorte des diplomates se mettent rapidement en mouvement, afin d’éviter au maximum l’embrasement de la région. Notez également que la cible première serait la Corée du Sud, mais, surtout à terme le Japon, vu que les îles nipponnes représentent un potentiel industriel et économique non négligeable. D’ailleurs, les deux Corées et le Japon entretiennent depuis bien longtemps des relations plus que tendues, donc il faut absolument qu’un juge de paix prenne immédiatement les mesures adéquates pour éviter une catastrophe telle que l’usage de la bombe !

Là où je suis particulièrement inquiet, c’est du fait que la Chine a réagi. Les escarmouches à la frontière entre les deux Corées sont légion, et tiennent souvent à des provocations sciemment orchestrées de manière à se rappeler « au bon souvenir de celui d’en face ». Là, pour que la Chine hausse le ton et se fasse entendre, c’est que cela va au-delà, et que l’état Chinois s’inquiète également des potentielles retombées tant économiques que politiques d’un second conflit ouvert à ses portes. Le business ne saurait se faire tranquillement, surtout en cette époque d’incertitudes et de problèmes financiers. Difficile d’envisager, en effet, une Corée du Sud réorientant ses investissements globaux vers l’armement, ne serait-ce que parce que le monde est extrêmement tributaire des productions du pays. En cas de guerre, le premier contrecoup serait immédiat : augmentation explosive du coût des hautes technologies (écrans, mémoires, composants…), puis rapidement d’autres domaines que l’industrie lourde (construction de navires à la chaîne, de plateformes de forage offshore), ainsi que dans l’économie régionale (importations et exportations agricoles).

Le seul « gagnant » potentiel de la crise est le pouvoir nord Coréen. De cette manière, il réaffirme son existence au monde, sa dangerosité, mais également sa capacité à potentiellement créer une situation désastreuse en Asie. Personne n’a besoin d’un conflit qui pourrait embraser l’économie et la politique mondiale. Qui soutiendra le nord ? Qui soutiendra le sud ? Chacun serait alors face au dilemme de se demander qui a réellement provoqué l’autre, avec pour finir un constat affligeant : nul gain pour le monde, juste un gain ridicule et juste bon pour la propagande pour une dictature obsolète.
La crise des deux Corées, sur yahoo.fr

Aucun commentaire: