08 décembre 2011

Ode aux harpies

Je doute qu’on puisse me faire passer pour un sectaire, d’autant plus que j’ai la fâcheuse tendance à rejeter tout système ayant pour but de me faire entrer dans un moule bien précis. Déjà, pour commencer, ma couenne n’aime pas prendre des formes qu’elle ne connaît pas, et j’ajoute également que, intellectuellement, il m’est strictement impossible d’avaler goulûment des thèses que je n’ai pas mises en doute au moins un millier de fois. Alors, évidemment, on peut retrouver des relents divers et variés dans mes textes : certains parleront de fascisme à peine déguisé, de misanthropie latente, ou encore de quelques soupçons d’admiration immodérée pour des dictateurs. Qu’il en soit ainsi ! Je ne suis pas là pour faire plaisir, je suis sur cette page pour ME faire plaisir. Aux esprits chagrins donc, je dis un grand MERDE.

Maintenant, concentrons-nous sur un sujet qui me fait à la fois sourire et bondir de colère. Je sais qu’il est difficile d’imaginer le balourd que je suis, bondissant et vociférant, tout en arborant un sourire de jeune premier mis à l’affiche d’une marque obscure de dentifrice. C’est bel et bien le cas pourtant. J’avais mis en accusation tous les sectarismes, toutes les dérives autoritaires qui plombent littéralement les sociétés se laissant happer par le démon de la dictature, et, il me semble, que je n’avais exclu aucun profil moral ou culturel à mes critiques. Cependant, jusqu’à il y a encore quelques jours, on mettait clairement le doigt sur le radicalisme religieux de nombre de groupes islamistes, sans même se rendre compte que le monstre du fascisme peut revêtir autant la tenue du musulman fanatisé, que celle du catholique embrigadé dans des idéaux sectaires. Nul n’est à l’abri de la folie du contrôle absolu, nul n’est à l’abri d’instrumentaliser des supposées insultes, d’autant plus qu’elles sont parfois plus risibles qu’elles sont nocives.

On peut évidemment admettre d’être offusqué par certains propos, par certaines déformations et autres raccourcis qui ont souvent cours dans les médias. A force de terrifier le monde avec le terrorisme de barbus atteints de nombreuses pathologies psychiatriques, difficile de ne pas craindre l’islam en bloc. Que voulez-vous : celui qui aura été mordu par un dogue allemand aura probablement peur du caniche nain… Mais pour autant, est-ce une réaction acceptable ? Jusqu’à preuve du contraire, la culture et l’intelligence, ce sont les deux vecteurs du progrès. La peur, la terrible peur de l’inconnu ou de la différence, c’est le plus puissant des moteurs contre l’humanité elle-même. Je crois qu’il faut savoir progresser, apprendre, savoir, enseigner, découvrir pour que nous ne soyons de simples rétrogrades nostalgiques cambrés sur des opinions surannées. Mais hélas, trois fois hélas, même les plus « modérés » semblent encore décidés à relever le défi de la plus grosse bêtise morale.

Tenez, un article apparemment anodin a attiré mon attention. Cela parle d’une pièce de théâtre qui, visiblement, fait polémique chez les Catholiques. Je vous passe les détails sur le contenu de la dite pièce, tout comme je ne commenterai pas sa qualité. Je n’ai pas eu le loisir de la voir, et donc d’en tirer quoi que ce soit de tangible d’un point de vue qualitatif (bien que l’auteur de l’information soit, en revanche, bel et bien emballé par la pièce). Non, ce qui m’a interpelé c’est surtout que la pièce est jouée dans un lieu hyper sécurisé, et que des extrémistes catholiques semblent décidés à en saboter la diffusion. De là à pousser le spectacle derrière des CRS pour préserver les acteurs, il n’y a qu’un pas tout de même très gênant, non ? Je ne comprends vraiment pas : pourquoi tenter de démanteler quoi que ce soit concernant la foi ? La foi, c’est quelque chose de totalement personnel, qui se doit de rester pour soi et chez soi, et non sur la place publique. Qu’on mette en cause les institutions, qu’on les critique, cela a un aspect totalement sain, car cela pousse la dite institution à progresser et évoluer. En revanche, menacer, voire saboter ou tuer au nom de la foi, c’est une démonstration claire et sans équivoque tant de bêtise, que de passéisme nauséabond.

Le mot inquiétude est sur toutes les lèvres. La peur est le maître mot, tant en société qu’en économie. Après tout, à force de parler de crise, de chômage, celle-ci est bel et bien arrivée, avec son lot de malheurs et de drames. Pourtant, n’est-ce pas là le meilleur moment pour se donner le droit de réfléchir, de revoir le fonctionnement de notre société, et, grâce à cette analyse, tout faire pour rebâtir un monde plus sain, ou tout du moins légèrement moins nauséabond ? Visiblement, non. On préfère inquiéter, accuser tout le monde d’être blasphématoire, de faire de chaque spectateur de la pièce un accusé potentiel d’une inquisition quelconque. Torquemada est mort depuis très longtemps, laissons son spectre dans sa boîte, et contentons nous de voir les œuvres comme ce qu’elles sont, à savoir le reflet d’une opinion, d’une idée, prêtant le flanc à la critique, mais ne méritant pas pour autant d’être menacées par le moindre fondamentaliste en manque de reconnaissance, ou bien trop obnubilé par son désir d’évangéliser les autres pour admettre que la différence d’opinion fait, façonne le monde tel que nous le connaissons. Fut un temps, nous forcions les tribus indigènes à se plier devant la croix. Les Japonais forcèrent les catholiques à piétiner les symboles de leur foi sous peine d’exécution sommaire… Faut-il en revenir à de telles méthodes pour comprendre que la liberté d’expression ne se solde pas ?

Je vous laisse un peu de lecture…
Rodrigo Garcia et sa pièce polémique, sur lemonde.fr
Tomás de Torquemada sur wikipedia.org

1 commentaire:

Thoraval a dit…

Je me dis souvent en observant mes congénères bipédiens: "Foutredieu! Qu'il doit être terrible de toujours vivre dans la peur...".
Que le quidam cesse de vivre lâchement au quotidien, et les extrêmes retournement dans leurs clapier.