03 janvier 2013

La chenille qui redémarre

Ah, les frasques des politiques après le réveillon! Non contents de se contenter de faire de la représentation sur le terrain (comprendre par là être filmés dans des endroits stratégiques comme les urgences d'un hôpital par exemple), tous se font un malin plaisir de se pourrir mutuellement par médias interposés. Et que je te taille un costard pour des vœux "mal formulés", que je t'insulte les "riches qui gémissent", et ainsi de suite. Dites, des comiques volontaires, ou de vous les politiciens, qui sont les plus drôles? J'ai déjà fait mon choix, d'autant que vous semblez tous avoir un talent inné pour le ridicule sans en avoir vraiment l'air.

Après des semaines de batailles dans l'UMP, de piques stupides envers un gouvernement obligatoirement dépassé par les évènements (puisque n'importe quel gouvernement le serait de toute façon), on a à présent le droit à un show de celui qui "sera le plus vu, lu et entendu dans les médias". Ridicule, pathétique, à croire que la course à l'audimat est plus importante que le marathon que la gestion d'une nation représente. C'est d'autant plus risible que cela devient agaçant quand on songe que ces batailles verbales sont menées à nos frais, et qu'on nous bassine littéralement avec ça... Au lieu de se préoccuper des vrais problèmes qu'on se fait un malin plaisir de pousser sous le tapis. Je vous le dis, nos politiques sont dignes des plus mauvais personnels de ménage dans les hôtels les plus miteux du monde. Laver les carreaux? Surtout pas, il est plus efficace de laisser la grisaille envahir la vitre, de sorte à ce que les clients finissent par se faire à cette couleur sinistre... De la vitre sale comme de notre quotidien il en va de même: "Laissons les gens se morfondre dans le pessimisme, d'ici quelques mois ils prendront cela pour une situation normale".

En parlant de "normalité", je ris toujours autant de celles et ceux qui pensaient que changer de tête changerait quoi que ce soit. Non qu'il n'y ait pas de volonté de changement, mais simplement de comprendre qu'un chef peut changer, mais pas toute la hiérarchie qu'il a sous lui. Ainsi, un système ne change que lentement, car il n'est pas fait que de gros rouages en haut, mais avant tout de tous petits mécanismes complexes, parfois grippés, mais somme toute si délicats que nul n'osera jamais s'aventurer à les modifier. De ce fait, écouter les mécontents du non changement me semble aussi amusant qu'il me sied de me moquer de celles et ceux qui font l'éloge de ce changement. Les uns comme les autres se trompent de débat, de cause et de temps. De débat parce qu'il faut le temps aux choses pour changer (d'autant plus quand on est tributaires de décisions internationales sur lesquelles on n'a pas la moindre influence), de cause parce que la seule cause valide c'est la nation et non la couleur politique, et de temps parce qu'il n'y a de bon temps pour la critique que pour ceux qui refusent l'autocritique.

Cette dernière phrase vous semble obscure? Pourtant, elle devrait être à l'esprit de tout chroniqueur, et encore plus de tout politicien digne de son rang. Reprenons la je vous prie:

Il n'y a de bon temps pour la critique que pour ceux qui refusent l'autocritique.

Celui ou celle qui critique sans offrir la moindre solution se révèle généralement incapable de se critiquer lui-même, d'une parce que se moquer d'autrui est plus simple que de se moquer de soi, et de deux parce que l'argumentaire du "Je sais mieux que l'autre" tient dans l'unique fait qu'on se croit toujours suffisamment intelligent, puisque c'est avec cette même intelligence qu'on se juge (Merci Descartes). Ce seul constat devrait déjà notablement calmer les critiques faciles, pour peu qu'elles tiennent compte de ces deux remarques.
Ensuite, la critique est généralement trop rapide, peu circonstanciée, et surtout étayée par trop peu pour être utile. Le réflexe naturel est visiblement de "critiquer avant de réussir", parce qu'il est bien moins risqué de dire qu'il y a une erreur en vue, que de s'assurer que le risque pris pourrait apporter plus de bénéfices que de déficit. Cependant, on se contentera du "C'est de la merde" si cher à J.P Coffe, car finalement, dire que c'est de la merde, ça marche avec tout, ça n'engage à rien, et au pire personne n'en tiendra compte. Et puis, ajoutez finalement que, en politique, faute de solution universelle, tout critique pourra placer son "Je vous avais prévenus" aussi rassurant et auto satisfait que possible.
Je pense qu'il est toujours temps d'offrir non pas une critique, mais une réflexion, ceci par la suggestion, par des idées, et non par de la bêtise par palettes entières. Le nouvel an est le prétexte aux bilans, qu'ils soient politiques ou comptables. Alors, quel bilan? Une note économique abaissée? Un changement de gouvernement menant à de nouvelles taxes? Une crise qui est bien ancrée dans l'économie mondiale? Des duels de petites phrases pathétiques? Des scandales comme on en fait chaque année? Allons... Au lieu de vous lancer dans des vociférations dramatiques, veuillez avoir l'obligeance d'être constructifs, et non pas uniquement démonstratifs. Comme l'a dit un autre grand penseur (oui je suis en verve et en joie de balancer de la citation pédante) "La culture, c'est comme les parachutes. Quand on n'en a pas, on s'écrase" (Oui, du Desproges, et je vous emmerde!). Résultat des courses, je vais juste remplacer le mot "culture" par "solution", ou encore "idées".
Notez enfin qu'avoir des idées ne veut pas dire avoir des solutions. C'est en cela que la politique se permet d'exister, car faute de solutions, on proposera toujours des idées. C'est le rôle même de la langue de bois, nous vendre de belles idées sur le papier, d'autant plus belles qu'elles se révèlent inapplicables. Les communistes étoilés doivent comprendre de quoi je parle...

Après cette longue digression, j'en reviens à ce nouvel an. On n'a pas vu le monde disparaître (ou alors les quantas jouent contre nous), on n'a pas vu de changement majeur dans les dictatures, et on n'a pas encore sorti la tête de la fange concernant notre propre incurie. En bref, tout va bien, notre classe politique n'a aucun droit de critiquer nos voisins, pas plus qu'ils n'ont le droit de se croire tenus de faire des "petites phrases". Quand je vois ce cirque, je me dis finalement qu'ils sont comme une grosse bande de beaufs, enivrés et fiers d'être ridicules, qui, en braillant de manière désordonnée "C'est la chenille qui redémarre", repartent en se suivant dans la rue, pour le plus grand déplaisir des voisins et des clébards se mettant à ululer de douleur à leur audition.

Pitié... qu'ils se taisent!

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