04 octobre 2007

Monstruosité ordinaire

Les gens sont-ils si friands de sang et de tripes pour devoir les gaver à longueur de journées d’images dignes des plus grands carnages imaginables ? Entre les armes à feu montrés avec complaisance et la banalisation de la violence mondiale, il y a de quoi supposer que nous ne sommes rien de plus que des carnassiers qui s’emprisonnent dans des vêtements et de la morale à prix coûtant, juste histoire de ne pas laisser sortir trop bruyamment notre vraie nature. Le prix des médias est notre pollution permanente non par des faits mais par une publicité d’un mode de vie haineux et individualiste.

L’exemple Américain, qu’est-ce qu’on peut en manger de cette satanée soupe morale et économique où il faut s’enrichir vite ou crever en silence ! Les séries, les films, la musique, tout est bon pour nous rappeler que d’une côté les USA ont une insolente réussite économique (à nos dépends !) et une infâme situation sociale indigne d’un pays aussi riche. Les paradoxes sont mis en avant et servent d’inspiration, avec tout ce que ça représente de dangereux. Peut-on légitimement comparer une nation qui ignore tout des droits de l’homme avec un état de droit comme la France ? Car oui j’affirme que laisser mourir de faim son propre peuple, pratiquer la ségrégation, l’isolationnisme et d’imposer ses vues par la force sont les mamelles nourricières d’une dictature et non d’une démocratie. On me trouvera rude sur ce jugement, on me dira que la libre entreprise leur offre une liberté inconnue ailleurs, et moi je réponds immédiatement : est-ce une liberté de tout perdre parce que des financiers ont joués avec votre retraite ou vos capitaux patiemment économisés sur votre salaire ? Est-ce juste qu’un retraité soit obligé de reprendre une activité salariée parce qu’EMRON s’est effondré ?
Ce pays est la caricature du capitalisme élevé en institution, et ce pardessus les têtes pensantes de l’état. A la grande époque de la domination de Rockefeller qui était en son temps l’homme le plus riche du monde, les gens déclaraient que pour lui la présidence des Etats-Unis aurait été un pis-aller et non une fonction intéressante. Tout est dit…

Revenons-en à la violence. Les USA autorisent et incitent même à s’armer, c’est un fait avéré et sans cesse exposé dans les médias. Personnellement je ne vois en quoi je serais plus « homme » armé d’un pistolet que sans, à moins que ce soit un palliatif à un manque organique quelconque… Enfin bref, depuis des années on a lancé la mode des musiciens gangsters (trouvant le moyen de s’entretuer à cause de la musique … pathétique 2Pac !) , ce qui a engendré une mode malsaine où les jeunes Français, eux aussi, veulent avoir une arme. Merci mais ce genre de modèle je m’en passerais bien, merci à vous les grands groupes de médias, vous nous offrez chaque jour un cliché ne faisant que nous faire empirer et non nous inspirer. A ça les Anglais ont répondus par la paranoïa en plaçant des milliers de caméras partout sur le territoire. Le concept de « Big Brother » est donc devenu une façon de se protéger contre les monstres que nous-mêmes nous avons créés. Après le pathétique on passe donc à l’abominable, en ce sens que de simplement effrayés nous sommes maintenant suspicieux envers notre voisin. La simple idée qu’on puisse me surveiller ainsi me rend littéralement malade !

La violence ordinaire est aussi dans l’information. On fait non plus un travail d’investigation qu’on laisse à la presse écrite qui est en pleine perte de vitesse, on fait le métier de voyeur. Qui comprend les enjeux de la crise Birmane ? Qui sait expliquer clairement le pourquoi d’un tel désastre ? Quasiment personne n’est aujourd’hui foutu de situer la Birmanie sur une carte, alors en décrire la crise je n’ose même pas demander. Nous ne sommes plus informés, nous sommes gavés par des évènements qu’on n’explique que très mal (voire pas du tout), on ne se prive pas de placer des vidéos sanguinolentes et bien vomitives aux heures de grande écoute, mais en revanche recentrer le débat sur le fond ça pas question.
J’aime bien un principe simple pour expliquer ce qui se passe et pourquoi ça arrive : prenons une vidéo quelconque, ôtons le commentaire exact pour le remplacer par une mauvaise mais crédible explication simpliste.
Version réelle :
- Les hommes du GIGN donnent l’assaut pour libérer des otages d’un avion d’Air France sur le tarmac de l’aéroport de Marseille. Les terroristes sont tués et les otages libérés sans dommage. Le président se félicite de l’efficacité de l’équipe d’intervention.
Version revue et corrigée :
- Un groupe de terroristes déguisés en agent de la sécurité ont attaqués un avion de ligne d’Air France. En quelques secondes ils ont massacrés une dizaine d’otages en utilisant des grenades et des armes de poings. Actuellement le président tente une négociation qui s’annonce ardue.

Même vidéo, commentaires différents. Violence ou information ? Tout tient au contenu de la description et bien souvent l’on se contente du minimum de sorte à ce qu’on n’aille surtout pas mettre en doute nos chers enquêteurs. Ce serait donc pêcher par excès de zèle de dire la vérité et nous éviter des boucheries inutiles. ? En quoi serons-nous plus marqués par la vidéo d’une exécution que par l’explication pure et simple du « exécution barbare » ? J’éprouve du dégoût pour ces méthodes de lessiviers et non de journalistes compétents, ils n’apportent rien de plus qu’un éclairage lamentable sur leurs méconnaissances profondes des dossiers.

Pour mémoire… en plus de cinq ans de guerre civile, ces imbéciles n’ont jamais trouvé le temps de prendre le moindre renseignement sur la prononciation même phonétique des noms de villes, villages et personnages clés de la guerre civile en Ex Yougoslavie. C’est suffisamment flagrant pour douter définitivement de leurs compétences…

Aucun commentaire: