19 décembre 2007

Courage musical ?

J’avoue, je suis fâché avec les ondes depuis des années et ce non seulement pour une pure question de goûts musicaux qui ne sont absolument pas en phase avec le moment, mais avant tout parce que j’ai en horreur la « soupe » qui nous est servie tiède et fade à longueur de journées. J’ai une véritable phobie des radios dites jeunes qui se font un malin plaisir de balancer une espèce de purée inaudible qui hésite entre un rap mou et un acid jazz à vomir, le tout laissant de temps en temps une lucarne pour un standard ou pour une guimauve à la française.

C’est vindicatif comme analyse ? Pour ma part un groupe qui se croit revendicatif en parlant mollement de l’écologie, un autre qui qualifie la France de dépotoir ou un chanteur qui critique le système puis qui file à l’étranger pour y préserver ses revenus, en toute franchise je trouve cela un rien pathétique. Bien sûr, le fond même de ces compositions est d’entrer dans le cadre des diffusions radios et télévisuelles de manière à ne pas choquer la « ménagère de moins de cinquante ans », et ainsi se permettre de dire sans vexer qui que ce soit. Et pourtant, la qualité première de la musique fut avant tout sociale, et l’histoire même est porteuse de chants relatant des évènements, car après tout avant la tradition écrite c’était la tradition orale qui avait le rôle de transmettre aux générations futures l’expérience passée.

Je vois au loin la caricature banlieusarde ornée de son bandana et de ses vêtements de sport parler avec emphase de la douleur de vivre dans le béton, d’être entassé et de craindre d’être agressé à tous les coins de rues. Est-ce de la paranoïa ou des vérités flagrantes ? Entre le discours ultra médiatisés qui n’ont eu pour but que de terrifier l’électeur pour le faire durcir dans ses choix et ses orientations, et l’abus d’images pour favoriser l’image par rapport aux réalités, il y a de quoi douter sur l’exactitude des faits relatés. En tout état de cause, ce n’est pas d’hier qu’il y a de quoi s’exprimer sur la gestion tant sociale que morale des banlieues, tout comme il y a toujours de quoi dire sur le terrain de la politique mondiale. Pourtant, il s’avère qu’on préfère aujourd’hui vendre des disques d’une chanteuse aphone mais propre sur elle que des albums de chanteuses dont les textes sont plus proches du quotidien.

L’american way of life est un modèle aujourd’hui éculé sur lequel plus personne ne se base vraiment pour se faire une éthique de vie. Paradoxalement, ceux qui renient la société à l’américaine sont les premiers à y trouver et y piocher des préceptes comme les bonnes mœurs, l’exploitation de l’image de soi, ainsi qu’une revendication de la réussite sociale. C’est à se demander si cette idéologie ne s’est pas simplement déplacée de continent tant nous sommes tous tributaires de ces clichés : ne pas dire trop haut ce qu’on pense pour ne pas choquer, ne pas être trop engagé de crainte d’être dans l’erreur, tout est nivelé au point même qu’on accepte de faire de la musique un fatras de niaiseries tout justes bonnes à être classées verticalement.

Ce qui me déçoit le plus c’est que malgré les textes prémonitoires de bien des artistes, les chants volontaires appelant à l’union des pensées positives, on ne trouve plus guère ces opinions que dans les bacs « vieilleries » rarement abordés par les jeunes. Qu’il m’est pénible de passer pour un « vieux con » quand je dis que j’écoute aussi bien du jazz que Bérurier noir ! Qu’il m’est agaçant de pouvoir réécouter la justesse des paroles de morceaux composés il y a plus de deux décennies ! En tout état de cause je mets en bas de ce texte quelques extraits vidéos qui sont « datés » esthétiquement, mais sûrement pas d’un point de vue contenu. Une fois de plus on va me reprocher de mettre en avant qu’un style brutal de musique, du rock « punk » bourrin qui est fait pour assourdir l’auditoire. Ah, parce que Brel ce n’était pas des textes puissants et porteurs de messages ? Je pense qu’il y a de quoi faire, et qu’il nous manque de vrais talents, et surtout d’un vrai courage pour oser balancer des vérités, et ce pas nécessairement armé d’une guitare électrique…

Bonne audition des morceaux suivants : (avec une petite dédicace pour les Wriggles qui représentent à mes yeux un espoir dans ce monde de platitude...)



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