20 décembre 2007

C’est marrant, ce manège sous ma fenêtre.

Depuis quelques jours mes collègues et moi observons un manège plutôt étrange sous nos fenêtres, la mienne devenant de par son orientation une lucarne idéale sur l’univers du dehors et surtout sur le parvis qui devance un de ces immeubles anonymes de bureaux. En effet, chaque jour offre une vision parfaite et nouvelle sur une de ces portes de secours qui se terrent au pied des bâtisses par lesquelles passent les fournisseurs, les préposés à l’entretien des machines à café ou les maîtresses des hauts dirigeants. Pourquoi nouvelle ? C’est là tout le fond de l’histoire…

Premier matin, rien de bien choquant, si ce n’est plusieurs véhicules de pompier garés en contrebas, avec à la clé un défilé d’entrants et de sortants assez surprenant. Pas d’alarme, pas d’évacuation tapageuse qui aurait pu être le signe d’un incendie, et encore moins de brancard justifiant de telles manœuvres. Quoi qu’il en soit, après avoir vainement espéré identifier le pourquoi de cette agitation, voilà que les véhicules repartent sans sirènes ni deux-tons hurlant à tout va, juste la débandade classique qu’on pourrait supposée par une erreur ou une fausse alerte. Comme tout bureau de fainéants, pardon techniciens qui se respecte nous nous sommes empressés de théoriser sur la question, certains avançant un entraînement, d’autres une formation quelconque, et pour les cyniques (moi en l’occurrence) une tentative de suicide par défenestration s’étant finie sur une négociation rondement menée. A tout choisir, je crois que la dernière hypothèse apparaissait comme la plus héroïque, mais sans le pragmatisme des autres solutions…

Et bien ! Si ce n’était cette première journée ce fait serait resté anodin… jusqu’au lendemain : là, les camions rouges cédèrent leurs places aux camionnettes blanches fardées du mot police en lettres capitales. Tiens ! Etonnant ce regroupement d’agents, entrant et sortant les bras chargés de cartons, le tout régi comme un ballet par des gens en costume fort bien taillés d’ailleurs. « Une saisie ! y z’ont été pris en flag’ de fraude ! »… « Mais non, c’est pire, y aident la police pour une enquête ! » Et que ça spécule… et pourquoi pas une enquête sur non pas une tentative de suicide mais finalement une tentative de meurtre ? Ah bon, là effectivement on passe de l’échelon faits divers au grade peu envié de fait de société. Ca en jetterait comme une d’un journal peu avare en formules à la c.. : « Quartier des affaires : un PDG tente de pousser son adjoint par la fenêtre en lui hurlant que son café était dégueulasse ». Well… Bon ok ça craint…

Quid d’une suite ? Et non ! Il y a bien entendu une suite et pas un épilogue : petit matin frileux, givre tendu sur les vitres, voilà qu’un homme et son assesseur (ou âme damnée vu la manière dont le second suivait le premier) qui entrent encore une fois par cette satanée porte, armés de sacoches de cuir et d’un regard suspicieux comme seuls les films d’espionnage ou de gangsters savent nous montrer. Des fournisseurs inquiets pour une éventuelle amende ? Les voilà disparaissant dans la masse noire de l’immeuble, puis revenant quelques minutes plus tard suivis d’autres hommes poussant des chariots remplis de boîtes à dossiers et de liasses de documents. Coffre du monospace ouvert, les cartons s’empilent les uns après les autres, le tout dans un cérémonial de signatures attestant la bonne prise en charge des papiers.
Et c’est reparti sur les délires : « Un client qui est furieux et qui réclame la documentation de ses projets ! », « Un huissier venant se charger de la saisie des dits documents ! » ou encore le lyrique « Vous ne pigez rien, c’est la compta de la boîte qu’ils embarquent pour inculper le PDG », et moi d’ajouter « Oui, le PDG qui a tenté de balancer par la fenêtre son larbin ». Les regards des autres furent peu accueillants pour ma suggestion j’avoue…

Finalement, quelle importance ? Aujourd’hui il ne s’est rien passé de plus que d’habitude, les gens entrèrent et sortirent par les portes classiques de cette division de la société IBM… mais oui ! Tout s’explique ! Ils surveillent l’activité des extra terrestres en France et ces antennes sur le toit du bâtiment servent à communiquer leurs données à Echelon aux USA. D’ailleurs, on est même convaincus que la DST et la DGSE collaborent et que les pompiers sont venus faire la levée discrète du corps d’un non humain…

BURP… va falloir que j’arrête les X-Files et de manger trop de chips au paprika, ça me fait avoir des hallucinations, à moins que ce soit … d’accord, d’accord, j’arrête de délirer !

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